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À Moscou, Erdogan et Poutine se disent inquiets pour Idleb

Casque blanc en Syrie

Intervention d'un Casque blanc syrien dans la région d'Idleb

Rédaction - Agence France-Presse

Le président russe Vladimir Poutine et son homologue turc Recep Tayyip Erdogan ont dit mardi partager «de graves inquiétudes» concernant la région syrienne d’Idleb (nord-ouest), où les combats font rage, M. Erdogan prévenant qu’Ankara réagira si ses soldats y sont mis en danger.

Réunis à Moscou, les deux dirigeants ont dit vouloir travailler ensemble pour apaiser la situation dans cette région frontalière de la Turquie, une des dernières à ne pas être contrôlée par le régime de Damas.

Après plusieurs mois d’intenses bombardements par les aviations russe et syrienne, les soldats du président syrien Bachar al-Assad y ont lancé début août une offensive au sol, reprenant plusieurs localités d’importance.

Ces combats pourraient augmenter les tensions entre Téhéran et Moscou d’un côté, qui soutiennent Bachar al-Assad, et Ankara de l’autre, qui appuie les rebelles.

«La situation dans la zone de désescalade d’Idleb soulève de graves inquiétudes et chez nous, et chez nos partenaires turcs», a déclaré M. Poutine au cours d’une conférence de presse avec M. Erdogan diffusée sur la télévision publique russe.

Disant «comprendre» les inquiétudes d’Ankara pour la sécurité à sa frontière, M. Poutine a ajouté avoir évoqué avec M. Erdogan «des mesures communes supplémentaires» pour «normaliser» la situation, sans donner plus de détails.

Zone démilitarisée

La région d’Idleb est censée être protégée par un accord sur une «zone démilitarisée», dévoilé en septembre 2018 par la Turquie et la Russie pour séparer les zones gouvernementales des territoires aux mains des djihadistes et des insurgés, mais cet accord n’a pas empêché l’offensive syrienne.

La Turquie a établi 12 postes d’observation dans la zone mais les troupes syriennes ont encerclé l’un d’entre eux la semaine dernière. Quelques jours plus tôt, des avions du régime avaient bombardé l’avant-garde d’un important convoi militaire dépêché par Ankara à Idleb.

«La situation s’est tellement compliquée qu’à l’heure actuelle, nos militaires se trouvent en danger. Nous ne voulons pas que cela continue. Nous allons prendre toutes les mesures nécessaires», a prévenu Recep Tayyip Erdogan, selon des propos traduits en russe, ajoutant en avoir «discuté» avec Vladimir Poutine.

La rencontre entre les deux dirigeants intervient à deux semaines du sommet d’Ankara, prévu le 16 septembre, qui réunira les acteurs internationaux les plus engagés dans le conflit syrien: M. Erdogan, M. Poutine et le président iranien, Hassan Rohani.

Selon M. Erdogan, ce sommet doit «contribuer à la paix dans la région».

Présence djihadiste

Si les deux leaders ont assuré vouloir préserver l’intégrité territoriale de la Syrie, Vladimir Poutine a toutefois déclaré qu’il était «nécessaire» de combattre les djihadistes présents dans la région d’Idleb, dominée par les djihadistes d’Hayat al-Cham (HTS, l’ex-branche syrienne d’Al-Qaïda).

«Les terroristes continuent de bombarder les positions des troupes gouvernementales, essaient d’attaquer des cibles militaires russes», a ajouté le président russe.

Les combats dans la région ont encore fait mardi au moins 51 morts dans les deux camps, selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH).

Une alliance militaire

Se rencontrant en marge du salon aéronautique MAKS en banlieue de Moscou, un des plus grands du genre dans le monde, Vladimir Poutine et Recep Tayyip Erdogan ont aussi évoqué leur coopération militaire.

Ankara, membre de l’Otan, a notamment commencé à recevoir en juillet le système de défense antiaérienne russe S-400 malgré les pressions de Washington. Mardi, le ministre turc de la Défense a indiqué que la Turquie avait reçu un deuxième lot de S-400.

Vladimir Poutine a assuré avoir discuté avec son homologue des chasseurs russes Su-35, alors que Washington a exclu Ankara d’un programme d’achat d’avions de combat F-35 après l’acquisition des S-400.

«Nous avons présenté de nouveaux systèmes d’armement […]. A mon avis, nos collègues turcs ont manifesté beaucoup d’intérêt», a déclaré le président russe.

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