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Un terminal de carburant aéroportuaire à 150 M$ envisagé à Montréal-Est

La construction d’un terminal de carburant aéroportuaire est présentement envisagée à Montréal-Est. Le projet de 150 M$, orchestré par la Corporation internationale d’avitaillement de Montréal (CIAM), vise à alimenter trois aéroports de l’est du Canada soit celui de Montréal et ceux de Toronto et d’Ottawa.

«La construction de ce terminal vise à répondre à la demande croissante de combustible dans ces villes, explique Robert Lasenza, vice-président de la CIAM. Chaque année, environ 330 000 vols quittent ces aéroports et la production ne suffit pas à la demande en ce moment.»

Selon les données de la CIAM, en 2012, la demande était 53 % supérieure à la production du Québec et de l’Ontario.

«Nous devons importer le carburant de différents pays à travers le monde. En ce moment, il arrive par le port de Québec, mais nous cherchons une manière plus fiable, sécuritaire et économique d’approvisionner nos avions, indique M. Lasenza. Nous avons pensé à Montréal-Est car d’un point de vue stratégique, c’est ce qu’il nous faut.»

Le projet
Le projet comprend la construction de huit réservoirs ainsi que les connexions d’approvisionnement et de transport de carburant.

Deux sites sont prévus. Le premier, situé à l’angle de la rue Notre-Dame et de l’avenue Gamble comporte un terminal maritime avec un quai de transbordement et un site de réservoirs d’entreposage.

Le deuxième, situé à l’ouest de l’avenue Gamble, sera un endroit pour le chargement de wagons et de camions-citernes. Une courte conduite de raccordement entre les deux sites est également prévue sur les lieux.

Finalement, un pipeline d’environ 5 km devra être construit afin de relier le premier site au pipeline existant de Pipelines Trans-Nord Inc. qui transportera le carburant jusqu’à l’aéroport de Montréal, à Dorval.

«Pour les deux autres aéroports, le transport se fera par voie ferroviaire ou à l’aide de camions-citernes, précise Matthew Mckernan, directeur environnement à la CIAM. Ceci nous permettra de diversifier nos moyens de transport, de faire des économies et de réduire notre empreinte écologique.»

Le terminal devrait avoir une capacité de stockage de 160 millions de litres de Jet-A1.

«Nous espérons avoir deux bateaux par mois qui transporteront 50 millions de litres de carburant chaque fois», commente M. Mckernan.

L’échéancier prévoit le début des travaux en 2016 et une mise en service en 2018, conditionnellement à l’obtention de tous les permis et autorisations nécessaires.

Gestion du risque
La Société assure que la sécurité de la population et des travailleurs, sont des priorités fondamentales pour la CIAM.

«Nous avons une firme de spécialistes qui réalise présentement une étude de risques afin d’établir un programme de mesures d’urgence, signale M. Lasenza. Cette étude nous aidera également à déterminer des procédures pour la conduite sécuritaire des opérations et pour prévenir le plus possible la pollution dans nos installations.»

Un avis de projet a été déposé au mois de mars auprès du ministère du Développement durable, de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques.

Le Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE) devrait réaliser une audience au cours des prochains mois pour permettre aux citoyens de s’exprimer par rapport à ce projet.

Des retombées économiques importantes pour Montréal-Est

Robert Coutu, maire de Montréal-Est, voit d’un bon œil le projet de construction du terminal dans sa ville.

«Je suis satisfait de la rencontre qui a eu lieu la semaine dernière et je félicite l’initiative de la CIAM, dit-il. C’est bien quand les compagnies prennent le temps de s’approcher des citoyens et de les rassurer.»

Le maire indique que la construction du terminal représente des revenus importants pour la ville.

«Je ne sais pas encore quel sera le montant exact que la CIAM devra payer par année en taxes, mais ça ne peut que nous aider à Montréal-Est, confie le maire. Nous avons eu des années difficiles où il y a eu des grandes compagnies qui ont quitté le territoire, mais la situation change peu à peu.»

Il ajoute que l’acceptabilité sociale et environnementale sont des éléments importants que son administration prend en considération.

«Nous voulons attirer des nouveaux investisseurs, oui, mais pas à n’importe quel prix. C’est pour cette raison que nous tenons à ce que les compagnies se responsabilisent et prennent le temps de rencontrer et informer nos citoyens», précise le magistrat.

Les citoyens divisés
Lors de la rencontre qui a eu lieu le 29 avril au centre récréatif Edouard-Rivet, l’opinion de la trentaine de citoyens qui étaient présents semblait être divisée.

«Nous avons déjà assez d’industries lourdes à Montréal-Est. Considérant que l’aéroport est dans l’ouest de la ville, pourquoi ne pas faire le terminal là-bas? Nous commencions à avoir un peu moins de réservoirs ici, il serait peut-être temps d’arrêter de les ramener dans notre ville», s’est indigné une citoyenne.

Réal Bergeron et Vincent Marchione, tous les deux membres du Comité de vigilance environnementale de l’est de Montréal (CVEEM), ont fulminé de questions les représentants de CIAM.

«Savez-vous quel est l’état du pipeline de Trans Nord? Quelle âge-a-t-il? Quand est-ce qu’il a été évalué pour la dernière fois», a demandé M. Bergeron.

Pour sa part, M. Marchione a été plus catégorique dans ses commentaires.

«Sachez que vous n’êtes pas les bienvenus ici. Notre mission au CVEEM est de protéger la population et l’environnement. Votre terminal va inévitablement causer plus de pollution pendant que les compagnies aériennes se remplissent les poches.»

Les citoyens Diane Blais et Daniel Fournier, ont pour leur part eu des commentaires positifs à l’égard du projet.

«Je vous félicite car vous avez pris le temps de venir nous voir et nous expliquer en détail votre projet, a déclaré Mme Blais. Je pense que c’est une bonne nouvelle pour Montréal-Est, alors je suis pour le terminal.»

«Vous n’étiez pas obligés de venir ici ce soir, ce n’est pas obligatoire, mais vous l’avez fait quand même. Ça parle bien de votre organisation», a indiqué M. Fournier.

Une deuxième rencontre publique pour discuter des résultats de l’analyse de risque aura lieu à la mi-juin prochain.

 

 

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