Le président américain Donald Trump a assuré mercredi qu’il était prêt à travailler avec les démocrates, désormais majoritaires à la chambre basse du Congrès, mais à condition qu’ils renoncent à leurs projets d’enquêtes sur sa présidence et ses finances.
«C’était un grand jour, un jour incroyable», a déclaré Donald Trump lors d’une conférence de presse à la Maison-Blanche. «Le parti républicain a défié l’histoire pour étendre notre majorité au Sénat et en déjouant de façon importante les prévisions à la Chambre».
Les démocrates ont ravi une trentaine de sièges à la Chambre des représentants et devraient en obtenir 229 contre 206 républicains, selon les dernières estimations du New York Times. Au Sénat, la majorité républicaine devrait passer de 51 à 53 sièges, sur 100.
Le fait que les démocrates contrôlent la moitié du Congrès rendra les choses «plus simples», a-t-il poursuivi, lors de cette rencontre parfois tendue avec les journalistes. Il y aura «moins de paralysie», selon lui. «Les démocrates viendront nous voir avec un plan sur les infrastructures, sur la santé, sur ce qu’ils veulent. Et nous négocierons».
Politiquement, le président calcule que négocier avec une Chambre démocrate lui facilitera la tâche, par rapport à la situation des deux premières années de son mandat, où la majorité républicaine était constamment soumise aux menaces de défections internes, entre les ailes modérées et ultra-conservatrices. À l’inverse, selon lui, les démocrates «se serrent les coudes» et votent en bloc.
«Si les démocrates ont une idée pour baisser les impôts, j’y crois beaucoup, j’étudierais absolument l’idée», a-t-il proposé, en évoquant aussi un hypothétique compromis sur l’immigration.
Mais il a évoqué les menaces d’enquêtes parlementaires promises par les nouveaux maîtres de la Chambre, notamment pour obtenir les feuilles d’impôts du milliardaire, et prévenu: «On ne peut pas faire les deux simultanément. Peut-on faire les deux? Non. S’ils font cela, ils ne feront pas le reste».
«Ils peuvent jouer à ce petit jeu, mais nous sommes meilleurs», a menacé Donald Trump. Il a sous-entendu qu’il lancerait des enquêtes pour la fuite de documents classifiés par des sénateurs démocrates.
Quant à ses déclarations de revenus, qu’il a toujours refusé de rendre publiques contrairement à ses prédécesseurs, il a dit qu’il n’avait pas changé d’avis, prétextant des contrôles fiscaux en cours depuis des années: zPersonne ne publie sa feuille d’impôts pendant un contrôle fiscal».
Si les démocrates persistaient, «l’État sera paralysé», a-t-il dit.
Les démocrates ont aussi gagné sept postes de gouverneurs – chefs de l’exécutif des États – mais ont échoué en Floride, grand État qui sera au centre de l’élection présidentielle de 2020 et que les démocrates croyaient mûr pour la reconquête.
La demi-victoire est d’autant plus légitime que la participation a été très forte pour des élections de mi-mandat, sans être toutefois du niveau d’une année présidentielle.
Les chiffres ne sont centralisés par aucune autorité électorale, mais environ 30 millions d’Américains de plus pourraient avoir voté par rapport à 2014, selon le New York Times, soit environ 114 millions contre 83.
Le taux de participation est estimé à environ 47% de la population ayant le droit de vote, contre 37% en 2014, selon l’expert Michael McDonald, de l’université de Floride.
À partir de l’entrée en fonction du prochain Congrès, le 3 janvier 2019, Donald Trump ne pourra plus faire adopter ses lois sans transiger avec les démocrates. Ceux-ci ont désormais un droit de veto sur le budget de la nation. Son mur à la frontière mexicaine, qu’il n’avait déjà pas réussi à faire financer dans le Congrès actuel, a toutes les chances de rester virtuel.
Et la Chambre va lancer une myriade d’enquêtes parlementaires sur les conflits d’intérêts, les finances personnelles et les interventions du milliardaire dans l’enquête du procureur spécial sur la Russie.
Nancy Pelosi a fixé la feuille de route mardi soir dans un discours de victoire: la nouvelle Chambre «rétablira le devoir constitutionnel de contrôle de l’administration Trump».
«La bataille va se durcir. Il y a désormais un veto dans le système pour bloquer Trump et le Sénat», dit à l’AFP le politologue Larry Sabato, de l’université de Virginie.
Le milliardaire s’estime quoiqu’il arrive conforté dans la ligne dure qu’il a adoptée dans la campagne des législatives, qu’il a focalisée sur le danger présenté par l’immigration clandestine.
Il a commencé sa conférence de presse en énumérant les candidats républicains qui avaient pris leur distance avec lui pendant la campagne… et qui ont perdu.
Le président de 72 ans sait en outre que les élections de mi-mandat ne peuvent pas servir de présage pour la présidentielle suivante. Barack Obama, après sa «déculottée» de 2010, avait été réélu facilement en 2012.