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Espadrilles et déchets: la folle course de James Guilbaud

James Guilbaud

Le long de sa course, James Guilbaud ramasse des déchets au sol, rue de l'Église.

James Guilbaud pratique la course à pied dans les rues de Montréal et ramasse en chemin les déchets présents dans la rue.

L’activité à laquelle se livre James Guilbaud porte un nom: le plogging. Mélange du mot jogging, qui signifie «courir», et du terme suédois plocka upp, qui veut dire «ramasser». James Guilbaud, Verdunois de bientôt 33 ans, se soucie de l’impact de la pollution sur l’environnement et, notamment, des déchets qui se déversent dans le fleuve Saint Laurent.

James Guilbaud, 33 ans, pratique le plogging. Crédits: Alicia Casteras

Après avoir réalisé plusieurs opérations de nettoyage sur le sol de sa France natale, le sportif, qui travaille aujourd’hui comme coordinateur aux ventes chez Tourisme Montréal, met sa pierre à l’édifice en sol québécois.

«En arrivant au Canada, je me suis aperçu qu’il y a avait la même problématique de déchets qu’en France, et une conscience environnementale aussi. Alors je me suis dit: “Pourquoi ne pas continuer à le faire ici?”», explique James, qui durant l’été 2021, s’était lancé le défi de parcourir une rue par mois. Il a ainsi nettoyé en courant 12 rues montréalaises, dont Saint-Jacques, Wellington, Hochelaga ou encore Sainte-Catherine.

Les réactions des gens qui voient James courir et se pencher frénétiquement, sac à la main, sont très variées. «Il y en a beaucoup qui ne font pas attention. Certains me voient, mais ne disent rien. Puis il y a ceux qui me sourient et me remercient, ceux qui me klaxonnent, qui baissent leur fenêtre pour me dire “merci beaucoup de faire ça, c’est le fun” et parfois on me demande aussi si je suis payé par la Ville pour le faire. Je confirme que non, ce n’est pas le cas», raconte en riant James, qui se réjouit d’avoir une action «impactante» pour la planète.

«Au moins 1000 kilos de déchets ramassés en quatre ans»

Espadrilles aux pieds, gants sur les mains, nous retrouvons James Guilbaud ce mercredi 6 avril dans l’arrondissement de Verdun pour un petit «footing ramassage» en fin de journée, entre les rues de l’Église et Wellington.

«Il y a eu la fonte des neiges, alors beaucoup de déchets réapparaissent encore partout», explique le sportif, qui repère déjà à distance les déchets présents au sol qui vont rythmer sa course.

Le vent souffle la poussière mêlée aux détritus, et après seulement 150 mètres parcourus, le sac d’une trentaine de litres est déjà rempli et James doit arrêter sa course pour trouver une poubelle. «Les déchets les plus récurrents, ce sont les cups (gobelets pour boisson à emporter) avec leur couvercle, des bouteilles en plastique et des cannes. Mais depuis la pandémie, je trouve surtout des masques», précise James Guilbaud, qui pense avoir ramassé «au moins 1000 kilos de déchets» en quatre ans d’action.

James Guilbaud ramasse beaucoup de cups à emporter dans la rue. Crédits: Alicia Casteras

Le masque, nouveau déchet fléau

Avec le groupe Facebook Nettoie ton kilomètre, James a lancé à travers tout le Québec le mouvement «maskathon week», dont l’objectif était de ramasser un maximum de masques entre le 1er et le 7 avril.

«Face à l’engouement des gens, aux nouvelles personnes qui s’inscrivent chaque jour et au nombre de masques encore ramassés, on prolonge le maskathon jusqu’au 10 avril», explique James.

Ce samedi 9 avril, James a aussi donné rendez-vous à d’autres coureurs pour nettoyer, autour du Vieux-Port, les rues de la Commune et Saint-Paul ainsi que la promenade, à partir de 9h du matin. Le marathonien prévoit aussi de nettoyer tout au long de l’été le secteur de la rue Saint-Denis, en focalisant cette fois sur les rues perpendiculaires au fleuve Saint-Laurent.

Et non, James n’est pas découragé.

«Comme je dis souvent, les déchets amènent aux déchets. Si la rue est sale, les gens ne se sentiront pas coupables de jeter quelque chose au sol, ils auront moins de scrupules. Alors que si c’est propre, ils vont faire l’effort de trouver une poubelle», affirme James, qui précise par ailleurs que l’un des défis, c’est justement, trop souvent, de réussir à trouver une poubelle à proximité.

James Guilbaud vide son sac de déchets ramassés dans une poubelle de la rue Wellington.
Crédits: Alicia Casteras

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