Cinq ans après sa mort, un hommage sera rendu à Suzanne Châtelain, la cycliste dont le décès a inspiré l’aménagement du premier vélo fantôme à Montréal.
Le 18 juillet 2013, Suzanne Châtelain circulait à vélo en direction nord sur l’avenue du Parc et longeait des véhicules stationnés en bordure de la rue. Soudainement, le conducteur d’une fourgonnette a ouvert sa portière. En tentant de l’éviter, la cycliste est tombée sur la chaussée et a été fauchée par un autobus. Une semaine plus tard, elle rendait l’âme.
Chaque année, Osmar Boschetti, époux de la défunte cycliste, rend hommage à sa femme en se rendant sur le lieu précis de la collision, qui s’est déroulée en face du YMCA du Parc.
«C’est une rue que j’évite depuis cinq ans, mais chaque année j’y reviens pour lui rendre hommage. Je fais ça pour elle et pour sensibiliser les gens à faire plus attention sur la route, surtout concernant les portières de voitures», commente-t-il.
Cette année, amis et famille viendront chanter des chants en sanskrit, en hommage à cette enseignante de yoga. Un maître spirituel (swami) viendra possiblement faire une prière en son honneur.
Les vélos fantômes se sont multipliés
Le premier vélo fantôme de Montréal est né à la suite de ce malheur. On peut toujours le voir, installé à l’angle de la rue Saint-Viateur. Depuis, ils se sont multipliés. Peints en blanc, ils sont installés aux endroits précis où des cyclistes ont été victimes de collisions qui leur ont coûté la vie.
Ce geste symbolique a été créé par le regroupement Vélo fantôme Montréal afin d’inciter la réflexion sur les dangers de la cohabitation entre les automobilistes et les cyclistes, tout en commémorant la vie de la victime. Il en existe désormais huit dans Montréal.
Cinq ans après le décès de sa femme, Osmar Boschetti déplore l’immobilisme de la ville de Montréal en matière de sécurité des cyclistes. «Les amendes ont triplé cette année, mais le port du casque n’est toujours pas obligatoire», se désole-t-il.
De meilleurs aménagements souhaités
Hélène Lefranc, témoin du choc qui a coûté la vie à Suzanne Châtelain, est une des instigatrices de Vélo fantôme Montréal. Elle demande depuis 2015 des changements au Code de la sécurité routière ainsi que de meilleurs aménagements dans l’espace public. Les cyclistes sont les usagers de la rue les plus vulnérables, rappelle-t-elle. Il est donc impératif d’améliorer leur sécurité et d’assurer la convivialité de leurs déplacements.
Malgré quelques améliorations, Vélo fantôme Montréal pense que «ces avancées sont lentes, minimes et disséminées à la pièce, sans vision d’ensemble», peut-on lire dans le Mémoire remis à la Société d’assurance automobile du Québec en avril 2017.
«Un meilleur partage de la route est nécessaire. Il faut changer les habitudes des gens, renverser la hiérarchie qui donne une place prépondérante aux automobiles et stimuler l’augmentation du nombre de piétons et de cyclistes, ce qui entraînera plus de sécurité à vélo», commente Hélène Lefranc, qui pense qu’il n’y a pas assez d’aménagements uniformes dans les différents arrondissements de Montréal.
«En plus des gros problèmes qui causent des décès en ville, comme l’emportiérage, la question des poids lourds et les angles morts, il y a en a un au niveau des aménagements qui ne sont pas assez inclusifs», note-t-elle, avançant qu’il existe notamment un manque de sas à vélo aux intersections.
À ce jour, Vélo fantôme Montréal a installé des vélos blancs à la mémoire de :
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Une plaque a également été déposé sur le pont Jacques-Cartier à la mémoire de Christian Ragueneau, en 2015.
Un vélo blanc a été installé lors d’une cérémonie intime par des proches de Valérie Bertrand Desrochers, décédée le 11 juin dernier, à l’intersection de la rue St-Zotique et de la 19e Avenue.
Précédemment à la formation de Vélo fantôme Montréal, un vélo blanc avait été installé sur la rue Wellington par les amis de Christian Brulotte, décédé en 2013.
La cérémonie en hommage à Suzanne Châtelain aura lieu mercredi 18 juillet à 18h30 au 5553 avenue du Parc, en face du YMCA.