Georges Roman a milité corps et âme dans le quartier pendant une bonne partie de sa vie. Ce bâtisseur de Rivière-des-Prairies s’est éteint le 21 janvier. Retour sur sa contribution sociale, communautaire et politique.
Né en Belgique, ce militant acharné est arrivé dans le quartier en 1970. À l’époque, on y comptait quelque 6000 habitants; un peu plus l’été, à cause des chalets. «C’était et cela avait l’air d’une campagne un peu habitée», raconte-t-il dans un entretien accordé en 2015 à la Société historique de Rivière-des-Prairies.
L’homme n’a pas tardé à s’engager dans la petite communauté. Son premier engagement a été de créer un comptoir alimentaire. Par la suite, les choses se sont enchaînées: création d’un jardin communautaire, fondation de comité de vigilance, bataille contre Lomex (maintenant Sanimax), construction du Centre local de services communautaires (CLSC) et de la bibliothèque sur le boulevard Perras.
Son engagement pour la construction de l’école secondaire Jean-Grou est l’un de ceux dont il était le plus fier. Il a déposé une pétition de 9600 signatures pour convaincre le gouvernement de René Lévesque d’aller de l’avant avec ce projet dans les années 80.
Un homme enraciné dans le quartier
«Chez nous, c’était le lieu de rassemblement du quartier», se souvient Nathalie Roman, la dernière de ses cinq enfants.
Elle affirme avoir eu un père présent, mais très impliqué, au point où son engagement communautaire créait des frictions avec sa mère. «Il avait tellement ça à cœur que parfois il négligeait son propre travail. Il donnait des heures et des heures et des heures», souligne-t-elle.
Natif de Rivière-des-Prairies, Léopold Ste-Marie a, pour sa part, côtoyé M. Roman pendant des années. Il s’opposait à lui dans presque tous les dossiers. Il était dans la Chambre de commerce au moment où il a mené ses luttes environnementales. En politique, il militait systématiquement dans le parti adverse.
Malgré tout, il le décrit comme un homme exceptionnel. «Il savait comment aller chercher le meilleur de tout le monde dans une discussion, vulgariser un problème pour s’assurer que tout le monde comprend», témoigne-t-il.
«Mon père, c’est quelqu’un qui dérangeait. Il n’avait pas peur de dire les choses comme elles étaient.» – Nathalie Roman, fille de Georges Roman
Contre un incinérateur de déchets dans l’Est
Pour sa part, Michel Séguin a milité avec Georges Roman au sein d’Action RE-buts.
Dans les années 90, la coalition a réussi à bloquer la construction d’un incinérateur de déchets de la multinationale Foster Wheeler à Rivière-des-Prairies.
Il se souvient de M. Roman comme d’un homme très enraciné dans l’Est. «C’était vraiment tout un personnage, une force de la nature», dit-il.
Les deux hommes sont arrivés à leurs fins. Pour Michel Séguin, c’est la plus grande victoire environnementale à Montréal.
Quant à lui, M. Roman en parlait comme d’une «deuxième victoire», après la construction de l’école secondaire Jean-Grou.