Andréanne Fiola, choisie pour représenter le Parti Québécois dans Saint-Henri–Saint-Anne, sait qu’elle a peu de chance d’être élue lors de l’élection partielle du 13 mars, elle qui récolte seulement 10% des intentions de vote. Malgré tout, elle veut donner l’option aux électeurs de voter pour une candidate ayant de l’expérience et des connaissances environnementales et qui fera la promotion de l’indépendance.
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«La lutte au changement climatique est une priorité pour beaucoup, mais n’en est pas une pour la CAQ», dit-elle, jugeant qu’il «manque de personnes avec ces connaissances-là [sur les enjeux environnementaux] à l’Assemblée nationale». Technicienne en environnement à la Ville de Mascouche et titulaire d’un baccalauréat en études de l’environnement, la candidate souhaite donc non seulement représenter les citoyens de l’arrondissement du Sud-Ouest au Salon bleu, mais également tous les Québécois, et défendre l’environnement.
Projection du vote dans Saint-Henri-Sainte-Anne
Christopher Baenninger, Parti libéral du Québec: 33%
Guillaume Cliche-Rivard, Québec solidaire: 33%
Victor Pelletier, Coalition avenir Québec: 16%
Andréanne Fiola, Parti québécois: 10%
Lucien Koty, Parti conservateur du Québec: 4%
Source: Qc125 (dernière mise à jour au 3 mars 2023)
L’accès au logement comme priorité
C’est cependant à la crise du logement et à la hausse du coût de la vie qu’Andréanne Fiola promet de s’attaquer en priorité si elle est élue.
Dans l’arrondissement du Sud Ouest, couvert par la circonscription, plus de 1000 logements se trouvent sur Airbnb. Des logements qui pourraient servir aux gens de Montréal ou aux nouveaux arrivants, critique-t-elle. Pour pallier ce problème, le PQ veut donner le pouvoir aux villes ayant un taux d’inoccupation de moins de 3% – c’est le cas pour Montréal – d’interdire les Airbnb.
La promotion du français demeure évidemment aussi une priorité pour la candidate péquiste. Près de 25% des citoyens du Sud-Ouest parlent l’anglais à la maison, «alors qu’au Québec, la langue officielle, c’est seulement le français», rappelle-t-elle. La langue de Molière est parlée par 55,4% de la population de Saint-Henri–Sainte-Anne, alors que 12,2% parlent une toute autre langue à la maison.
Bien sûr, la candidate du PQ continuera également à mettre de l’avant l’indépendance. Le Québec aurait ainsi plus de pouvoir et de d’agentivité dans la lutte aux changements climatiques, croit Mme Fiola. «C’est un enjeu qui n’est pas assez mis sur la table, mais qui serait une solution pour beaucoup de problèmes», dit-elle.
«Les pipelines, on n’en veut pas au Québec, mais malheureusement, ce n’est pas nous qui décidons ça, illustre-t-elle. En ayant notre pays, on pourrait prendre nos propres décisions par rapport à ça.» S’il était souverain, le Québec aurait également la main mise sur les enjeux liés à l’immigration, comme la fermeture du chemin Roxham, affirme-t-elle.
Différents résultats, même rapport de force
Après avoir terminé au quatrième rang dans la circonscription de Laval-des-Rapides aux dernières élections générales, la Lavalloise Andréanne Fiola se mesurera cette fois au libéral Christopher Beanninger, battu en octobre dernier dans la circonscription de Manon Massé, et au solidaire Guillaume Cliche-Rivard. À l’automne, ce dernier avait mené une lutte acharnée contre l’ex-députée de la circonscription et ex-cheffe du Parti libéral du Québec Dominique Anglade.
Malgré ses 23 ans, Mme Fiola ne manque pas d’expérience en politique. Avant de tenter sa chance aux élections provinciales, elle s’est présentée, sans succès, aux élections municipales à Laval en 2017 et 2021.
La circonscription de Saint-Henri–Sainte-Anne n’est pas inconnue pour la Lavalloise. Dans une autre vie, alors qu’elle travaillait pour la Ville de Montréal, Andréanne Fiola faisait du porte-à-porte pour tester la qualité de l’eau de différents domiciles. «C’est drôle de se dire que je vais resonner chez ces gens-là dans le cadre de ma campagne.»
Peu importe qui remporte cette circonscription, la CAQ restera majoritaire et le PLQ demeurera la première opposition. Si QS l’emporte, le parti pourra démontrer qu’il peut encore faire des avancées sur l’île de Montréal. Si le Parti libéral conserve Saint-Henri–Saint-Anne, château fort libéral depuis 1994, il pourra renforcer son impression en tant que première opposition. Qu’est-ce que les résultats de cette élection partielle viendront réellement changer pour le PQ?
La réponse est simple pour Mme Fiola: si elle gagne, elle pourra venir prêter main forte aux députés de son parti. «Trois, ce n’est pas beaucoup. Je vais pouvoir venir leur prêter main forte, ils vont avoir moins de poids sur leurs épaules.» Plus de députés, plus de bras au Salon bleu pour porter motions et projets de loi, en plus de défendre la philosophie du parti et son projet de société, conclut-elle.
Au moment d’écrire ses lignes, Andréanne Fiola et Beverly Bernardo, une candidate indépendante, seront les seules femmes à apparaitre sur les bulletins de vote de l’élection partielle. Selon la première, son genre pourrait jouer en sa faveur. «Certaines personnes qui voteraient pour un autre parti en temps normal pourraient choisir de voter pour moi parce qu’ils souhaitent voter pour une femme», explique-t-elle. Rappelons que depuis sa création en 1994, la circonscription de Saint-Henri–Saint-Anne a toujours été représentée par des femmes.
Résultats électoraux dans Saint-Henri–Sainte-Anne aux élections générales d’octobre 2022
Dominique Anglade, Parti libéral du Québec: 36,15%
Guillaume Cliche-Rivard, Québec solidaire: 27,72%
Nicolas Huard-Isabelle, Coalition avenir Québec: 17,73%
Julie Daubois, Parti Québécois: 8,27%
Mischa White, Parti conservateur du Québec: 6,36%