Le gouvernement québécois a annoncé jeudi un retour des classes en présentiel pour le 17 janvier. Une annonce qui a fait réagir les acteurs du milieu scolaire. Plusieurs ont témoigné de leurs inquiétudes quant à la gestion de la pandémie alors que le Québec semble atteindre le pic de la vague Omicron.
Cette annonce aurait pu être une bonne nouvelle pour les enseignants, parents et élèves qui attendaient en grande majorité un retour à la normale.
Pourtant, de nombreuses inquiétudes ont été émises concernant l’organisation qui doit se faire dans un délai serré. «Il y a beaucoup d’insécurité et beaucoup de questions face à cette rentrée, avec peu de temps pour se préparer, alors qu’on change la façon de voir la pandémie notamment au sein des écoles», indique le président de la Centrale des syndicats du Québec (CSQ), Éric Gingras, qui aurait préféré que le gouvernement fasse l’annonce plus tôt.
En effet, le Plan de contingence pour l’hiver 2022 envoyé par le ministère de l’Éducation aux commissions scolaires n’a été reçu que jeudi midi, laissant peu de temps aux écoles pour se préparer.
La gestion du personnel, un autre défi
Le plus inquiétant pour le porte-parole du Regroupement des comités de parents autonomes du Québec (RCPAQ), Sylvain Martel, est les possibles bris de services. Et ceux-ci devraient «arriver vite», selon lui. M. Martel s’inquiète de voir un absentéisme fort en raison de la situation sanitaire, et ce, malgré un manque de personnel déjà présent avant la pandémie.
Le gouvernement fait même état de cette situation dans les premières lignes du document envoyé aux écoles jeudi.
Étant donné le contexte actuel de pandémie, la grande contagion du variant Omicron et les nouvelles consignes concernant l’isolement, le ministère et le réseau scolaire prévoient qu’un très grand nombre de salariés, tous corps d’emploi confondus, devront s’isoler pour quelques jours dans les prochaines semaines.
Plan de contingence du ministère de l’Éducation pour l’hiver 2022
Le ministre de la Santé, Christian Dubé, soulignait justement jeudi en conférence de presse que des parents pourraient être appelés en renfort pour qu’il y ait une présence adulte dans les classes si un professeur doit s’isoler.
Sylvain Martel s’inquiète notamment de changements intempestifs de professeurs ou même que les élèves se retrouvent sans professeur du tout.
École et pandémie
Lucien Fortin est le directeur de l’école secondaire La Voie à Côte-des-Neiges. Il mentionne avoir déjà eu vent d’une trentaine de cas déclarés chez les élèves au cours des trois derniers jours. L’école n’a pourtant pas encore repris en présentiel.
M. Fortin mentionne l’inquiétude de certains professeurs d’être contaminé par le virus. «L’enseignant n’est pas toujours avec les mêmes élèves, qui peuvent circuler d’une classe à l’autre et pendant l’heure du dîner, donc il se sent à risque», souligne-t-il.
Pour Lucien Fortin, des précisions apportées par le gouvernement vendredi, dont l’annonce de l’accès aux tests rapides pour les élèves du secondaire, permet tout de même de mieux anticiper la gestion des cas d’élèves positifs.
Pour le directeur, il aurait été quand bien même préférable de décaler la rentrée en présentiel de deux semaines.
Sécurité
Éric Gingras évoque également des questionnements chez les employés au sujet des stocks de tests rapides, de la ventilation dans les classes et de l’usage du masque N95.
Sylvain Martel souligne toutefois que cinq autotests seront distribués aux élèves du préscolaire et du primaire à la rentrée. Une autre distribution devrait avoir lieu début février, précise-t-il.
Maintenant, comme le rappelle la psychoéducatrice de l’école secondaire La Voie, Audrey Claude, l’école à distance n’est pas non plus facile à gérer pour les élèves et enseignants. «Les élèves du secondaire auxquels j’ai parlé, sauf une exception, avaient tous vraiment hâte de revenir. Ils ne sont pas capables de se concentrer et sentent qu’ils prennent du retard. La plupart ne sont pas sortis de chez eux depuis le début de l’école à distance.»
La question qui se pose maintenant, c’est le nombre d’écoles qui vont repousser la rentrée pour se donner un peu plus de temps de préparation. C’est déjà le cas pour plusieurs d’entre elles. Sylvain Martel indique par exemple que le centre de services scolaire des Affluents, sur la rive nord de Montréal, a notamment décidé de mettre en place une journée pédagogique lundi.