Si les États-Unis comptent accroître leur indépendance énergétique au cours des prochaines années, ils n’abandonneront pas pour autant leurs importations de pétrole canadien. De passage au Conseil des relations internationales de Montréal (CORIM), l’ambassadeur américain au Canada, David Jacobson, s’est fait rassurant mardi quant à la vitalité des relations commerciales entre les deux pays, notamment dans le domaine de l’énergie.
Citant un rapport de l’Agence internationale de l’Énergie (AIE), parue en novembre, M. Jacobson a rappelé que les États-Unis deviendraient en 2020 les premiers producteurs de pétrole au monde. «Nous continuerons malgré tout notre relation d’interdépendance avec le Canada, avec qui nous entretenons le plus gros marché énergétique intérieur au monde», a déclaré l’ambassadeur.
Présentement, 27 % du pétrole importé par les États-Unis provient du Canada, leur premier fournisseur, loin devant l’Arabie saoudite (12 %). Bien que le Canada figure toujours dans les plans de ses voisins du sud, M. Jacobson projette que les Américains importeront deux fois moins de barils de pétrole d’ici 2020, passant de 8 millions par jour à 4 millions.
Le diplomate d’allégeance démocrate a également cherché à apaiser les craintes face à la perspective d’une nouvelle récession aux États-Unis. «Notre plus grand défi par rapport au Canada sera de mettre de l’ordre dans notre économie. Quand ça va bien chez nous, ça va bien chez vous», a-t-il résumé, en insistant sur l’importance cruciale des négociations en cours au Congrès américain sur le budget.
Si démocrates et républicains ne parviennent pas à s’entendre d’ici le 1er janvier 2013, une série de baisses d’impôts viendront à terme et d’importantes dépenses gouvernementales seront sabrées. La plupart des analystes craignent que ce «précipice fiscal» soit accompagné d’une hausse de chômage provoquant une nouvelle récession. «C’est quelque chose que personne ne souhaite, tant chez les démocrates que chez les républicains», affirme M. Jacobson. Ce dernier s’attend néanmoins à ce que l’économie, encore durement affectée par la crise de 2008, sorte revigorée du bras de fer actuel au Congrès.
Dans l’ensemble, la réélection de Barack Obama le 6 novembre dernier signifie selon M. Jacobson que les relations entre les États-Unis et le Canada demeureront aussi fortes qu’elles l’ont été lors des quatres dernières années. Il s’agit, d’après l’homme politique, de la plus importante relation au monde entre deux pays. «Cela tient à la proximité entre le président et le peuple canadien. Barack Obama est plus populaire au Canada qu’aux États-Unis!, lance M. Jacobson à la blague. Il souhaiterait seulement que vous puissiez voter pour lui.»
Du travail à faire
L’ambassadeur américain a évoqué plusieurs projets à finaliser entre le Canada et les États-Unis au cours du prochain mandat présidentiel :
- L’oléoduc Keystone XL, qui doit transporter du pétrole de l’Alberta vers les raffineries du sud des États-Unis
- Le nouveau pont Détroit-Windsor
- Le partenariat Transpacifique, un accord commercial entre 11 pays des Amériques et de l’Asie