Ce sont plus de 32 000 plaintes contre le bruit des avions au-dessus de Montréal qui sont arrivées dans la boite courriel d’Aéroport de Montréal en 2019. Ces requêtes émanent de plus de 500 utilisateurs de l’application Aeroplainte qui permet de formuler une requête en appuyant trois fois sur un bouton sur son téléphone intelligent.
Du nombre total de plaintes, Bill Mavridis, le concepteur de l’application, a réduit le nombre à 5604 pour les vols entre 11h du soir et 7h le lendemain en comptant une seule plainte par personne par jour. Ce chiffre tombe 6059 pour les plaintes sur 24h.
«Cela représente une augmentation de 287 % par rapport à 2018 et une augmentation de 1028 % par rapport à 2017», note M. Mavridis. En 2017, Aéroport de Montréal (ADM) avait donné le chiffre de 537 plaintes. En 2018, le chiffre est passé à 1562.
M. Mavridis a affiné ses calculs en réponse à la critique qui lui a été formulée en 2019 par Aéroports de Montréal (ADM) indiquant que ses modes de calculs ne sont pas les mêmes que ceux de l’entité aéroportuaire. «On m’avait dit que je devais comparer des oranges avec des oranges. C’est ce que j’ai fait.»
Toutefois, les choses changeront cette année. ADM convient que les statistiques de 2019 regrouperont l’ensemble des plaintes reçues. Elles seront publiées à la fin du mois de janvier.
«La façon de comptabiliser les plaintes a changé depuis la dernière année. En 2018, ADM comptabilisait une plainte par citoyen, par cycle de 24h. Pour 2019, ADM présentera le nombre total de plaintes reçues», indique par courriel Anne-Sophie Hamel, directrice des affaires corporatives et relations médias chez ADM.
L’organisme admet que le chiffre sera «sans aucun doute plus élevé, mais difficilement comparable.» L’institution aéroportuaire refuse de confirmer les chiffres avancés par M. Mavridis, car «n’ayant ni accès à la méthodologie complète ni à la base de données.»
Pour comptabiliser les plaintes, ADM utilise son propre système WebTrak. «En plus de changer sa méthodologie, ADM a, au cours de la dernière année, promu et facilité le processus de dépôt de plaintes, avec la mise en service de WebTrak et un formulaire en ligne modifié, maintenant accessible sur cellulaire.»
Problème étendu
Outre les chiffres, les données recueillies grâce à l’application de M. Mavridis relèvent que le bruit des avions touche une grande partie des résidents de Montréal.
Selon la répartition des plaintes par code postal, un total de 1 594 171 résidents de la Communauté métropolitaine de Montréal pourraient être touchés par le bruit des aéronefs. Bill Mavridis, concepteur d’Aeroplainte.
Les plaintes sont concentrées au-dessus de Villeray, d’Ahuntsic-Cartierville et de Saint-Laurent. Dans le même temps, elles sont moins nombreuses à l’ouest de l’île. Cette observation ouvrirait selon lui une piste de solution.
En utilisant une antenne ADS-B (système de collecte des données de vols des avions), il a pu établir que le bruit est enregistré surtout au décollage.
Les avions effectuent un virage à moins de 5000 pieds d’altitude demandant plus de puissance aux moteurs alors qu’ils sont au-dessus des quartiers résidentiels.
«Il n’y a aucune raison pour que ces avions tournent à cet endroit, ils pourraient le faire plus loin. Ils monteraient rapidement en ligne droite et feraient moins de bruit au-dessus de la ville.»
Pour ADM, les solutions s’inscrivent dans le long terme notamment grâce à un plan d’action destiné à optimiser la gestion du climat sonore. «Les meilleures pratiques de 30 aéroports internationaux ont été analysées afin de définir ce plan. Celui-ci a été présenté au Comité consultatif sur le climat sonore et ADM a organisé des rencontres avec des élus municipaux des communautés riveraines de Montréal-Trudeau afin de recueillir leurs commentaires», assure Anne-Sophie Hamel, d’ADM.
Le plan sera soumis à une consultation publique ouverte aux citoyens en janvier pour recueillir les avis des riverains.