NIGERIA- Le 14 avril 2014, des hommes armés du groupe Boko Haram ont pris d’assaut l’internat pour filles du lycée de Chibok, alors en pleine semaine d’examen du baccalauréat, obligeant 276 élèves, âgées de 12 à 17 ans, à grimper dans des camions avant de s’enfoncer dans la brousse.
Quelque 57 otages réussiront à s’échapper en sautant des véhicules en marche et à rentrer chez elles. Le combat pour leur libération a ému le monde entier et est devenu un enjeu électoral pour Muhammadu Buhari, élu président un an plus tard sur la promesse de les retrouver.
Au total, 107 d’entre elles ont été libérées au terme de négociations avec le groupe, notamment en échange de prisonniers, ou se sont échappées et ont été retrouvées par l’armée.
La jeune Hauwa, 12 ou 13 ans à l’époque, fait partie des 112 jeunes filles dont les familles et les autorités sont toujours sans nouvelles.
Certaines ont-elles été tuées dans des bombardements de l’armée nigériane, comme l’a affirmé le groupe djihadiste? D’autres sont-elles mortes de maladies ou de faim, résultat d’une stratégie de l’armée nigériane qui a longtemps tenté d’asphyxier le groupe en bloquant toutes ses ressources d’approvisionnement? Ont-elles été converties aux croyances radicales du groupe djihadiste?
«L’enlèvement d’Hauwa nous a vraiment fait du mal, c’est comme si on nous avait tous enlevés ensemble», confie sa mère.
«Nous demandons au gouvernement d’investir plus d’efforts pour ramener nos filles et nous réunir.» Musa Maina, père d’Hauwa, disparue de Chibok
Le temps semble avoir dilué les espoirs de retrouver les jeunes femmes. Le slogan «Bring Back Our Girls» (Ramenez nous nos filles), relayé à l’époque jusqu’à la Maison-Blanche par Michelle Obama, n’est plus partagé que par une poignée d’irréductibles, étouffé par d’autres tragédies dans ce pays de 190 millions d’habitants rongé par la criminalité et les conflits.
En presque 10 années de conflit, ce groupe terroriste a fait 27 000 morts au Nigeria, où près de 2 millions de personnes ne peuvent toujours pas regagner leur foyer. Il a aussi débordé dans les pays voisins : Niger, Tchad, Cameroun. agence france-presse