Donald Trump a annoncé mercredi un durcissement «substantiel» des sanctions contre l’Iran, après les attaques de samedi contre des installations pétrolières en Arabie saoudite dont la responsabilité a été imputée par Washington à Téhéran.
«Je viens d’ordonner au secrétaire au Trésor de durcir substantiellement les sanctions contre l’État iranien!», a déclaré le président des États-Unis sur Twitter, sans autre précision.
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Ces sanctions, dont la nature doit encore être détaillée, viendront s’ajouter aux mesures punitives déjà sans précédent imposées par Washington à Téhéran depuis que Donald Trump a retiré son pays en mai 2018 de l’accord sur le nucléaire iranien, qu’il juge insuffisant pour empêcher la République islamique de se doter de la bombe atomique et de déstabiliser le Moyen-Orient.
Le premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a salué dans un communiqué l’annonce du président américain. «L’agression iranienne s’est accrue récemment, y compris dans le Golfe, et c’est précisément le moment de renforcer les pressions et les sanctions», a-t-il estimé.
Donald Trump, qui s’est montré moins catégorique que ses propres ministres ces derniers jours sur la responsabilité de l’Iran dans les attaques de samedi, tout en confirmant qu’il s’agissait du principal suspect, avait assuré dès dimanche être «prêt à riposter» et disposer de nombreuses «options».
L’administration américaine n’exclut pas des représailles militaires après ce qu’elle dénonce comme une «attaque sans précédent» contre l’approvisionnement mondial en pétrole.
Le chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo est arrivé mercredi à Jeddah pour évoquer la riposte avec le prince héritier d’Arabie saoudite Mohammed ben Salmane.
Depuis 2018, les sanctions américaines étranglent déjà l’économie iranienne. Washington a d’abord rétabli les mesures levées dans le cadre de l’accord international de 2015 en échange de l’engagement iranien à ne pas fabriquer l’arme nucléaire.
Non seulement le système financier iranien ne peut plus avoir accès au système financier américain et aux échanges en dollars, mais en outre, en décidant d’appliquer à la lettre l’extraterritorialité de ses sanctions, Washington menace aussi de punir tout pays ou entreprise étrangère qui commercerait avec Téhéran. La quasi-totalité des entreprises, notamment européennes, ont donc préféré retirer leurs investissements iraniens par crainte d’être expulsées du marché américain, autrement plus vaste.
L’autre grand volet des sanctions est un embargo américain sur les exportations de pétrole iranien. Là aussi, les pays qui achèteraient du brut de Téhéran s’exposeraient à des représailles des États-Unis. L’embargo a été encore durci en mai dernier, lorsque Washington a mis fin aux dérogations qui permettaient jusque-là à huit pays d’importer de l’or noir iranien, dont de gros acheteurs comme la Chine, l’Inde ou le Japon.
Ces dernières semaines, la France et les pays européens encore attachés à l’accord de 2015 tentaient de convaincre Donald Trump de lâcher un peu de lest, notamment sur les sanctions pétrolières, pour favoriser un dialogue entre l’Iran et les États-Unis et une rencontre entre le président américain et son homologue iranien Hassan Rohani. Le président américain avait semblé ne pas fermer totalement la porte à un tel assouplissement de la campagne de «pression maximale», avant les attaques en Arabie saoudite.
En plus des sanctions économiques, l’administration Trump a aussi pris des mesures plus symboliques pour tenter d’isoler diplomatiquement l’Iran, comme l’inscription depuis avril des Gardiens de la Révolution, armée idéologique du régime iranien, sur sa liste noire des «organisations terroristes étrangères». Ou des sanctions ciblées contre le guide suprême, l’ayatollah Ali Khamenei, et le ministre iranien des Affaires étrangères Mohammad Javad Zarif.