Dimanche, la présidence de Donald Trump aura deux ans. Et alors qu’on s’attend à ce qu’il brigue un deuxième mandat en 2020, le président des États-Unis fait face à une menace de destitution et à plusieurs débats houleux. Métro revient sur les événements qui ont marqué la première moitié de la présidence du 45e occupant de la Maison-Blanche et dresse un portrait de ce que pourraient être les deux années à venir.
Ponctuée de controverses, la présidence de Donald Trump connaît déjà une forte baisse de popularité. Selon la firme Gallup, à la fin de 2018, le taux de désapprobation du magnat de l’immobilier était de 55%, contre un taux d’approbation de 39%.
«Le président est polarisant. Il a essayé de mettre en œuvre son idéal de “l’Amérique en premier” (America First) en limitant l’immigration, en défendant le secteur industriel américain, en imposant des taxes sur les biens importés et en critiquant des accords multilatéraux, ou en s’en retirant», explique à Métro le professeur de science politique à l’université Elizabethtown, Fletcher McClellan.
«En même temps, poursuit le professeur, il gouverne comme un ultra-conservateur, en coupant dans les impôts des riches et des corporations, en déréglementant le marché et en faisant la promotion de causes associées aux fondamentalistes religieux. Comme le démontre le plus récent shutdown partiel du gouvernement, le président préfère la confrontation au compromis.»
«La plus grande différence entre Trump et ses prédécesseurs, c’est sa réticence à servir de leader moral. Il le démontre en tergiversant lorsqu’on le confronte sur les violences raciales, en hésitant à changer sa politique sur la séparation des familles à la frontière mexicaine, et, selon plusieurs vérificateurs de faits, en racontant des milliers de mensonges et de déclarations trompeuses.» – Fletcher McClellan, professeur de science politique à l’université Elizabethtown
Si l’homme de 72 ans reste populaire auprès des républicains et que ceux-ci contrôlent toujours le Sénat, sa troisième année à la Maison-Blanche commence dans une Chambre des représentants majoritairement démocrate. Les résultats imminents de l’enquête de Robert Mueller sur l’ingérence russe pèsent aussi dans la balance.
Succès et erreurs
«Trump a eu quelques victoires législatives, note le professeur de science politique à l’université Hamline David Schultz. L’abrogation du “mandat individuel” pour Obamacare,
la réforme du code des impôts et l’adoption du projet de loi sur l’incarcération de masse sont les plus notables. Il a aussi signé plusieurs ordres exécutifs visant à freiner l’immigration et à renverser des ordres exécutifs de Barack Obama portant sur l’environnement, les droits civiques et les droits des travailleurs. Plusieurs
de ces décisions sont
contestées en cour.»
Si M. McClellan admet que l’économie se porte bien pendant le mandat de Donald Trump – une croissance de près d’une décennie qui a débuté sous Barack Obama –, le professeur de science politique prévient que ses tarifs agressifs sur les importations risquent de nuire aux secteurs économiques dépendant des échanges internationaux, en plus de susciter des craintes liées à l’inflation.
«Pour quelqu’un qui a profité d’un Congrès complètement républicain pendant deux ans, les accomplissements législatifs de Trump sont assez modestes, commente le professeur McClellan. Ses plus grands succès auront été de transformer la magistrature fédérale en nommant deux juges conservateurs à la Cour suprême.»
«Je pense que Trump va se représenter en 2020. Du moins, pour l’instant. Il a recueilli beaucoup d’argent pour sa campagne.» – David Schultz, professeur de science politique à l’université Hamline
Trump dans le monde
Selon le professeur Schultz, les événements qui ont marqué la présidence Trump sur la scène internationale sont le retrait des États-Unis de l’Accord de Paris, de l’accord de partenariat transpacifique et de l’accord sur le nucléaire iranien. Le président a aussi retiré le pays du Conseil des droits de l’Homme de l’ONU, note-t-il.
«L’erreur de Trump, c’est qu’il se met ses alliés à dos, analyse le professeur. Il continue d’exiger un mur à la frontière mexicaine, alors qu’il prétendait au départ que le projet serait financé par le Mexique. Il a annoncé que ses troupes quitteraient la Syrie et l’Afghanistan, a initialement fait planer la menace d’une guerre avec la Corée du Nord et s’est engagé dans une guerre commerciale avec la Chine. Le président a fait l’éloge de Vladimir Poutine et de Kim Jong-un, et s’est disputé avec Angela Merkel et Emmanuel Macron. Et, en général, il donne l’impression que les droits de l’Homme le laissent indifférent.»
Deux ans de Trump en quatre faits
- Plus de Latinos s’inquiètent de leur place aux États-Unis. Selon le Pew Research Center, 49% d’entre eux se disent sé-rieusement préoccupés par la place qui leur revient aux États-Unis. Toutefois, 46% se disent confiants.
- Depuis 2018, les arrestations à la frontière sont en hausse. Il y a eu près de 416 000 arrestations dans les 11 premiers mois de 2018, un record depuis 2014.
- Donald Trump reste très peu populaire à l’international. Une étude du Pew Research Center menée dans 25 pays en octobre conclut que 70% des répondants ont une image négative du président.
- Selon les Européens de l’ouest, le gouvernement américain ne respecte pas les droits de sa population. En France, en Allemagne, en Pologne, en Espagne et au Royaume-Uni, pays sondés depuis 2008, les perceptions ont changé. Plus de personnes (57%) disent maintenant que la Maison-Blanche ne respecte pas les droits et libertés de ses citoyens. Près de 40% des gens sondés pensent le contraire.
Deux ans de pouvoir et de controverses en six dates
La signature du décret
anti-immigration – 27 janvier 2017
Le président a donné l’ordre exécutif d’interdire l’entrée du pays aux visiteurs de sept pays majoritairement musulmans: l’Iraq, la Syrie, l’Iran, la Lybie, la Somalie, le Soudan et le Yémen.
La nomination de Robert Mueller dans l’enquête Trump-Russie – 17 mai 2017
L’ex-directeur du FBI est responsable de l’enquête sur l’ingérence russe dans les élections de 2016. Des douzaines d’arrestations et au moins huit plaidoyers de culpabilité et condamnations ont suivi.
Les événements de Charlottesville – 12 août 2017
Une manifestante est tuée par un membre de l’extrême droite lors d’un rassemblement anti-racisme. Trump dénonce des violences «des deux côtés», ce qui provoque la controverse. Deux jours après, il condamne le suprémacisme blanc.
Le centre de détention Guantanamo reste finalement ouvert – 22 janvier 2018
Le 45e président des États-Unis signe l’ordre exécutif visant à maintenir Guantanamo ouvert, ce qui annule les efforts de Barack Obama de fermer la prison militaire à haute sécurité.
La rencontre avec le leader nord-coréen, Kim Jong-un – 12 juin 2018
Les deux dirigeants se rencontrent à Singapour, une première. Ils planifient d’ailleurs un autre sommet cette année.
Inauguration de l’ambassade américaine à Jérusalem – 14 mai 2018
C’est la fille du président, Ivanka Trump, qui assiste à l’événement officiel, alors qu’au même moment,
58 Palestiniens sont tués et
2 400 autres blessés par les forces israéliennes.