Une vingtaine de résidents de Pointe-Saint-Charles ont eu toute une frousse mardi dernier, sauvés in extremis, alors qu’un des logements de leur immeuble passait au feu.
Il était à peine 17 h lorsqu’Annie*, une résidente de l’immeuble situé au 330, rue Charon à Pointe-Saint-Charles, a cru entendre des hurlements provenant de la rue. C’est en sortant sur son balcon qu’elle s’est rendu compte que ses voisins de résidences adjacentes, rassemblés dans la rue, criaient «feu!». Cette information à peine assimilée dans l’esprit d’Annie qu’une fenêtre d’un logement du troisième étage a éclaté, laissant jaillir des flammes et un nuage de boucane.
«Je n’ai jamais entendu d’alarme. En sortant en vitesse de mon appartement, j’ai vu qu’il y avait plein de fumée dans le couloir». Devant son immeuble, elle a vu d’autres rescapés, dont une mère, un bambin dans les bras, entourée d’enfants, et une dame en pyjama fragilisée par un cancer du poumon.
Bien que les pompiers soient parvenus à maîtriser l’incendie, Annie ne sait toujours pas ce qu’il adviendra de son logement qu’elle occupait seulement depuis mars dernier. Prise en charge par la Croix-Rouge ces trois derniers jours, elle doit maintenant quitter sa chambre d’hôtel qui lui servait dès lors de refuge. Elle compte alors s’installer temporairement chez une amie, le temps qu’elle se trouve «quelque chose».
Au total, six ménages, soit 21 personnes, qui résidaient jusqu’alors dans ces habitations à loyer modique, devront être relocalisés à plus long terme «étant donné l’ampleur du sinistre», a indiqué par courriel l’Office municipal d’habitation de Montréal (OMHM). À ce propos, Annie confirme que ce dernier lui a proposé un logement qu’elle a toutefois refusé. «Il était beaucoup plus petit que celui que j’avais et le voisin m’a dit qu’il était infesté de rats.»
Bien qu’il reconnaisse qu’il y a des enjeux de salubrité au sein de son parc locatif, l’OMHM a assuré à Métro que «si on lui avait proposé ce logement, c’est qu’il devait être correct. Une extermination a dû déjà être faite».
Quoi qu’il en soit, Annie est toujours à la recherche d’un chez soi. Dans l’attente, elle peine à digérer cette expérience. Elle est «reconnaissante d’être en vie», mais s’explique mal pourquoi elle n’a jamais entendu le son d’une alarme lors de l’incendie. «Un problème technique avec toutes nos alarmes en même temps? s’interroge-t-elle. Si l’on n’avait pas été prévenu par les voisins, je me demande ce qui se serait passé. Il y avait des enfants dans l’immeuble. Heureusement, il n’y a eu aucun blessé.»
L’OMHM a souligné que «les avertisseurs de fumée des sept logements ont été remplacés en 2022 et les logements ont maintenant des appareils dont les piles sont bonnes pour au moins 10 ans».
«Je me suis ramassée à la rue avec mes cinq enfants»
Marie-France Prescott est la mère de famille qu’Annie a aperçue en se sauvant de l’immeuble en feu. Mme Prescott, résidente du 330, rue Charon depuis cinq ans, venait d’installer ces enfants devant la télévision et s’apprêtait à préparer leur souper.
C’est à ce moment que sa voisine d’en haut aurait commencé soudainement à faire «énormément de bruits». Importunée, celle-ci explique qu’en mettant le film de ses enfants en sourdine, elle a entendu la sonnerie du détecteur de fumée qui s’était déclenché dans le logement supérieur. Une situation plutôt anodine, étant donné que sa voisine était de nature assez bruyante et qu’il n’était pas rare que son détecteur de fumée sonne en pleine nuit. «Elle empêchait mes enfants de dormir. J’avais beau avertir la police ou l’OMHM, ça ne bougeait pas.»
L’inquiétude s’est matérialisée lorsque Mme Prescott a vu des objets tomber du balcon de sa voisine, puis a entendu des gens à l’extérieur la sommer de quitter l’immeuble en flamme. Heureusement, elle est parvenue à sortir avec ces quatre enfants qui étaient présents avec elle au moment de l’incendie. Ses douze chats en sont également ressortis sains et saufs. Elle se console aussi d’avoir reçu hier les clés d’un nouveau logement déniché par l’OMHM, où elle a hâte de s’y réunir avec ses cinq enfants qui demeurent depuis mardi chez leur père.
La mère se désole toutefois en pensant qu’elle a «probablement tout perdu dans le logement». Malgré tout, ce drame est illuminé par le mouvement de solidarité et de générosité qui a émané de la communauté depuis l’incendie. Sa famille a reçu du soutien d’amis, d’organismes locaux et d’écoles de quartier au niveau de la distribution de nourriture et de vêtements.
Il s’agit d’un nom fictif d’une résidente qui préfère préserver son anonymat.