Les politiques anti-tabac ont fortement augmenté ces dix dernières années, se félicite l’Organisation mondiale de la santé (OMS), tout en déplorant la persistance des cigarettiers pour entraver la lutte contre le tabagisme, responsable de plus de sept millions de morts chaque année.
Davantage de pays ont pris des mesures pour décourager l’usage des produits du tabac, à l’instar de mises en garde sur les paquets de cigarettes, des interdictions de publicité ou encore l’instauration de zones non-fumeur, explique ce rapport sur l’épidémie mondiale de tabagisme présenté mercredi à l’ONU, à New York.
Aujourd’hui, 4,7 milliards de personnes environ peuvent bénéficier d’au moins une mesure de contrôle anti-tabac, soit quatre fois plus qu’en 2007.
«Des stratégies pour mettre en oeuvre de telles mesures ont sauvé des millions de personnes d’un décès précoce», selon l’OMS qui a établi, à cet effet, le programme MPOWER en 2008 pour favoriser les interventions des gouvernements contre le tabac.
MPOWER a été lancé en lien avec la convention-cadre de l’OMS pour endiguer l’épidémie aggravée par la mondialisation en mettant en œuvre six stratégies pour décourager l’usage du tabac.
Il s’agit de contrôles de la consommation de ces produits et de politiques de prévention, de protection du public contre la fumée, d’aides pour cesser de fumer, de mises en garde contre les dangers du tabac, de faire respecter des interdictions de publicités, de promotion ou de sponsorisation et d’augmentation des taxes.
Un décès sur dix
«Les gouvernements dans le monde devraient ne pas perdre de temps pour incorporer toutes les dispositions de la convention de l’OMS sur le contrôle du tabac dans leurs programmes nationaux de lutte contre le tabagisme», a insisté devant les Nations unies le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, directeur-général de l’OMS.
«Ils doivent aussi réprimer le marché illicite des produits du tabac qui exacerbe l’épidémie mondiale de tabagisme et ses conséquences sanitaires et socio-économiques néfastes», a-t-il jugé.
«En travaillant ensemble, a fait valoir le Dr Tedros, des pays peuvent éviter des millions de morts chaque année […], économisant en même temps des milliards de dollars annuellement en soins médicaux».
Ce dernier rapport de l’OMS, financé par Bloomberg Philanthropies, qui regroupe les différentes activités charitables du milliardaire et ancien maire de New York, Michael Bloomberg, se concentre sur la surveillance de l’utilisation du tabac et des politiques de prévention.
«Un décès sur dix dans le monde est provoqué par le tabac mais on peut changer cela avec les mesures de lutte contre le tabagisme du programme MPOWER qui s’est avéré très efficace», a souligné Michael Bloomberg, ambassadeur de l’OMS pour les maladies non-transmissibles.
« Des progrès ont été accomplis partout dans le monde comme le montre ce report qui indique qu’il est possible pour les pays de vaincre le tabagisme », a-t-il ajouté.
Les auteurs ont constaté qu’un tiers des pays dans le monde ont mis en place des systèmes étendus pour contrôler la consommation du tabac.
Contrer les tactiques de l’industrie
Même si cela représente un net progrès par rapport à dix ans auparavant, quand seulement un quart des nations avaient mis en œuvre de telles mesures, les gouvernements doivent encore faire davantage dans ce domaine en y consacrant plus de ressources ou en les érigeant en priorités nationales, pointe l’OMS.
Le rapport montre aussi que huit pays, dont cinq à revenu faible ou intermédiaire, ont déjà déployé au moins quatre des six stratégies du programme.
Ce sont le Brésil, l’Iran, l’Irlande, Madagascar, Malte, Panama, la Turquie, le Royaume-Uni et l’Irlande du Nord.
L’OMS insiste aussi sur l’importance de surveiller et de contrer systématiquement les tactiques de l’industrie du tabac.
Elles consistent à exagérer l’importance économique de cette activité, à discréditer la science montrant la nocivité du tabac ou à lancer des actions en justice pour intimider les gouvernements.
Réduire la consommation de tabac est une partie essentielle du Programme de développement durable à l’horizon 2030 des Nations unies établi en 2015.
Un des objectifs-clés est de réduire d’un tiers le nombre de décès prématurés résultant de maladies non-transmissibles (pathologies cardio-vasculaires, pulmonaires, cancer et diabète) dans lesquelles le tabagisme est un facteur important.
Plus de 80% des 40 millions de morts prématurées par an se produisent dans les pays les plus pauvres et à revenus intermédiaire, selon l’OMS.