Après la première conférence de presse du président désigné Donald Trump, Métro s’est entretenu avec Frédérick Gagnon, titulaire de la Chaire Raoul-Dandurand de l’UQAM et directeur de l’Observatoire sur les États-Unis, pour y voir plus clair.
Comment M. Trump a-t-il géré cette première conférence de presse?
C’est le style Trump! Il improvise. Il ne se prépare visiblement pas ou peu par rapport aux présidents qui l’ont précédé. Il est tout le temps dans l’hyperbole et en surface, mais ses partisans ont probablement aimé sa performance d’hier matin. Mais il n’y a pas vraiment eu de détails sur ce qu’il compte faire sur le plan politique.
Que doit-on retenir de ses propos?
Trump est Trump et sera toujours Trump. Depuis le début de la campagne, on dit qu’il va changer, qu’il va ajuster son discours, qu’il deviendra plus présidentiel. Mais ce n’est pas ce que j’ai constaté [hier]. Il ressemblait au Trump de la campagne électorale. Il est tout le temps sur la défensive. Il a même encore attaqué Hillary Clinton, alors qu’il a gagné. Il a un style paranoïaque, il voit des adversaires partout. Un peu comme Nixon, qui pensait que tout le monde jouait dans son dos.
Quel était l’objectif de Trump au cours de cette conférence?
Il voulait répondre à certaines critiques liées à des conflits d’intérêts entre son entreprise et son rôle de président. Mais aussi répondre à des critiques médiatiques formulées à son sujet. Il a d’ailleurs directement attaqué CNN et Buzzfeed, qui sont un peu à l’origine de tout ça.
Justement, qu’est-ce que cela laisse présager au sujet de sa relation avec les médias durant son mandat?
Au cours de l’histoire de la présidence, on a vu parfois des journalistes se voir interdire l’accès à la Maison-Blanche lorsqu’ils devenaient trop critiques. Mais en général, ça se faisait dans les couloirs. Alors que là, Trump semble vouloir exposer au grand jour la haine qu’il éprouve pour les médias. C’est à son avantage de le faire, car certains de ses partisans sont convaincus que des médias plus traditionnels sont à la solde du parti démocrate. Ce qu’on a vu montre qu’il n’hésitera pas à envoyer paître les journalistes qui le contredisent. Alors, certains feront peut-être davantage preuve de prudence dans la manière de poser leurs questions pour ne pas le fâcher.
Peut-on craindre un verrouillage de la communication?
Il aime l’attention, on l’a vu durant la campagne électorale. Il aime être sous les projecteurs. On le voit d’ailleurs dans sa manière de communiquer sur Twitter. Je n’ai pas l’impression qu’il va s’arrêter de communiquer. Faire ce qu’il a fait en conférence de presse, c’est payant pour lui, car ses partisans aiment ça.