Grâce au soutien de parents de Ville de Mont-Royal et d’Outremont, des milliers de jeunes Québécois pourront espérer guérir de leurs allergies alimentaires au CHU Sainte-Justine.
Une première clinique d’immunothérapie orale (ITO) ouvrira finalement d’ici quelques semaines au Québec. Ce projet-pilote de trois ans fournira un nouveau traitement qui désensibilise ou augmente la tolérance envers les allergènes alimentaires.
La Monteroise Anne-Sophie Tétreault se dit comblée par cette annonce qui apportera de l’espoir à de nombreux parents.
Au cours des deux dernières années, elle s’est impliquée auprès du regroupement ByeByeAllergies, qui a travaillé à la recherche de financement pour l’implantation d’une clinique ITO.
«Pour moi, l’ouverture prochaine d’une clinique représente l’espoir pour tous les parents qui, comme moi, ont vécu une crise anaphylactique de leur enfant. Je pense ce qui m’a beaucoup motivée à m’impliquer, c’est de voir mon garçon Alexandre être traité ici, à Sainte-Justine», dit-elle.
Désensibilisation
Le fils de Mme Tétreault a subi une réaction anaphylactique après avoir avalé par mégarde des noix présentes dans un biscuit aux brisures de chocolat.
Depuis, l’adolescent de 14 ans a pu profiter dans la dernière année de l’ITO sous la supervision du Dr Philippe Bégin, allergologue à l’hôpital du chemin de la Côte-Sainte-Catherine. Le traitement consiste à donner de petites doses allergènes quotidiennement par voie orale, sur plusieurs années.
«Aujourd’hui, il est désensibilisé, mentionne Mme Tétreault. On vit une vie excessivement plus simple, sans stress. Ça lui permet de faire pleins trucs comme voyager.»
Chaque jour, Alexandre doit manger des noix pour maintenir sa désensibilisation. D’ici 5 à 10 ans, il pourrait être guéri à vie, affirme sa mère.
La fillette de 2 ans de Catherine Malouin, Marion, reçoit elle aussi depuis quelques mois le traitement d’immunothérapie pour combattre ses allergies aux noix, aux œufs et à la moutarde.
L’Outremontaise espère que la vie de son enfant sera facilitée d’ici quelques années.
«Présentement, on ne peut pas aller au restaurant et quand on manger chez des gens, il faut faire attention. Il y a des dangers partout», témoigne-t-elle.
Financement
Mmes Malouin et Tétreault ont œuvré avec ByeByeAllergies pour récolter de l’argent et convaincre Québec d’apporter son soutien au projet. Le financement était essentiel pour la mise sur pied de la clinique.
Le ministre de la Santé, Gaétan Barrette, a annoncé, le 31 août, un investissement de plus de 782 000$ sur trois ans. S’ajoute à cette somme un montant de près de 780 000$ de ByeByeAllergies et de la Fondation du CHU Sainte-Justine, amassé par l’entremise d’activités de financement.
Le traitement pourrait être éventuellement étendu à la grandeur du réseau de santé de la province. Au Québec, 60 000 enfants vivent avec une allergie alimentaire, soit dix fois plus qu’il y a dix ans.
«Sainte-Justine aura le mandat de faire l’analyse de la façon de déployer cette thérapie», mentionne M. Barrette.
La clinique prévoit accueillir 225 patients la première année et 275 à chacune des deux années suivantes d’opération.
80%
Le taux de succès de l’ITO en vue d’être protégé des réactions lors d’ingestion et de réintégrer l’aliment dans une diète normale est d’environ 80%. Il est aussi estimé que 50% des patients pourraient être guéris de façon définitive après cinq ans de traitement.