Rivière-des-Prairies–Pointe-aux-Trembles

Inquiétude autour d’une maison historique de Rivière-des-Prairies

L’état de délabrement d’une maison plus que centenaire à la frontière de Rivière-des-Prairies et de Montréal-Nord suscite la crainte des membres de la Société Historique de Rivière-des-Prairies, qui craignent sa démolition ou son abandon.

Inoccupée depuis plusieurs années, la maison Émeril-Pépin, située dans le parc-nature du Ruisseau-de-Montigny, est un vestige de l’époque où le secteur était un lieu de villégiature et de culture agricole.

Construite en 1865, selon le rapport d’un Comité de travail de 2014 de la Ville de Montréal sur la revitalisation du boulevard Gouin, elle pourrait devenir le chalet d’accueil du Parc-nature.

Malgré cela, la bâtisse est toujours délaissée et son état se dégrade. Certaines portes sont condamnées, l’escalier arrière en bois est impraticable, des trous dans les murs extérieurs sont masqués par de simples planches et le garage en bois à proximité est au bord de l’effondrement.

La Présidente de la Société Historique de Rivière-des-Prairies (SHRDP), Louise Bernard, a donc décidé de pousser « un cri d’alarme » pour la préservation de ce bâtiment considéré comme un témoin privilégié de l’histoire du quartier.

« L’objectif, c’est de conserver une maison qui est jolie, qui a un cachet historique, qui est située dans un écrin de verdure et qui est encore récupérable », détaille Louise Bernard.

Cette dernière a interpellé la mairesse de l’arrondissement de RDP-PAT, Caroline Bourgeois, et le responsable des Grands parcs à la ville de Montréal, Luc Ferrandez, dans une lettre. La conseillère Lisa Christensen en a d’ailleurs officiellement déposé une copie à l’arrondissement lors de la séance du conseil du 2 avril.

La plus grande crainte de Mme Bernard aujourd’hui est de voir ce patrimoine être rasé pour être remplacé par un pavillon « carré et moderne ».

«On favorise souvent la destruction au nom des coûts qui seraient plus élevés », se désole pour sa part Hubert Lewis, un membre de la SHRDP.

Pourtant, « en faire un pavillon d’accueil permettrait aux gens qui vont profiter du parc dans les prochaines années de s’approprier l’histoire des lieux », explique Fernand Ouellet, un autre membre de la SHRDP, qui conserve un bon espoir d’être entendu.

« La mairesse de l’arrondissement est au comité exécutif, Émilie Thuillier est responsable du patrimoine, Magda Popeanu est responsable de la culture. Ce sont des gens qui sont sensibilisées à ça, donc je pense qu’on a de bonnes chances que ces gens-là prêtent l’oreille », insiste M. Ouellet.

Une volonté politique de préserver l’endroit

La mairesse de l’arrondissement, Caroline Bourgeois, assure en effet qu’il y a « une volonté de maintien de l’actif » et estime qu’il serait « vraiment bien d’en faire une maison de service pour les citoyens », en raison de « ce qu’elle représente d’un point de vue historique et patrimonial ».

Cette décision appartient néanmoins à la Ville, qui a demandé aux services d’urbanisme d’effectuer une étude sur la valeur patrimoniale de la bâtisse. On ignore la date à laquelle cette étude sera terminée, les éventuelles conséquences de ses conclusions et les montants qui seront nécessaires pour en faire le futur pavillon d’accueil.

Les services de la Ville de Montréal ont assuré que « les travaux de réaménagement du parc-nature du Ruisseau-De Montigny sont inscrits au Plan Triennal d’Immobilisation (PTI) 2022-2025 », sans apporter de précision supplémentaire.

La Ville n’a pas non plus exposé le montant global de l’enveloppe prévue au PTI et Luc Ferrandez, responsable des Grands Parcs à la Ville de Montréal, n’a pas donné suite à notre demande d’entrevue.

En attendant, la Ville « assure des travaux d’entretien », explique Caroline Bourgeois, qui insiste sur le fait « qu’il n’y a pas d’intention de démolir » et que « cela permettrait de consolider l’offre récréotouristique dans le secteur». Elle assure également s’être entretenue avec M.Ferrandez, qui aurait prêté une oreille attentive à cette requête.

Les projets de réhabilitation et les inquiétudes autour de cette bâtisse ne sont pas des nouveautés puisqu’en 2006, déjà, un plan-concept du parc-nature prévoyait la construction d’un chalet d’accueil pour les visiteurs, sans mentionner pour autant si ce chalet serait la maison ou une nouvelle construction.

Pas un cas isolé

La maison Bleau, un autre rare témoin du passé rural de l’ancien village de Rivière-des-Prairies, est elle aussi en état de délabrement avancé. En retrait du boulevard Gouin, cette bâtisse de bois de style québécois néoclassique a la peinture qui s’écaille, le bois qui craque, les terrasses qui s’affaissent ou encore les fondations qui se fissurent.

Classée au patrimoine depuis 2008, cette maison est présentée comme un édifice historique «de valeur patrimoniale exceptionnelle », selon la Ville de Montréal qui en est propriétaire.

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