Pressé d’agir après de nouvelles fusillades meurtrières, Donald Trump s’est dit vendredi favorable à des réformes de «bon sens» sur les ventes d’armes, tout en apportant un soutien sans réserve au puissant lobby NRA qui fait douter de ses intentions.
Six jours après les tueries à El Paso (sud) et Dayton (nord-est), où des jeunes hommes armés de fusils d’assaut ont abattu 31 personnes, le président américain a exhorté à tenir les armes à feu hors de portée des «personnes malades mentalement et dérangées».
Dans des tweets matinaux, il a souligné que les leaders du Congrès avaient entamé des «discussions sérieuses» sur une éventuelle réforme des «vérifications des antécédents» des acheteurs d’armes.
Il y a un «soutien extraordinaire» au Congrès à ce sujet, a-t-il ensuite affirmé à la presse. «Le temps de l’inaction est terminé», a-t-il insisté.
Donald Trump a toutefois confirmé avoir discuté avec des responsables de la National Rifle Association (NRA), qui s’opposent eux farouchement à toute régulation du marché des armes, soulignant que leurs vues devaient être «respectées».
«Je suis le plus grand défenseur du Deuxième amendement qu’il puisse y avoir», a insisté Donald Trump, en référence au droit constitutionnel — sujet à interprétation — de détenir une arme. Mais «des mesures de bon sens peuvent être prises pour le bien de tous», a-t-il assuré.
Les armes à feu, auxquelles une grande partie des Américains sont très attachés, ont fait près de 40.000 morts aux Etats-Unis en 2017, en incluant les suicides. Et chaque fusillade de grande ampleur relance le débat entre leurs partisans et ceux qui souhaitent des régulations plus strictes.
Après la mort de 17 personnes dans un lycée de Parkland en 2018, Donald Trump avait semblé soutenir l’interdiction des fusils d’assaut, ironisant sur les parlementaires «pétrifiés» face à la puissante NRA.
Il avait ensuite fait marche arrière, ne manquant plus une occasion d’afficher son soutien à l’organisation qui a apporté 30 millions de dollars à sa campagne présidentielle de 2016.
La NRA, une ancienne association de chasseurs devenue redoutable organisation politique dans les années 1970, traverse une période d’incertitudes, marquée par des querelles intestines et des finances en berne. Malgré ces remous, elle reste très influente à Washington.
Son chef Wayne LaPierre a prévenu jeudi qu’elle était opposée à «toute loi qui empièterait injustement sur les droits des honnêtes citoyens».
Concrètement, deux réformes différentes sont à l’étude au Congrès.
La Chambre des représentants, à majorité démocrate, a adopté en février des projets de loi pour étendre les contrôles des antécédents judiciaires et psychiatriques des acheteurs à l’ensemble des ventes d’armes, y compris entre particuliers ou lors de foires itinérantes.
Les textes se sont enlisés, le leader de la majorité républicaine du Sénat Mitch McConnell ayant refusé de les inscrire à l’ordre du jour de la chambre haute.
Après les nouvelles fusillades, plus de 200 maires républicains et démocrates lui ont demandé de convoquer le Sénat en urgence pour qu’il adopte à son tour cette réforme.
Mais Mitch McConnell a exclu d’écourter les vacances parlementaires des sénateurs. «Quand nous rentrerons, j’espère qu’on pourra se mettre d’accord et adopter quelque chose», a-t-il ajouté sans plus de précision.
Des sénateurs républicains ont de leur côté proposé une réforme qui permettrait de confisquer les armes de personnes signalées comme dangereuses par leur entourage.
Une telle mesure aurait peut-être servi à éviter la tuerie du Texas. La mère du tireur, inquiète, avait appelé la police quelques semaines avant le drame en signalant que le jeune homme possédait un fusil d’assaut. Comme il n’y avait rien d’illégal, la conversation s’était rapidement conclue.
Samedi, son fils a publié un manifeste anti-immigrés avant d’ouvrir le feu dans un hypermarché Walmart d’El Paso, à la frontière sud des Etats-Unis, tuant 22 personnes dont sept Mexicains.
Depuis son arrestation, il a reconnu les faits et a expliqué avoir voulu tuer des «Mexicains», selon un rapport de police cité par le Washington Post.
Jeudi, un autre jeune homme armé d’un fusil d’assaut et vêtu d’un gilet pare-balles a été arrêté dans un supermarché Walmart du Missouri, dans le centre des Etats-Unis. Ses intentions restent inconnues.