«On ne peut plus se permettre autant d’accidents sur le territoire, mentionne Mme Cinq-Mars. Il faut clairement rendre plus sécuritaire la cohabitation entre les vélos et les autos.»
Dernièrement, le maire du Plateau Mont-Royal, Luc Ferrandez, a tenu une conférence de presse pour annoncer une série de mesures préventives, dans le cadre d’un plan de sécurisation de ses rues, étant donné que son arrondissement est le plus touché à Montréal par les accidents qui impliquent les voitures et les cyclistes. Parmi celles-ci, il y avait doubler le nombre de voies cyclables, réaménager plusieurs intersections dangereuses et réduire les limites de vitesse. Cette dernière idée a plu à Mme Cinq-Mars, qui a décidé de l’appliquer sur son territoire, comme il est voisin de celui de M. Ferrandez. «Une collaboration qui devrait faire toute la différence», selon la mairesse.
Lors de la séance du conseil du 2 juin, Mme Cinq-Mars a soumis le projet à ses conseillères, qui ont voté en sa faveur.
Une idée qui rassemble
Sans surprise, cette réduction de vitesse réjouit les cyclistes d’Outremont.
«C’était le temps!, s’exclame, le sourire fendu jusqu’aux oreilles, Marie Todori, une cycliste d’expérience rencontrée par L’Express. C’était devenu un sport dangereux, circuler en vélo.»
Même réaction pour le citoyen Jorge Leduc, qui prend sa bicyclette tous les matins pour se rendre au boulot. «C’est la meilleure manière qui soit d’améliorer notre sentiment de sécurité», souligne-t-il.
De son côté, l’Association des piétons et des cyclistes d’Outremont croit que diminuer la vitesse ne peut pas nuire, mais que d’autres mesures devront être prises si on souhaite des résultats optimaux.
«Pour être efficace à 100%, il faut changer nos aménagements, affirme Zvi Leve, membre de l’association. Il ne faut pas juste faire des changements cosmétiques comme installer des panneaux et des dos d’âne, mais vraiment opter pour des rétrécissements des voies, un élargissement des trottoirs et des voies cyclables. Il faut faciliter l’accès au transport actif à travers tout l’arrondissement.»
Améliorer la qualité de vie
La limite de vitesse fixée à 30 km/h a déjà fait ses preuves dans plusieurs grandes villes du monde, telles qu’Amsterdam, Tokyo et Paris.
Selon une étude publiée en mars dernier par l’Institut national de santé publique du Québec, une diminution de vitesse peut diminuer jusqu’à 35% des accidents, augmentant du même coup le sentiment de sécurité des cyclistes.
Suzanne Lareau, présidente-directrice générale de Vélo-Québec, a d’ailleurs mentionné à L’Express que lorsqu’une automobile frappe un cycliste ou un piéton à 50 ou 60 km/h, la personne happée a 90% de chances de mourir. À l’inverse, si la collision se fait à 30 ou 40 km/h, la victime a 90% des chance de survivre.
Une basse vitesse réduit aussi considérablement le bruit, dans les quartiers résidentiels. Un plus grand nombre de personnes qui utilisent le transport actif peut donc en résulter, ce qui ne peut pas nuire à l’environnement, selon la mairesse d’Outremont.
«Tout ça pourra nous permettre d’attirer des jeunes familles vers notre arrondissement, mentionne Marie Cinq-Mars. On ne veut pas que les gens s’exilent vers les banlieues, on veut qu’ils voient que Montréal aussi, ça peut être paisible.»