Les candidats des principaux partis provinciaux ont défendu leurs positions sur cinq enjeux en vue des élections du 3 octobre, lors d’un débat organisé par la Chambre de commerce de la Pointe-de-l’île (CCPDI), le 8 septembre.
Les candidats Yves Beaulieu (Parti conservateur du Québec), Jocelyn Desjardins (Parti Québécois), Byanca Jeune (Parti libéral du Québec), Chantal Rouleau (Coalition avenir Québec) et Simon Tremblay-Pepin (Québec solidaire) ont présenté leurs positions sur la santé, l’économie locale, l’environnement, le transport, de même que la jeunesse, l’éducation et la famille.
Santé
Soulignant qu’elle souhaite voir le secteur public de la santé devenir plus performant, entre autres en effectuant un «blitz de chirurgies», l’infirmière Byanca Jeune a indiqué que le PLQ va s’attaquer à la pénurie de main-d’œuvre et offrir de meilleures conditions de travail, notamment en abolissant le temps supplémentaire obligatoire (TSO). Elle a aussi insisté sur l’importance d’offrir un médecin de famille à chaque citoyen.
Chantal Rouleau a affirmé que la CAQ augmenterait les investissements pour les soins à domicile et que chaque citoyen aura accès à un spécialiste de la santé. La députée sortante a évoqué la « réfection majeure de l’hôpital Maisonneuve-Rosemont », qui sera doté de 720 lits.
Jocelyn Desjardins a répondu à cela que son parti souhaite financer ces travaux, alors que ça «fait longtemps que ça traîne», rappelant qu’il y a un an, la CAQ autorisait un budget de 2,5 G$ pour le projet. Selon les nouvelles analyses de la Société québécoise des infrastructures, le coût du projet serait désormais évalué à 4,2 G$.
Le candidat péquiste a ajouté que son parti investira dans les soins à domicile et créera un protecteur des aînés, en plus d’augmenter leurs revenus. L’indépendance, qu’il souhaite voir se concrétiser, permettrait au Québec de récupérer «des milliards de dollars» à Ottawa, a-t-il aussi soutenu.
Simon Tremblay-Pépin a proposé d’améliorer les conditions de travail des travailleuses de la santé, et de faire des CLSC un lieu d’entrée dans le système de santé qui soit fonctionnel. Répondant à une question citoyenne, il a également plaidé pour que les agences privées d’infirmières soient complètement intégrées dans le secteur public.
Yves Beaulieu a plaidé pour unir «le public avec le privé », prônant des pratiques mixtes. Il veut aussi enlever le temps d’attente et certifier les compétences des immigrants dans le milieu de la santé, en plus d’augmenter le nombre d’étudiants.
Économie locale
Chantal Rouleau a plaidé pour la mise en œuvre de la Déclaration pour revitaliser l’est de Montréal signée en 2018, notamment en décontaminant les sols et en attirant des travailleurs dans l’Est avec un REM. Elle croit que des mesures telles les baisses d’impôt aideront à préserver le pouvoir d’achat et encourager l’économie locale. «Il faut aussi encourager le développement immobilier et commercial dans les secteurs, pour ne pas nommer celui du Vieux-Pointe-aux-Trembles.»
Jocelyn Desjardins indique que son parti souhaite offrir un salaire minimum à 18$/heure. Le candidat du PQ souhaite appuyer les projets des zones d’innovation, notamment dans l’est de Montréal, et aussi avoir un transport public lourd, car la «mobilité égale plus d’économie».
Pour Simon Tremblay-Pepin, il faut transformer le tissu industriel de l’est de Montréal, permettant de faire une transition énergétique. «On pourrait avoir de secteurs de transformation, éolienne, solaire, qui tournent autour de l’énergie électrique».
Yves Beaulieu a plaidé pour une baisse d’impôt, souligné l’importance de «redonner l’argent au peuple», ce que son parti ferait aussi en suspendant la TVQ sur l’essence. Il souhaite que soient créées de nouvelles entreprises sur le territoire, «avec de bons salaires» et écoresponsables.
Byanca Jeune souhaite donner un moyen aux PME d’accroître leur richesse en diminuant les impôts, travailler en collaboration avec la CCPDI et offrir des bourses aux jeunes pour les encourager à rester à Pointe-aux-Trembles.
Environnement
L’affinerie CCR, située à Montréal-Est, a notamment été abordée lors du débat environnement. L’entreprise appartient à Glencore, également propriétaire de la fonderie Horne, à Rouyn-Noranda, qui a fait les manchettes pour ses émissions élevées d’arsenic.
S’il demande des règlements plus sévères en la matière, et plus de la transparence sur ce sujet, afin que l’on puisse savoir en temps réel les impacts sur l’environnement des émissions, Jocelyn Desjardins a toutefois soulevé l’importance de cette industrie, le cuivre étant notamment nécessaire pour permettre l’électrification des transports.
Simon Tremblay-Pepin, qui a souligné lors du débat l’importance de défis climatiques, a pour sa part indiqué que CCR «dépasse souvent la norme» en termes de niveaux d’arsenic. Il demande que l’information à cet effet soit rendue «publique et en continu» et réclame «une action concertée» au chapitre de la qualité de l’air.
Chantal Rouleau a tenu à préciser que les analyses récentes de la Direction régionale de santé publique (DRSP) démontrent que les taux d’arsenic sont en baisse depuis 2018, et que la moyenne d’arsenic pour CCR n’est pas une situation «de danger». «C’est une situation qu’il faut continuer à contrôler», a-t-elle affirmé. Les émissions annuelles moyennes de 2020 et 2021 pour la station sur le terrain de Chimie Parachem dépassaient cependant encore la norme, selon la DRSP.
Mme Rouleau a également soutenu qu’un REM permettra d’économiser des «centaines de milliers de tonnes de GES», et a mentionné le Fonds bleu annoncé par la CAQ pour protéger les plans d’eau du Québec.
Du côté du PCQ, Yves Beaulieu croit «qu’il est possible de continuer à faire croître l’économie tout en respectant l’environnement, notamment par l’innovation». Il a indiqué qu’il faut encourager l’exploration et l’exploitation des ressources naturelles tel le gaz naturel de schiste, mais aussi restaurer les sites après utilisation.
Byanca Jeune a indiqué que beaucoup de terrains contaminés nécessitent un investissement majeur, et que les jeunes veulent plus d‘espaces verts, de pistes cyclables et parcs. Elle souhaite également amener les entreprises à faire une transition verte.
Transport
Simon Tremblay-Pepin a rappelé la proposition de QS d’allonger la ligne verte du métro jusqu’à George-V, et qu’un tramway desserve l’est, un système qui permettrait de réduire l’usage de l’auto solo. Selon lui, un REM est « sympathique », mais ne permettrait pas de se déplacer rapidement dans l’Est.
Yves Beaulieu a pour sa part déploré qu’on parle de « milliards d’investissements » dans des projets de transport alors qu’il y aurait d’autres solutions moins coûteuses pour les «payeurs de taxes», comme les autobus électriques allant jusqu’au métro, et plus de stationnements incitatifs.
Byanca Jeune croit que le transport est un «enjeu majeur», tant à l’extérieur qu’à l’intérieur de la circonscription. Elle a proposé un combo de modes de transports, tels le vélo, le métro, le métrobus et l’autobus.
Chantal Rouleau, ministre sortante déléguée aux Transports, a souligné le succès du projet de réseau de navettes fluviales, «un fleuron des projets de mobilité collective»; son rôle dans le prolongement de la ligne bleue, un projet «qui est en marche» pour 2029; et le REM, ce projet «automatisé, aérien […] structurant» pour désenclaver l’est.
Jocelyn Desjardins a affirmé que son parti souhaite un plan qui respecte ce que veulent la Ville de Montréal et sa population. «Notre position c’est: pas de REM aérien. » Le PQ propose aussi une passe climat qui revient à l’équivalent de 1$ par jour pour tous les réseaux de transport en commun du Québec.
Jeunesse, éducation, famille
Le PCQ veut donner 200$ par semaine, par enfant, «pour que les parents choisissent leur garderie», publique ou privée. Le parti souhaite maintenir le programme d’allocation familiale et le bonifier en fonction du coût de la vie, en plus d’offrir un crédit supplémentaire aux familles qui donnent naissance ou adoptent plusieurs enfants.
Byanca Jeune demande une heure d’exercice par semaine pour les jeunes et souhaite doubler les crédits d’impôt pour les activités artistiques et culturelles, jusqu’à concurrence de 1000$ par mois. Le PLQ propose une baisse d’impôts et de transformer les places de garderie non subventionnées en places subventionnées.
«On va continuer à investir dans nos écoles», a quant à elle indiqué Chantal Rouleau. Si elle est réélue, elle s’engage à créer une Auberge du cœur pour les jeunes de Pointe-aux-Trembles. Elle veut aussi offrir une heure de parascolaire gratuite par jour aux jeunes. Et d’ici cinq ans, son parti souhaite convertir toutes les garderies privées en garderies publiques.
Soutenant que «le Parti québécois est le parti des familles», Jocelyn Desjardins a affirmé que les professions des services de garde doivent être valorisées. «Nous devons créer une rétention de ces spécialistes», et surtout, créer de meilleures conditions de travail. «Au PQ, on veut un réseau qui maintient une pérennité», et que chaque enfant ait une place en CPE.
Simon Tremblay-Pepin a déploré que le service d’éducation public s’éloigne de la gratuité d’année en année. Il souhaite aussi donner un «congé de taxe» sur certains produits, taxe qui pourrait être remise en place advenant une baisse de l’inflation. Il souhaite aussi embaucher plus de travailleurs sociaux pour aider les personnes en crise, et libérer les policiers pour faire leur travail, afin que Montréal reste une ville sécuritaire.