Alors que la pandémie a fait son entrée au Québec il y a deux ans, une marche et une cérémonie étaient organisées ce vendredi devant le CHSLD Yvon-Brunet pour commémorer les victimes de la COVID-19. En plus de rendre hommage aux disparus, l’événement a permis d’aborder plusieurs enjeux concernant les aînés.
«Aujourd’hui est une journée très importante, le 11 mars 2022, cela fait deux ans de pandémie, et on est là en la mémoire des personnes décédées», a déclaré la responsable du CHSLD Yvon-Brunet, Narimen Hemsas, en ouverture de la cérémonie. Cette dernière a remercié le Comité aîné de l’organisme de Concertation Ville-Émard–Côte-Saint-Paul, qui avait organisé l’événement.
À la suite d’une marche, plusieurs dizaines de personnes se sont réunies devant le CHSLD Yvon-Brunet. Pour l’occasion, on avait apposé sur le bâtiment des affiches sur lesquelles on pouvait lire «On se souvient 11 mars 2020» et un simple «Merci» serti de colombes.
Après une minute de silence, plusieurs intervenants ont pris la parole pendant la cérémonie sous les quelques flocons de neige qui tombaient doucement. Étaient présents les élus de l’Arrondissement du Sud-Ouest, le conseiller de Ville Alain Vaillancourt et la conseillère d’Arrondissement, Anne-Marie Sigouin, ainsi que des citoyens impliqués dans la cause des aînés par le biais de divers organismes, à l’instar de Jean-Claude Duclos.
Si le choix s’est porté sur le CHSLD Yvon-Brunet, c’est parce que ce dernier a été durement touché lors de la première vague de la pandémie: 120 résidents ont alors été atteints de la COVID-19 et 73 en ont perdu la vie. Vers la fin de l’été, une place publique sera aménagée aux alentours du lieu, afin de garder en mémoire les victimes de la maladie.
«Ces gens-là ont tous contribué à l’édification de notre district, de notre Sud-Ouest, de nos quartiers. Alors on aurait tous souhaité qu’ils puissent partir dans des conditions beaucoup plus dignes, malheureusement la pandémie en a décidé autrement», s’est désolée Anne-Marie Sigouin en soulignant l’importance de la commémoration et en saluant le travail des soignants.
Penser aux aînés
En plus de rendre hommage aux victimes de la pandémie, l’événement était aussi une occasion pour plusieurs participants d’aborder les enjeux qui touchent les aînés.
Jean-Claude Duclos, âgé de 88 ans, a été pendant huit ans bénévole au CHSLD Yvon-Brunet. Il est aujourd’hui impliqué au sein du Regroupement des organismes pour aînés et aînées du sud-ouest de Montréal (ROPASOM). Pendant la pandémie, le ROPASOM a mis en place plusieurs initiatives, comme des marches santé visant à briser l’isolement des aînés tout en encourageant l’activité physique et des rendez-vous Zoom.
«C’est important que tout le monde pense aux aînés décédés et aux familles […], mais il ne faut pas oublier que les plus jeunes vont devenir plus tard des aînés», a-t-il indiqué sagement. Lors de son discours durant la cérémonie, il a rappelé l’importance de mettre en place des initiatives pour accompagner les aînés.
Pour la médecin Isabelle Julien, qui travaille au CHSLD Yvon-Brunet, cette journée de commémoration est surtout un moyen de parler des besoins des aînés. «Je souhaite dans l’avenir qu’il y ait une meilleure compréhension des besoins des patients en CHSLD […] Ils ont besoin de contact, d’attention, de présence, de joie et aussi de bien manger et d’avoir les bons traitements des professionnels.»
Celle qui a travaillé à Yvon-Brunet pendant les vagues pandémiques souligne le manque de ressources et de main-d’œuvre dans les CHSLD.
«On n’a jamais eu autant d’attention dans les CHSLD que suite à cette crise-là, donc je vois plutôt ça comme le début d’un changement dans la conscience sociale de la présence des aînés en CHSLD.»