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Procès en destitution: l’acquittement de Donald Trump en vue

Donald Trump

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Rédaction - Agence France-Presse

Donald Trump pourrait être acquitté dès vendredi soir à son procès en destitution si le Sénat rejette la possibilité de convoquer des témoins par un vote, ouvrant ainsi la voie à l’adoption du verdict.

Le président, le troisième seulement de l’histoire des États-Unis à subir une telle épreuve, a toutes les chances d’être déclaré «non coupable» des chefs d’abus de pouvoir et d’entrave à la justice.

La Constitution américaine impose en effet une majorité des deux tiers, soit 67 sénateurs sur 100, pour destituer un président, un seuil a priori inatteignable pour le camp démocrate qui compte 47 voix à la chambre haute du Congrès.

L’enjeu est maintenant de savoir quand Donald Trump pourra refermer ce chapitre qui divise la classe politique et les Américains.

Or, un acquittement de Donald Trump ne voudra «rien dire» si les sénateurs refusent de convoquer de nouveaux témoins à son procès en destitution, a déclaré vendredi le chef de la minorité démocrate au Sénat Chuck Schumer avant un vote crucial sur la question.

«Si mes collègues républicains refusent de considérer des témoins et des documents, l’acquittement du président ne voudra rien dire parce qu’il sera le résultat d’un procès truqué», a-t-il dit à la presse, alors que les démocrates peinent à convaincre quatre élus républicains de se joindre à eux pour adopter une motion autorisant l’admission de nouvelles preuves.

Pressé d’en finir

Lancé à pleine vapeur dans sa campagne de réélection, le milliardaire républicain est pressé d’en finir. Selon ses proches, il espère être blanchi avant de prononcer son traditionnel discours de l’État de l’Union, mardi soir devant le Congrès.

Encore plus visible: il doit donner une interview dimanche avant le Super Bowl, la finale du championnat de football américain, sur le réseau préféré des conservateurs Fox et s’est offert un clip publicitaire pour cet événement qui réunit environ 100 millions de téléspectateurs.

À moins de 300 jours de la présidentielle, les démocrates essaient toutefois de faire émerger de nouvelles informations embarrassantes pour le locataire de la Maison Blanche et réclament l’audition de plusieurs de ses proches.

Ils soumettront donc, vendredi après-midi, une motion pour obtenir le droit de convoquer des témoins. S’ils obtiennent les 51 voix nécessaires, ce qui implique de rallier quatre élus républicains à leur cause, le procès se prolongera encore un moment.

«Pas besoin» de témoins

Le pari démocrate semble difficile. Quatre sénateurs républicains ont exprimé ces derniers jours, après des confidences de l’ancien conseiller à la sécurité nationale John Bolton, un intérêt pour l’entendre.

Mais l’un d’eux, Lamar Alexandre a indiqué jeudi soir qu’il voterait finalement contre la convocation de témoins. «On n’a pas besoin de preuves supplémentaires pour établir ce qui a déjà été prouvé, mais qui n’est pas passible de destitution au regard de la Constitution», a-t-il déclaré dans un communiqué.

La modérée Susan Collins a pris la position inverse, et ses collègues Mitt Romney et Lisa Murkowski pourraient faire de même.

Si le scrutin s’achevait sur une égalité (50-50), les démocrates ont prévu de demander au chef de la Cour suprême, John Roberts, qui préside le procès, d’apporter sa voix en soutien de leur motion.

Le magistrat, très sourcilleux sur l’indépendance de la justice, pourrait toutefois refuser de se jeter dans l’arène politique. La motion serait alors rejetée.

Les cent élus de la chambre haute pourraient alors passer très rapidement au vote sur le verdict, peut-être dans la soirée ou samedi.

Un acquittement serait «la meilleure chose pour le pays», a plaidé jeudi l’avocat de la Maison Blanche président Pat Cipollone.

Les démocrates «essaient de retirer le nom du président sur les bulletins de vote, à quelques mois du scrutin», s’est-il indigné.

Blanchir le président reviendrait à «normaliser le non-respect de la loi», a rétorqué l’élu d’opposition Adam Schiff qui porte l’accusation au procès.

«Tricher»

Forts de leur majorité à la Chambre des représentants, les démocrates ont mis en accusation Donald Trump lors d’un vote dit d’«impeachment» le 18 décembre qui avait quasi strictement suivi les lignes partisanes.

L’enquête s’était déroulée dans un climat acrimonieux et avait donné lieu à des échanges très tendus entre les représentants républicains et démocrates.

Le cadre du procès au Sénat, beaucoup plus strict et formel, a feutré les débats, sans empêcher l’émergence de deux discours aux antipodes.

Les procureurs démocrates ont reproché à Donald Trump d’avoir demandé à l’Ukraine d’enquêter sur Joe Biden, son adversaire potentiel au scrutin du 3 novembre, et d’avoir au même moment gelé une aide militaire cruciale pour ce pays.

Donald Trump a usé des moyens de l’État pour «salir» son rival et «tricher» à l’élection, au mépris des intérêts des États-Unis, ont-ils argué.

Une fois démasqué, après l’intervention d’un lanceur d’alerte, il a tout fait pour bloquer l’enquête du Congrès, en violation de la Constitution, ont-ils encore assené.

Le président s’inquiétait de la corruption en Ukraine et pouvait légitimement «poser des questions» sur Joe Biden et les affaires de son fils Hunter dans ce pays, ont rétorqué ses avocats.

Quand bien même Donald Trump aurait commis ce qui lui est reproché, cela n’est pas assez grave pour justifier sa destitution, ont-ils encore avancé, en implorant les sénateurs de «laisser les électeurs décider».

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