« Ce personnage historique m’aura pris 10 ans, à temps partiel, de recherches historiques, mais il mérite qu’on lui redonner ses lettres de noblesse, explique Micheline Bail. Il est une des figures les plus turbulentes et les plus influentes de l’histoire du Canada, connu comme l’architecte de l’expansion française en Amérique du Nord. »
L’auteure détient un diplôme de premier cycle en histoire. Après avoir longtemps travaillé dans le réseau de la santé et des services sociaux, elle se consacre maintenant à l’écriture. Grâce à ses longues années de recherche et à son talent d’auteure, Micheline Bail propose un récit bien ficelé avec des personnages hauts en couleur.
Son double Frontenac – La tourmente (tome 1) et L’embellie (tome 2) – relate le destin épique d’un homme d’honneur, un être passionné et fougueux aux convictions inébranlables. Il met en lumière le côté opiniâtre et original d’un gouverneur qui, malgré les injonctions contraires de la cour de France, poussera les Canadiens à déborder leurs frontières pour rayonner sur un territoire grand comme un continent.
« Il y a peu de romans historiques sur la Nouvelle-France. J’ai eu le goût d’écrire cette histoire quand j’ai découvert les Mémoires d’Hadrien de Marguerite Yourcenar, où l’on trouve un bel équilibre entre les données et le romanesque. Je trouvais qu’il y avait un intérêt à dramatiser cette partie de l’histoire du Québec. Le XVIIe siècle était une époque héroïque, c’était le début de l’interculturalisme. »
Louis de Buade (1622-1698), comte de Frontenac et de Palluau, est une des figures importantes de l’histoire de la Nouvelle-France qui a défendu la colonie contre les attaques anglaises et iroquoises. Courtisan et militaire de carrière de haute noblesse française, son grand-père avait le compagnon de jeu du roi de France, Louis XIII. Frontenac a occupé le poste de vice-roi et de gouverneur général du Canada de 1672 à 1682, et de 1689 jusqu’au 28 novembre 1698, date de sa mort.
Un vrai personnage de roman
« Haut en couleur et à cheval sur le protocole, ambitieux, querelleur et fort en gueule, viscéralement anticlérical, parfois fantasque, c’était un aristocrate pauvre qui vivait au-dessus de ses moyens, rappelle Micheline Bail. Il avait toujours besoin d’argent d’où l’idée des postes de traite de fourrures qui rapportaient beaucoup. Mais c’était aussi un stratège militaire. Il a compris très tôt son intérêt de créer des liens commerciaux et des alliances diplomatiques avec les tribus. »
« Certains historiens le considèrent comme le principal artisan de la Grande Paix de Montréal de 1701, lorsqu’une quarantaine de tribus indiennes ont signé un pacte commun de non-agression dont la France était l’arbitre et tout cela dans le respect de l’acculturation des peuples indiens christianisés. Il a réussi à sceller la paix au nez et à la barbe des Anglais et leurs alliés iroquois! »
Frontenac mourra d’une crise d’asthme à Québec en 1698. Callières le remplacera comme vice-roi et gouverneur général du Canada et finalisera ses projets de pacification. Trois ans plus tard, en 1701, la Grande Paix est enfin entérinée.
Parce que l’Histoire ne se fait pas d’un seul homme, la plume de Micheline Bail écrit toute une époque, avec d’autres personnages qui gravitent autour de lui comme l’intendant Champigny, le gouverneur Callières, monseigneur de Saint-Vallier, Pierre Lemoyne d’Iberville, etc.
« Frontenac », par Micheline Bail
Tome I : « La tourmente », roman historique (Hurtubise, 2008)
Tome II : « L’embellie », roman historique (Hurtubise, 2011)