Bochra Manaï, chercheuse impliquée depuis plusieurs années dans le milieu communautaire de Montréal-Nord, sera la première commissaire de la lutte contre le racisme et la discrimination systémiques de Montréal, un poste créé il y a quelques mois par la Ville.
Métro a pu confirmer cette nomination qui sera annoncée officiellement demain.
Titulaire d’un doctorat en études urbaines de l’Institut national de la recherche scientifique, Bochra Manaï se spécialise notamment dans les enjeux d’immigration et dans les dynamiques d’exclusion et d’inclusion dans les quartiers urbains.
À titre de porte-parole du Conseil national des musulmans canadiens (CNMC), mandat qu’elle a terminé en 2019, elle est également devenue l’une des figures connues du mouvement de contestation devant les tribunaux de la loi québécoise sur la laïcité. Cette demande de suspension avait été formulée par le CNMC, l’Association canadienne des libertés civiles et une étudiante en enseignement qui porte le hijab.
Selon Mme Manaï, la Loi sur la laïcité de l’état prive la fonction publique de talents et agit comme barrière à une meilleure représentation de la diversité dans les organismes publics. En décembre 2019, la Cour d’appel du Québec avait refusé de la suspendre la validité de la loi en attendant la fin de la contestation judiciaire.
Mme Manaï travaillait depuis 2017 dans le milieu communautaire de Montréal-Nord. Elle a d’abord œuvré au sein de la Table jeunesse de l’arrondissement avant de devenir coordonnatrice générale de l’organisme Parole d’excluEs, qui vise à mobiliser les citoyens pour lutter contre la pauvreté et l’exclusion.
Ce matin, Mme Manaï a publié un long message sur sa page Facebook pour rendre hommage au quartier. «Je quitte Montréal-Nord avec le sentiment d’avoir tenté d’être une hirondelle parmi d’autres, d’avoir voulu nous élever au-dessus des cultures historiques, d’avoir cru dans ce territoire comme dans les citoyenNEs qui y vivent», a-t-elle écrit.
«Perle rare» recherchée
Suivant une recommandation du rapport de l’Office de consultation publique de Montréal (OCPM), qui avait amené la mairesse de Montréal à reconnaître l’existence du racisme systémique, la Ville de Montréal avait annoncé en octobre 2020 la création d’un poste de commissaire à la «lutte au racisme et aux discriminations systémiques».
La responsable de la diversité, de l’inclusion en emploi, de la langue française et de la lutte au racisme et à la discrimination, Cathy Wong, avait alors indiqué qu’elle était à la recherche de la «perle rare» pour pourvoir ce poste.
La commissaire doit travailler dans un bureau qui comptera également trois experts.
Elle aura comme premier mandat de rédiger un plan d’action afin que tous les services de la Ville prennent les mesures nécessaires pour contrer le racisme systémique en leurs rangs.
Par ailleurs, le bureau devra également d’informer les citoyens et les employés municipaux des droits et des recours dont ils disposent s’ils pensent avoir subi du racisme ou de la discrimination de la part de la Ville, en plus de travailler avec le Service de police de la Ville de Montréal, le commissaire aux personnes en situation d’itinérance, et la commissaire aux affaires autochtones de Montréal.