Au-delà des inquiétudes de santé publique, la COVID-19 suscite aussi des préoccupations dans certains secteurs économiques. Alors que plusieurs secteurs auront de la difficulté à se relever, d’autres pourraient être avantagés.
Les domaines qui risquent d’être favorisés sont ceux qui seront mobilisés pour s’adapter à la situation. On peut toutefois se demander si ce sera un bénéfice à long terme ou seulement transitoire.
Les épiceries du Québec ont été inondées de clients dans les derniers jours. «On est débordé c’est certain, mais je suis content au moins, ça nous fait de la job», indique un commis du Métro de la rue De L’Église.
Les chiffres d’affaires des épiceries ou des supermarchés ont fortement augmenté, fait savoir le professeur en sciences économiques à l’École des sciences de la gestion (ESG) de l’Université du Québec à Montréal (UQAM), Florian Mayneris.
«Par contre, les réserves [que les citoyens ont fait], il va falloir qu’ils les consomment, dit-il. Une fois que la crise sera passée, les épiceries vendront moins, car les gens vont piger dans leur stock. On ne fait que décaler dans le temps l’activité.»
On risque aussi de voir prochainement le coût du panier d’épicerie augmenter. « L’offre pour un certain nombre de biens risque d’être réduite et la demande pourrait demeurer la même, voire augmenter pour d’autres. Il est possible qu’il y ait des ajustements de prix», fait savoir M. Mayneris.
S’il y avait un abus, le gouvernement pourrait avoir recours à des règlements comme la France a fait pour les désinfectants à main. Rappelons qu’au Québec, la Régie des marchés agricoles et alimentaires impose des prix plafond et plancher pour des produits de base comme le lait.
Livraisons locales
L’isolement volontaire encouragé par le gouvernement favorise les services de livraison. «Ils ne risquent pas une baisse de demande par la suite, explique Florian Mayneris. Ce ne sera pas que les grandes chaînes à l’internationale comme Amazon [qui en profiteront], ce sera aussi les particuliers qui proposent des services comme sur [les applications Génie et UberEats].»
D’autre part, le secteur du matériel médical connaîtra une croissance soutenue avec la multiplication des cas à traiter. «Ce n’est pas parce qu’il y a plus de malades présentement en raison de la COVID-19 qu’il va y avoir moins de malades plus tard», dit l’expert.
Certaines habitudes étant appelées à changer. Les réunions en face à face seront plus rares, ce qui entraîne davantage l’utilisation d’outils de communication, notamment la vidéoconférence, très populaire depuis les derniers jours.
«Une fois la crise passée, le rythme va baisser un peu, mais risque de se stabiliser à un niveau plus élevé que ce qui avait avant la crise», explique le professeur Mayneris.
Selon lui, les gouvernements injectent de l’argent dans l’économie présentement au moyen de différents programmes pour passer à travers le choc et c’est exactement ce qu’il faut faire.