Apple a supprimé de son app store en Chine des logiciels permettant de contourner les vastes restrictions en ligne mises en place par les autorités, a confirmé dimanche la société américaine, déclenchant des critiques selon lesquelles elle s’incline devant la censure de Beijing.
Depuis des années, les internautes chinois cherchent à contourner la « grande muraille » informatique qui censure le web – interdisant notamment Facebook et Twitter – en utilisant des réseaux privés virtuels (VPN).
Depuis janvier, les développeurs doivent obtenir des licences gouvernementales pour pouvoir proposer des services VPN, ce qui a conduit à la décision d’Apple.
«On nous a demandé de supprimer certaines applications VPN en Chine qui ne respectaient pas les nouvelles réglementations, a déclaré Apple à l’AFP dimanche. Ces applications restent disponibles dans tous les autres marchés où elles existent.»
Deux fournisseurs majeurs, ExpressVPN et Star VPN, ont annoncé samedi qu’Apple les avait informés que leurs produits n’étaient désormais plus disponibles en Chine. Les deux entreprises ont dénoncé cette décision.
«Notre première recherche indique que toutes les principales applications VPN pour iOS ont été supprimées», a déclaré ExpressVPN dans un communiqué, dénonçant une mesure «surprenante et malheureuse».
«Nous sommes déçus par cette décision, qui représente la mesure la plus drastique que le gouvernement chinois a prise à ce jour pour bloquer l’utilisation des VPN, et nous sommes troublés de voir Apple aider la Chine dans ses efforts de censure», a-t-il ajouté.
Star VPN a écrit sur Twitter: « C’est un précédent très dangereux qui peut conduire à des mouvements similaires dans des pays comme les Émirats arabes unis, etc. où les gouvernements contrôlent l’accès à internet».
La Chine a des centaines de millions d’utilisateurs de smartphone et représente à ce titre un marché primordial pour Apple, l’iPhone étant très populaire dans le pays.
Alors que la Chine possède le plus grand nombre d’internautes au monde, un rapport de 2015 du think tank américain Freedom House a révélé que le pays avait la politique en ligne la plus restrictive, sur 65 nations étudiées, faisant pire que l’Iran et la Syrie.
La Chine soutient que les différentes formes de censure mises en place sont nécessaires pour sa sécurité nationale.
La volonté d’interdire les VPN intervient après l’adoption en novembre d’un projet controversé de cybersécurité, venant renforcer les restrictions sur la liberté d’expression en ligne et imposer de nouvelles règles aux fournisseurs de services.
Avec l’entrée en vigueur du règlement en juin, les autorités ont fermé des dizaines de blogs reconnus et ont publié de nouvelles règles sur les contenus vidéo afin d’éliminer les programmes jugés offensants.