Bombardée de critique depuis des jours, la députée fédérale de Saint-Laurent Emmanuella Lambropoulos souhaite quitter le comité des langues officielles.
Elle en a fait l’annonce lors de la réunion de jeudi après-midi.
«Soyez assurés que je ferai tout pour arrêter le déclin de la langue française au Québec, tout en protégeant les droits de la communauté anglophone», a-t-elle fait valoir, après s’être excusée de nouveau.
Sa décision devra être confirmée par le whip du Parti libéral, qui contrôle quels députés libéraux sont assignés à quelles commissions.
Commentaires controversés
Lors d’une réunion du comité permanent des langues officielles, l’ex-enseignante avait questionné – en anglais – le commissaire Raymond Théberge.
«Nous entendons – je ne veux pas appeler ça un mythe, je vais laisser le bénéfice du doute – nous entendons que le français est en déclin. J’ai entendu cela à de multiples reprises, j’ai besoin de preuves pour y croire», a-t-elle dit d’emblée.
Soulignant que plusieurs ont cette perception, la députée laurentienne avait demandé quels aspects peuvent être derrière ce déclin, en gesticulant des guillemets.
Cette intervention a soulevé un tollé tant à Ottawa qu’à Québec.
Pression
La controverse a non seulement fait les manchettes dans la dernière semaine, mais a aussi alimenté les débats à la Chambre des communes.
Le député conservateur de Richmond-Arthabska Alain Rayes a été parmi ceux qui ont fustigé le premier ministre Justin Trudeau. Il réclamait l’exclusion de la députée de Saint-Laurent du comité des langues officielles.
M. Trudeau s’en est remis aux excuses faites par Mme Lambropoulos, qui avait qualifié sa question devant le comité permanent des langues officielles d’insensible.
Une pétition en ligne lancée au courant de la semaine allait plus loin que la demande de l’opposition. Elle réclame carrément l’exclusion du caucus libéral. Au moment d’écrire ces lignes, la pétition comptait une quarantaine de signatures.
Appelé à commenter mercredi, le bureau du premier ministre nous a simplement référé à la période de questions.
Avant l’annonce de sa démission, plusieurs membres du Parti libéral tentaient de réparer les pots cassés.
«Il y a beaucoup de frustration», disait une source travaillant pour un député québécois qui n’était pas autorisé à parler publiquement. Ce n’est pas acceptable comme comportement.»
Lors du discours du Trône, Justin Trudeau avait renouvelé l’engagement de son gouvernement pour soutenir la langue française au Québec ainsi que dans le reste de pays.
«Mme Lambropoulos a fait le choix de quitter le comité des langues officielles. Maintenant, nous espérons qu’elle soit remplacée par quelqu’un qui se soucie davantage de la situation du français au Québec et chez les minorités francophones», a réagi Mario Beaulieu, porte-parole du Bloc Québécois en matière de langues officielles.