«Cacophonique» et «catastrophique»: ce sont les qualificatifs utilisés par des résidents et commerçants de Mercier-Ouest pour décrire une partie du sens unique et de la piste cyclable implantée sur la rue de Marseille.
À l’automne 2020, l’arrondissement a reconfiguré la rue de Marseille, ce qui comprenait sa mise à sens unique, l’aménagement de voies cyclables bidirectionnelles et la relocalisation de zones de stationnement. L’objectif était de créer un lien cyclable est-ouest pour connecter les trois quartiers du territoire. Or, près de sept mois plus tard, le réaménagement ne plaît pas à tous.
Yann Desrosiers, directeur général du Groupe d’entraide de Mercier-Ouest (GEMO), ne cache pas sa frustration.
«[C’est difficile pour] une banque alimentaire comme la nôtre. En pleine pandémie, on empêche les gens de stationner – les indications ne sont pas bonnes – je ne sais pas quelle est leur source de réflexion», s’interroge-t-il en dénonçant que tout cela a été fait sans consultation.
Le partage de la chaussée crée des problèmes, déplore celui dont l’organisme est situé non loin du boulevard Langelier.
«Le bout qu’ils ont fait ici est le seul bout qui n’est pas pareil comme ailleurs et les voitures se stationnent dans la piste cyclable», constate-t-il
Sur le terrain, Métro a relevé que plusieurs véhicules étaient bel et bien stationnés dans la piste cyclable. D’ailleurs, lors de notre passage, un cycliste a donné un grand coup de pied à une voiture garée dans la voie cyclable. «Ce n’est pas clair, c’est un peu cacophonique, les lignes sont tracées n’importe comment», s’est défendu le propriétaire du véhicule.
Croisée sur les lieux, Marie-Paul a avoué préférer rouler à vélo sur le trottoir, délaissant la piste cyclable «parce qu’il y a trop d’obstacles.»
Un citoyen interpelle l’arrondissement
Alexandre Delisle, un résident du quartier, a écrit à l’arrondissement l’automne dernier pour se plaindre du réaménagement. Il est revenu à la charge ce mois-ci.
Selon M. Delisle, construire une piste cyclable dans une rue où se trouvent trois dépanneurs sur une distance de moins d’un kilomètre pose problème. À l’instar d’autres citoyens, il déplore que des véhicules se stationnent sur la piste cyclable.
«Comme celle-ci est maintenant très réduite, il en résulte un risque fortement augmenté d’un accident avec les véhicules y circulant», croit-il.
Pour l’arrondissement, la reconfiguration de la rue de Marseille permet non seulement de créer un lien cyclable structurant dans l’arrondissement, mais contribue aussi à sécuriser les déplacements sur cette rue.
Pour faire place à des voies cyclables bidirectionnelles et sécuritaires, une voie de circulation devait être recoupée», explique Jeanne Fournier, chargée de communication à l’arrondissement.
Commerçants
Du côté des commerçants, c’est la même incompréhension devant l’implantation du sens unique et de la piste cyclable. Elle aurait fait fuir une bonne partie de leur clientèle qui ne sait plus où garer leur voiture.
«Le sens unique ici, c’est une catastrophe. Les gens manquent de stationnement avec les deux voies cyclables et vont ailleurs. Mes clients ont diminué de 75%. La Ville nous a mis dans une mauvaise situation», maugrée Fadlaoui Moustapha, propriétaire du nettoyeur Succes.
Pour illustrer son propos, il raconte que l’un de ses clients réguliers venant de Saint-Léonard doit venir chercher ses habits depuis le 3 mars. Or, en date du 8 avril, il n’était toujours venu, craignant ne pas savoir où se stationner.
Ali, propriétaire d’une fruiterie, considère que la piste cyclable et la présence d’un chantier immobilier en face nuisent à ses affaires. «Je n’ai pas de stationnement; c’est la totale, c’est vraiment une catastrophe.»