Experts, élus et citoyens étaient présents lors du forum de discussion sur la problématique du cerf de Virginie au Parc-nature de la Pointe-aux-Prairies.
Une séance d’information suivie d’une période d’échange et de discussion a permis aux citoyens de se positionner face à cette problématique et de proposer des solutions possibles pour remédier à la situation.
« Nous sommes ici ce soir pour essayer de trouver des solutions ensemble, a déclaré la mairesse Chantal Rouleau. Nous avons une richesse naturelle extraordinaire que nous devons conserver, mais il faut aussi rétablir l’équilibre de notre parc pour être en mesure d’assurer sa pérennité. »
La sécurité publique semble être également l’une des principales préoccupations des élus.
« Je ne pourrais jamais me pardonner d’apprendre un jour qu’un citoyen a eu un grave accident parce qu’un chevreuil a traversé la rue Sherbrooke et que nous n’avons rien fait pour l’empêcher », dit la mairesse.
Pour sa part, Réal Ménard, responsable du développement durable, de l’environnement, des grands parcs et des espaces verts à la ville de Montréal a invité les citoyens à s’exprimer et proposer des solutions.
« Ce soir, on se dit les vraies choses. Nous sommes ici pour travailler de façon concertée et la meilleure façon de le faire, c’est en participant et en ayant des échanges constructifs. »
Une question d’équilibre
Quatre biologistes, dont deux travaillant pour le ministère de la Forêt, de la Faune et des Parcs, ont fourni des explications aux citoyens lors de la période d’information.
Sylvie Comtois, biologiste et conseillère en planification à la Direction des grands parcs et du verdissement de la Ville de Montréal a présenté l’état de la situation du parc qui héberge présentement 42 cerfs, soit, 33 cerfs de plus que ce que le parc est en mesure d’accueillir.
« Depuis l’arrivée des chevreuils au parc en 1997, la végétation s’est gravement détériorée et il y a même des espèces qui ont disparu, dit-elle. Ceci a pour impact de ralentir la régénération de la forêt, d’entraîner une perte de biodiversité au niveau de la faune aviaire et de provoquer la prolifération d’espèces végétales envahissantes. »
La biologiste a également signalé que depuis le début de l’année, 15 accidents de la route ont été rapportés en lien avec les chevreuils.
Pour sa part, le biologiste et coordinateur provincial de la gestion du cerf de Virginie, François Lebelge a parlé des différentes stratégies utilisées dans d’autres villes étant aux prises avec cette même problématique.
« Nous ne sommes pas les seuls au Québec à avoir un problème de surpopulation des chevreuils, dit-il. Plusieurs villes américaines et canadiennes ont dû faire face à ce problème dont, nos voisins à Thunder-Bay, en Ontario. Les résidents de cette municipalité ont opté pour la chasse contrôlée et cela semble fonctionner car ils l’utilisent toujours pour contrôler la population des cerfs. »
Finalement, le biologiste et professeur à l’Université Laval, Jean Huot, a exploré les différentes façons qui peuvent être utilisées afin de remédier à la situation. Il a parlé entre autres de relocalisation, stérilisation, installation de clôtures et de chasse contrôlée.
La colère des citoyens
Pendant la période de questions, une vingtaine de citoyens ont pris la parole. Les opinions étant très partagées, les esprits se sont enflammés et des accusations ont été portées à l’endroit des élus présents.
« Le plan est déjà fait, vous savez déjà ce que vous allez faire et vous voulez nous faire croire que notre opinion compte. Nous n’aurons pas un mot à dire et même si nous sommes contre la chasse, nous n’aurons pas un mot à dire », a protesté un résident de Pointe-aux-Trembles.
Une théorie que Mme Rouleau conteste.
« Il n’y a pas de plan, nous voulons travailler de façon concertée et vos appréciations sont précieuses pour nous, voilà pourquoi nous vous avons réunis ce soir dit-elle. Un comité citoyen sera créé et le tout se fera de façon démocratique. »
Des citoyens se sont levés pour signifier leur attachement aux cerfs tandis que d’autres se sont montrés plutôt intéressés à ce que l’on contrôle la population existante.
« Nous sommes chanceux de pouvoir cohabiter avec ces chevreuils, pourquoi se débarrasser d’eux? Pourquoi ne pas les nourrir à la place si on ne veut pas qu’ils s’attaquent à la végétation du parc? », a conclu un autre citoyen.