LaSalle

20 ans après

Il y a 20 ans, la crise du verglas frappait la Ville de LaSalle, Montréal et plusieurs régions du Québec. Historien et résident laSallois, Denis Gravel livre ses souvenirs de cet événement qui a marqué bien des esprits.

Comme de nombreux autres citoyens, Denis Gravel n’a pas été épargné par les 80 heures de pluie verglaçante à l’origine de nombreux dégâts à Ville de LaSalle, en janvier 1998. Il a vécu six jours sans lumière ni chauffage électrique dans sa maison avec sa femme, ses trois enfants et ses beaux-parents.

La famille s’est attelée à aller chercher régulièrement de la glace dehors, à vider le contenu du frigo pour la placer à l’intérieur, puis à y replacer les aliments. «Ma belle-mère était habituée aux anciens frigos et nous a donné cette idée, dit-il. Ils ont connu la vie à la dure et nous ont apporté de précieux conseils», explique-t-il.

Pour la cuisine, ils se sont servis… d’un nécessaire à fondue. «Tout prenait trois fois plus de temps, on commençait à manger à 10h et on finissait vers 13h», se souvient-il.

Se réchauffer

«Avec le froid, toute notre énergie était utilisée pour des choses primaires que l’on faisait simplement avant, sans s’en rendre compte», raconte-t-il.

Grâce à leur foyer, la famille Gravel a toutefois réussi à maintenir une température de 25 degrés Celsius au sous-sol et d’environ 15 degrés Celsius dans le reste de la maison. «La Ville faisait des livraisons de bois au parc Angrignon, qu’on allait chercher en voiture», ajoute-t-il.

Sa fille, âgée de sept ans à l’époque, dormait sur le canapé près de la cheminée tandis que les beaux-parents étaient installés sur un matelas de fortune. «On prenait des tours durant la nuit pour surveiller le feu», raconte-t-il.

M. Gravel, qui a aussi accueilli l’un de ses amis quelques nuits, se souvient des efforts de partage et de solidarité pour s’entraider. Les voisins s’invitaient mutuellement chez eux pour partager des repas et de la chaleur humaine.

La famille n’a pas été complètement déconnectée du reste du monde puisqu’ils ont pu écouter les nouvelles grâce à une petite télévision à antenne. Cela leur a permis d’obtenir certaines informations, comme la nécessité d’économiser l’eau lorsque les usines d’eau potable ont manqué d’électricité.

Mesures d’urgence
Le plan des mesures d’urgence avait été déclenché dès midi, le 6 janvier pour permettre aux citoyens d’être hébergés à l’hôtel de Ville puis à l’école secondaire Cavelier-de-LaSalle. Les deux centres ont opéré 24 heures sur 24 durant plusieurs jours.

La mairesse Manon Barbe se rappelle que la situation avait été plutôt bien gérée à l’époque où Ville de LaSalle était administrée par le maire Michel Leduc. «Une génératrice a même pu être trouvée pour alimenter l’hôtel de Ville en électricité», se souvient-elle.

Dans le Messager LaSalle, le directeur du Service de protection contre les incendies de LaSalle de l’époque, Pierre Damico, s’était dit fier de ses employés qui ont «relevé le défi avec brio». Il avait aussi souligné l’efficacité du plan de mesures d’urgence, désignant LaSalle comme «l’une des villes les mieux organisées sur le territoire de la communauté urbaine de Montréal.»

Aujourd’hui, la mairesse se dit certaine que la situation serait tout aussi bien, voire mieux appréhendée si elle devait se reproduire. Un Plan d’urgence, de relève et de missions est prévu en cas de sinistre pour déployer l’aide nécessaire aux citoyens, communiquer les informations, effectuer des interventions de travaux publics et apporter un soutien aux intervenants.

La crise en chiffres
• Le 11 janvier, près de 2000 personnes ont trouvé refuge à l’école secondaire Cavelier-de-LaSalle où plus de 1800 repas et 5000 cafés ont été servis.
• Le 12 janvier 1998, 31 289 abonnés d’Hydro-Québec étaient plongés dans le noir.
• Plus d’une vingtaine de rues ont été fermées.
• L’École Cavelier-de-LaSalle a aussi hébergé 10 chiens, chats, perruches et poissons rouges.
• Les forces armées ont prêté 1000 lits et 1500 couvertures, tandis que tous les matelas de gymnastique de la Commission scolaire du Sault-Saint-Louis et de la Ville ont été utilisés.
• Plus de 500 bénévoles ont travaillé à soutenir les sinistrés et tous les employés municipaux étaient affectés aux mesures d’urgence.
• À Cavelier-de-LaSalle, il y avait un véritable hôpital improvisé avec trois médecins et six infirmières provenant du CLSC de LaSalle.
• Un pompier, Ronald Monahan, a fait les manchettes du Messager LaSalle en sauvant une fillette de deux ans, prisonnière des flammes, in extremis.

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