Jair Bolsonaro songe à décréter l’envoi de l’armée en Amazonie afin de lutter contre les feux de forêt. Le président du Brézil fait face à une pression grandissante de la communauté internationale.
A Brasilia, Jair Bolsonaro a tenu une réunion de crise tard jeudi avec une demi-douzaine de ses ministres, dont ceux de l’Environnement Ricardo Salles et de la Défense Fernando Azevedo e Silva. Cette réunion a visiblement été convoquée en réaction aux pressions qui s’accentuaient sur le président pour sauver l’Amazonie, dont 60% se trouve en territoire brésilien. Mais aucune mesure d’urgence n’a été annoncée.
Plus tôt le même jour, M. Bolsonaro avait d’abord évoqué une «psychose environnementale».
L’Amazonie, une priorité du G7
L’Amazonie est devenue «une priorité» à la veille du G7 de Biarritz, dans le sud-ouest de la France. Le président français Emmanuel Macron a accusé M. Bolsonaro d’avoir «menti» sur ses engagements climatiques. Il a décidé de s’opposer à l’accord de libre-échange UE-Mercosur.
Le Premier ministre britannique Boris Johnson a estimé que les incendies constituaient une «crise internationale», avant le Sommet de samedi et dimanche.
Vendredi, l’ex-élu devenu chroniqueur Luc Ferrandez a réclamé le versement immédiat de 1 G$ au Brésil et aux pays voisins.
Pendant ce temps, à Brasilia, Jair Bolsonaro tweetait: «Le feu le plus ardent est celui de notre souveraineté sur l’Amazonie».
Nuages de fumée
La ville de Porto Velho, dans l’État amazonien de Rondonia (nord-ouest), était recouverte vendredi d’un fin nuage rougeâtre de fumées, a constaté un journaliste de l’AFP-TV.
«Cette situation n’est pas normale, c’est à cause des feux de forêt», a commenté le réceptionniste d’un hôtel.
À une soixantaine de kilomètres de Porto Velho, d’épais rideaux de fumée grise étaient visibles au-dessus de la végétation tropicale, où des flammes dévoraient des arbres. Le spectacle était impressionnant, avec des vents forts attisant la fournaise.
Le gouverneur de l’Acre, un État voisin lui aussi très touché, a décrété une situation d’urgence.
Dans le «poumon de la planète», quelque 700 nouveaux feux ont été enregistrés en 24 heures jeudi, selon les chiffres communiqués vendredi par l’Institut national de recherche spatiale (INPE).
L’INPE a indiqué que 76.720 feux de forêt avaient été enregistrés dans le pays de janvier jusqu’au 22 août. C’est 85% de plus que sur la même période de l’an dernier. Plus de 52% des feux concernent l’Amazonie.
Le patron a été limogé début août après avoir publié des données sur la déforestation jugées mensongères par Jair Bolsonaro.
Manifestations mondiales contre les feux
Des manifestations en défense de l’Amazonie étaient prévues en fin de journée à Sao Paulo et Rio de Janeiro. D’autres étaient terminées (comme à Londres) ou prévues devant les ambassades et consulats du Brésil à travers le monde, à l’appel de nombreuses ONG. Parmi celles-ci, le mouvement de la jeune Suédoise Greta Thunberg, «Fridays for Future».
Les feux de forêt, essentiellement dus à la déforestation, aggravée par la saison sèche qui se poursuivra en septembre, ont pris une dimension internationale jeudi. L’ONU et Emmanuel Macron ont interpellé vivement Jair Bolsonaro tandis que se multipliaient sur les réseaux sociaux les appels de la planète politique, sportive ou hollywoodienne en faveur du «poumon de la planète».
«La suggestion du président français selon laquelle les affaires amazoniennes soient discutées au (sommet du) G7 sans la participation de la région évoque une mentalité colonialiste dépassée au XXIe siècle», a-t-il rétorqué à M. Macron.
Les alliés du président se déchaînaient sur Twitter vendredi, tel son fils Eduardo, un député et possible prochain ambassadeur du Brésil aux États-Unis. Celui-ci retweetait une vidéo de violentes manifestations de gilets jaunes en France avec le texte: «Macron est un idiot».
L’ancien chef de l’Armée de Terre, le général Villas Boâs, a vu dans les propos de M. Macron des menaces «d’un recours aux forces armées».
Sur Twitter toujours, les feux en Amazonie représentaient encore la première tendance vendredi, à la fois au Brésil et en France, avec de nombreux partages sur les appels à manifester dans la journée.