Début novembre, une banderole noire affichant les mots «Révoltez-vous» a été accrochée entre les deux cheminées de l’incinérateur des Carrières, à 75 mètres de hauteur. Cet incident remet sur la table la question de l’accessibilité et de la sécurité de ce bâtiment contaminé, laissé vacant par la Ville de Montréal depuis plus de 20 ans.
Ce n’est pas la première fois que le lieu situé dans Rosemont–La Petite-Patrie est visité par des explorateurs urbains, curieux de découvrir l’intérieur de la bâtisse figée dans le temps depuis sa fermeture en 1993.
L’été dernier, une adolescente s’est blessée après avoir chuté de l’une des cheminées qu’elle tentait d’escalader. En mars, c’est un incendie qui s’est déclaré dans la bâtisse, laissant présumer la présence de squatteurs à l’intérieur.
Après cet incident, la Ville de Montréal a nié une problématique de sécurité indiquant que « l’édifice [était] barricadé et [faisait] l’objet de rondes sporadiques, comme les autres bâtiments excédentaires».
«Par ailleurs, ce bâtiment est contigu à d’autres bureaux de la Ville et bénéficie de la proximité d’employés municipaux qui peuvent rapporter toute anomalie», a-t-on répondu à TC Media.
On souligne qu’au printemps dernier, la Ville a déboursé 64 000 $ pour des travaux de sécurisation et une surveillance du site pendant 15 jours.
Le maire de l’arrondissement, François Croteau, dit ne pas «être inquiet pour la sécurité», mais constate que cela «fait des décennies que c’est à l’abandon» et pense que le bâtiment va être confronté à de «plus en plus de problèmes de structure et de sécurité».
Afin de vérifier, une équipe de TC Media a tenté de pénétrer les lieux, le 18 novembre.
L’accès à la cour de voirie s’est fait sans difficulté. Cependant, il n’a pas été possible de pénétrer à l’intérieur du bâtiment, chaque accès ayant été barricadé par des planches de bois.
TC Media a d’ailleurs constaté que les accès aux cheminées ont été condamnés.
Explorations multiples
Toutefois, barricader ne veut pas nécessairement dire sécurisation à toute épreuve.
«Les endroits restent barricadés pendant une bonne période de temps jusqu’à ce que quelqu’un puisse trouver un nouvel accès», explique Jarold Dumouchel, un explorateur urbain passionné de photographie de lieux abandonnés ou en transition.
Lui-même a réussi à trois reprises à pénétrer la bâtisse de l’incinérateur «sans difficulté» et «sans autorisation».
Il reconnaît toutefois ne pas avoir tenté d’y accéder depuis bientôt deux ans. «C’est une très grande structure en béton avec de la grosse machinerie que l’on n’a pas l’habitude de voir à Montréal. C’est une ambiance surréaliste quand on pénètre à l’intérieur. Le lieu est extrêmement silencieux », décrit-il, ajoutant que les lieux ont été bien préservés.
Sur la sécurité des lieux, il mentionne avoir vu «plus de protection» lors de ses deux dernières visites.
Quant à savoir ce qu’il adviendra du site, plusieurs propositions ont été soumises à la ville-centre qui dit les étudier présentement.