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Mort de Soleimani: comment et pourquoi les États-Unis ont frappé

Le général iranien Qassem Soleimani, mort le 3 janvier dans un raid américain en Irak.

A handout picture released on September 18, 2016 by the official website of the Centre for Preserving and Publishing the Works of Iran's supreme leader Ayatollah Ali Khamenei shows the Quds Force commander Major General, Qassem Soleimani (C), attending a meeting of Revolutionary Guard's commanders in Tehran. (Photo by HO / KHAMENEI.IR / AFP)

Rédaction - Agence France-Presse

La mort du général iranien Qassem Soleimani lors d’un raid américain à Bagdad ouvre une période d’incertitude pour les États-Unis et leurs alliés dans la région et suscite de nombreuses questions. Voici ce que l’on sait.

Le Pentagone est resté vague sur l’opération elle-même lorsqu’il a reconnu dans un communiqué avoir mené cette action sur ordre du président Donald Trump.

Mais un responsable militaire américain a affirmé à l’AFP que la frappe était «un tir de précision d’un drone». Ce drone a pulvérisé, tôt vendredi, les deux véhicules dans lesquels se trouvaient le puissant général iranien Qassem Soleimani et le principal homme de l’Iran à Bagdad.

Abou Mehdi al-Mouhandis était le numéro deux du Hachd al-Chaabi, coalition de paramilitaires majoritairement pro-Iran, désormais intégrés à l’État irakien.

Prévenir d’autres frappes contres les États-Unis

Ce style d’attaques ciblées contre des militaires étrangers fait davantage penser aux méthodes de l’armée israélienne qu’à celle des États-Unis. Les Américains organisent habituellement avec précision des opérations de leurs forces spéciales quand ils veulent éliminer des personnes recherchées. Par exemple, Oussama Ben Laden ou, plus récemment, le leader du groupe État islamique Abou Bakr Al-Baghdadi.

Washington suivait de près depuis des mois les déplacements du général Soleimani et aurait pu lui donner la mort bien avant.

Le chef de la diplomatie américaine, Mike Pompeo, a affirmé vendredi que le responsable iranien préparait une «action d’envergure» menaçant des «centaines de vies américaines».

«Nous savons que c’était imminent», a-t-il insisté, précisant que la décision américaine avait été prise «sur la base des évaluations» des services de renseignement.

Le ministre américain de la Défense Mark Esper avait prévenu que la mort la semaine dernière d’un sous-traitant américain avait «changé la donne». L’homme est mort dans une attaque à la roquette sur une base de Kirkouk, attribuée à une faction pro-iranienne.

Une atteinte à l’influence de l’Iran

A travers les deux hommes visés dans ce raid nocturne, les États-Unis s’attaquent également à l’influence iranienne au Moyen-Orient.

Chef de la force Qods des Gardiens de la Révolution, le puissant général Soleimani a renforcé le poids diplomatique de Téhéran dans la région. Notamment en Irak et en Syrie, deux pays où les États-Unis sont engagés militairement.

La force Qods est chargée des opérations extérieures de la République islamique.

L’Irakien Abou Mehdi al-Mouhandis – «l’ingénieur» en arabe – était connu pour son anti-américanisme virulent. Il était, selon les experts, «l’ennemi numéro un» des États-Unis en Irak. Au fil des décennies, il aurait tissé un réseau de lieutenants iraniens dans le pays voisin.

Conséquences à venir?

Les cours du pétrole ont bondi après l’annonce de la mort de Qassem Soleimani, les marchés craignant une escalade des tensions au Moyen-Orient malgré les nombreux appels à la retenue.

L’Iran a promis de se venger, de même que le mouvement chiite libanais Hezbollah.

Les nombreux groupes pro-iraniens de la région pourraient lancer des attaques contre des bases américaines dans les États du Golfe. Ou encore contre des pétroliers ou des navires marchands autour du détroit d’Ormuz, que Téhéran peut fermer à tout moment.

Ils pourraient aussi viser d’autres ambassades américaines dans la région, après celle de Bagdad. Ou s’attaquer à des alliés des États-Unis comme Israël ou l’Arabie saoudite, voire des pays européens.

Pour Kim Ghattas, du Carnegie Endowment for International Peace, il est difficile de savoir comment la situation va évoluer.

«Une guerre? Le chaos? Des représailles limitées? Rien? Personne ne sait vraiment, ni dans la région, ni à Washington, parce que ceci est sans précédent», dit-elle.

La montée en puissance des pro-Iran pourrait d’ailleurs avoir des conséquences diplomatiques durables pour Bagdad.

«L’Irak risque de devenir un État paria, isolé du reste du monde comme le Vénézuela, la Corée du Nord et d’autres», s’alarme auprès de l’AFP un haut diplomate irakien.

Renforts militaires

Les États-Unis ont envoyé ces derniers mois plus de 14 000 militaires en renfort dans la région et annoncé l’envoi de quelque 750 hommes supplémentaires après l’attaque contre leur ambassade à Bagdad mardi.

Le chef du Pentagone Mark Esper a indiqué jeudi qu’un bataillon de 4000 hommes avait reçu l’ordre de se tenir prêt. Il pourrait être déployé dans les prochains jours.

Les États-Unis ont actuellement 5200 militaires en Irak, officiellement pour «assister et former» l’armée irakienne, et pour éviter une résurgence du groupe État islamique. Leurs effectifs globaux au Moyen-Orient s’élèvent à 60 000 personnes.

Vendredi, les États-Unis ont appelé tous leurs ressortissants à quitter l’Irak «immédiatement» en raison des «tensions accrues».

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