Égypte. Le Parlement égyptien a approuvé hier un amendement à la constitution permettant au président Abdel Fattah al-Sissi, élu en 2014 et accusé de graves violations des droits de l’homme, de rester au pouvoir jusqu’en 2030.
Le texte, approuvé par la majorité des 596 députés, stipule que «le mandat actuel du président doit se terminer au bout de 6 ans» et qu’il «peut être réélu pour un autre mandat» de 6 ans.
Il permet donc de faire passer le deuxième mandat de M. Sissi de quatre à six ans, portant ainsi son terme à 2024.
Le chef de l’État pourrait en outre se représenter en 2024 à un troisième mandat. Le nombre de mandats était jusqu’à présent limité à deux.
Le vote du Parlement doit encore être suivi d’un référendum, qui devrait être organisé dans les prochains jours. La campagne pour cette consultation a déjà commencé avec de nombreuses banderoles déployées dans les rues du Caire depuis plusieurs jours.
Outre la durée du mandat présidentiel, la révision constitutionnelle, en vertu d’autres amendements, doit accroître le contrôle du pouvoir judiciaire par l’exécutif et institutionnaliser le rôle politique de l’armée, pilier du régime.
«[Les amendements] vont élargir les procès militaires pour les civils, saper l’indépendance- de la justice-, renforcer l’impunité- des membres des forces de l’ordre pour les violations des droits de l’homme et intensifier le climat de répression qui existe déjà dans
le pays.» Amnistie internationale
M. Sissi a été élu en 2014, un an après avoir renversé avec l’armée, à la faveur d’un mouvement populaire, le président islamiste Mohamed Morsi, dont il était le ministre de la Défense.
Sa réélection en 2018 a eu lieu dans le cadre d’un scrutin marqué par la présence d’un seul rival, relégué au rang de faire-valoir, et par une série d’arrestations d’opposants.
Chantre de la stabilité et de la lutte antiterroriste auprès des chancelleries occidentales, M. Sissi, 64 ans, est accusé par les ONG de graves violations des droits de l’homme : torture, disparitions, record d’exécutions capitales, emprisonnement d’opposants, musellement de la presse, etc.
Ses partisans au Parlement maintiennent que la révision constitutionnelle s’avère indispensable à la stabilité politique et économique du pays.