Des résidents du 3440 avenue Ridgewood achetés par de nouveaux propriétaires dans le quartier Côte-des-Neiges continuent de vivre dans l’incertitude.
Depuis novembre 2020, un grand nombre de résidents de l’immeuble vivent en présence d’amiante sans savoir à quel point la situation est contrôlée. «Nous avons vu des affiches indiquant la présence d’amiante dans le bâtiment en novembre dernier, mais nous ne savons toujours pas qui contacter pour nous aider», explique Maria Kopyl, une locataire du quatrième étage.
«Plusieurs des occupants ont même approché différentes instances, notamment la CNESST, mais cette dernière ne s’occupe que de la protection des travailleurs, et non pas celle des résidents. On se retrouve donc dans une sorte de vide juridique », poursuit la locataire. Mme Kopyl raconte que c’est grâce à l’insistance des différents locataires que le service de sécurité incendie de Montréal (SIM) est intervenu, le 13 février dernier.
Une fois sur les lieux, le SIM constate d’ailleurs qu’il n’y a plus de murs pare-feu et que l’immeuble doit être évacué d’urgence. Dans la foulée, la Croix-Rouge et le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) s’en mêlent. Résultat : Les gens ont été déplacés à l’hôtel Ramada pendant plus de trois semaines. «On s’est retrouvé du jour au lendemain à vivre à quatre dans une chambre à deux lits».
«Même si les autres ont réintégré, c’est dans des conditions de vie qui ne respectent pas la condition humaine. Ils ont pris le risque de réintégrer des appartements souillés par l’amiante.» – Un locataire de l’immeuble
Ils ont ensuite été transférés dans deux petits appartements à l’hôtel Le Belvédère. De son côté, un autre locataire du Ridgewood doit loger dans un appartement temporaire en attendant que le sien soit un tant soit peu adéquat.
Selon les dires de la conseillère municipale du district Côte-des-Neiges, Magda Popeanu, ce dernier serait la seule personne dans cette situation dans l’ensemble des locataires.
Pour le moment, seul le cinquième étage de l’immeuble sur Ridgewood est encore fermé, les locataires des autres étages ayant été invités à regagner leur domicile. «Jeudi, le 6 avril, on a reçu un courriel nous informant qu’ils allaient arrêter de payer les frais d’hôtel à partir du… vendredi, 7 avril», s’indigne Mme Kopyl. À leur retour, leur appartement était encore tout poussiéreux. «Ils nous ont dit qu’ils allaient venir nettoyer le logement et que si on n’ouvrait pas la porte, cela serait interprété comme un signe de refus de notre part», raconte-t-elle.
Plus que l’amiante
En plus de l’amiante, l’entretien de l’immeuble a été délaissé. D’importants travaux de rénovation ont été entamés au début de l’année scolaire 2020. «C’était pendant la deuxième vague, alors que nous étions en télétravail et il cela faisait un bruit de fou», souligne la résidente du quatrième étage. Le bruit était tel, qu’une mise en demeure a été acheminée aux propriétaires en décembre. Une mise en demeure qui est restée lettre morte.
Les deux locataires décrivent à quel point l’immeuble était sale et comment l’ascenseur n’avait pas fonctionné pendant de nombreuses semaines. «J’ai même vu une locataire de 94 ans —avec un problème de motricité— descendre les marches d’escalier sur les fesses», ajoute la locataire. Sans parler des problèmes de chauffage récurrents.
Problème de fond
Bien au fait de la situation, Mme Popeanu a joué le rôle d’intermédiaire entre les deux parties. «À plusieurs niveaux, on a tous échappé la balle», concède-t-elle. Elle indique que les propriétaires ont pris possession de l’immeuble de façon cavalière. Elle souligne aussi le manque de communication entre les intervenants.
La conseillère entrevoit toutefois une alternative possible pour les deux parties «La ville à un programme de subvention pour accéder à la propriété et certains locataires seraient même prêts à acheter leur logement», assure-t-elle.
Mais, pour le moment, les travaux continuent et la situation est loin d’être réglée pour l’ensemble des intervenants.