Les histoires de rénovictions se répètent et se multiplient à Montréal. Ce matin, c’était au tour d’une douzaine de locataires «vulnérables, âgés et en situation de précarité» verdunois de dénoncer cette épée de Damoclès pesant au-dessus de leurs têtes.
«Le 16 décembre, les locataires du 1005, rue Rielle ont reçu un cadeau des Fêtes assez triste. Ils ont reçu un avis d’éviction», a déclaré d’emblée la députée de Verdun, Alejandra Zaga Mendez, lors d’un point de presse organisé par Québec solidaire pour dénoncer la situation.
Quelques mois après la vente de l’immeuble au printemps dernier, son nouveau propriétaire, Randall Ettinger, a ainsi fait part aux résidents de son intention d’entamer des travaux «substantiels» d’agrandissement. Or, à ce jour, les coups de marteau tarderaient toujours, et l’immeuble se retrouve de nouveau en vente depuis plusieurs semaines, pour la somme de 8,85 M$.
«C’est le comble de cette histoire, selon la députée de Verdun. Rien n’indique que les raisons évoquées par le propriétaire pour justifier les évictions – les rénovations – vont avoir lieu.»
Cette dernière interpelle donc le Tribunal administratif du logement (TAL) et lui demande de prendre «ce cas au sérieux» en venant en aide aux locataires. «Ce n’est pas normal qu’en pleine crise du logement, on permette ce type d’éviction massive», estime-t-elle. Elle déplore également le fait que de telles pratiques de propriétaires se répètent à Verdun, et ce, à découvert, sans aucune intervention du TAL, alors que Randall Ettinger est selon elle «connu pour ses tactiques immobilières». En 2018, l’homme s’était en effet adonné à un stratagème semblable pour expulser les résidents d’une autre propriété également située sur la rue Rielle.
Dans ce contexte, la députée Zaga Mendez observe qu’alors que c’est au locateur qu’incombe le fardeau de justifier ces évictions, ce sont plutôt les locataires qui sont tenus de se battre pour prouver que celles-ci sont abusives. Or, dans le cas de l’édifice du 1005, rue Rielle, ces locataires n’ont pas nécessairement le moyen de leurs ambitions. À preuve, parmi les 36 logements que compte le bâtiment, une vingtaine seraient déjà vacants. À la suite de l’acquisition de l’immeuble par M. Ettinger, des résidents auraient ainsi peu à peu cédé aux pratiques d’intimidation alléguées de M. Ettinger et auraient préféré quitter les lieux.
L’un des derniers résidents aînés de l’immeuble, Roger Grenier, mentionne entre autres que les locataires se sont vu restreindre ou carrément empêcher l’accès au garage, à leur casier et au sous-sol depuis l’arrivée de Randall Ettinger dans le décor.
«Je trouve ça dégueulasse que ce monsieur abuse de son pouvoir pour déloger les personnes âgées. Ça ne me tente pas d’aller vivre dans la rue avec les itinérants. Je veux bien vivre», a-t-il déclaré aux médias présents au point de presse, lundi matin.
Au moment où ces lignes étaient écrites, Randall Ettinger n’avait pas émis de commentaires sur ce dossier malgré la demande effectuée par Métro.