Coup de théâtre au sommet du G7: le chef de la diplomatie iranienne est arrivé dimanche à Biarritz, dans le sud de la France, où le président français Emmanuel Macron et ses pairs européens tentaient de convaincre Donald Trump de faire un geste pour sauver l’accord sur le nucléaire iranien.
Mohammad Javad Zarif, qui avait été reçu par M. Macron vendredi à Paris, va rencontrer son homologue français Jean-Yves Le Drian, a confirmé l’Élysée, précisant «qu’à ce stade», aucun entretien n’était prévu avec les Américains présents au sommet.
M. Zarif va «continuer les discussions à propos des récentes mesures entre les présidents de l’Iran et de la France», a renchéri le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, Abbas Moussavi.
Les Iraniens ont cessé en juillet de respecter certains engagements de l’accord de Vienne encadrant leur programme nucléaire, en réaction à la sortie en mai 2018 des États-Unis du texte et à la réintroduction de lourdes sanctions américanes.
Dans la matinée, le président français, qui essaie de convaincre Washington d’alléger les sanctions sur le pétrole iranien en échange d’un retour de Téhéran à ses engagements, avait cru pouvoir annoncer l’accord des Sept – Donald Trump compris – pour parler à l’Iran d’une même voix.
«Nous nous sommes mis d’accord sur ce qu’on va dire sur l’Iran. Il y a un message du G7 sur nos objectifs, et le fait qu’on les partage évite les divisions», avait assuré Emmanuel Macron sur la chaîne de télévision LCI/TF1. «Nous avons acté d’une communication commune et d’une décision d’action qui permet de réconcilier un peu les positions», a-t-il ajouté.
Mais deux heures plus tard, Donald Trump jetait un pavé dans la mare en lançant lapidairement: «Je n’ai pas discuté de cela».
Un froid sur le commerce
Le président américain a aussi jeté un froid sur le commerce, excluant toute désescalade dans sa guerre commerciale avec la Chine malgré les appels pressants des autres membres du G7.
Il «regrette (juste) de ne pas avoir encore plus relevé les droits de douane», a ironisé sa porte-parole Stephanie Grisham alors que le président avait semblé regretter, dans de premières déclarations, être allé aussi loin.
Sur un autre sujet qui fâche, le Brexit, Donald Trump a épaulé ostensiblement le nouveau premier ministre britannique Boris Johnson dans le bras-de-fer qui l’oppose aux Européens sur le Brexit.
«C’est l’homme qu’il faut pour faire le travail», a-t-il lancé lors de leur première rencontre dimanche, autour d’un petit déjeuner, lui promettant un «très grand accord commercial» dès que Londres aura quitté l’UE.
Avec une accolade chaleureuse à son homologue américain, Boris Johnson a aussi affirmé que les deux pays allaient conclure un «fantastique accord commercial une fois les obstacles écartés».
Sur l’urgence du moment, les feux de forêt qui ravagent l’Amazonie, les pays du G7 sont d’accord pour «aider le plus vite possible les pays qui sont frappés», a déclaré dimanche Emmanuel Macron.
«Nous sommes en train de travailler à un mécanisme de mobilisation internationale pour pouvoir aider de manière plus efficace ces pays», a précisé le chef de l’État.
La Russie attendra
Les sept dirigeants se sont aussi entendus pour «renforcer le dialogue et la coordination» sur les crises actuelles avec la Russie, tout en estimant qu’il était «trop tôt» pour la réintégrer dans un G8, selon une source diplomatique.
La Russie a été exclue du G8 en 2014 après l’invasion de la Crimée. Mais Donald Trump est plutôt favorable à son retour, à contrecourant de ses pairs.
MM. Macron, Trump et Johnson ont aussi débattu dimanche avec Angela Merkel, Shinzo Abe, Giuseppe Conte et Justin Trudeau de l’état de l’économie mondiale, qui montre des signes inquiétants d’essoufflement en Allemagne, en Chine et aux États-Unis, et des moyens de la relancer.
Après être arrivés samedi sous le soleil, les dirigeants ont continué à profiter d’une vue imprenable sur l’Atlantique, loin de toute foule estivale, une partie de Biarritz ayant été évacuée.
A quelques dizaines de kilomètres, les opposants au G7 n’entendent pas désarmer après avoir tenu un contre-sommet et un rassemblement en fin de semaine.
Plusieurs centaines de manifestants ont participé dimanche à Bayonne à «une marche des portraits» d’Emmanuel Macron qui ont été décrochés dans les mairies, le qualifiant de «président de la République des pollueurs».
Pendant ce temps, conduites par Brigitte Macron, les «premières dames», dont Melania Trump, partaient à la découverte du Pays Basque, notamment du village d’Espelette, réputé pour son piment.