Entre éclats de rire, mégaphone défaillant, cris exaspérés et petits pas de danse, les organisateurs et participants rassemblés dans un lycée de Des Moines, dans l’Iowa, ont donné le coup d’envoi des primaires démocrates américaines avec leur curieux système de vote: les «caucus».
«On entend rieeeeeen»: des électeurs en place derrière la bannière de leur candidat de prédilection ont crié quand le responsable de la salle tentait de leur expliquer les règles, complexes, du vote.
«Soyez patients, c’est ça la démocratie», a lancé une organisatrice avant d’annoncer le début du vote sous la coupole du terrain de basket couvert du lycée Abraham Lincoln.
Les électeurs de cet État rural du centre des États-Unis expriment publiquement leur préférence, en se plaçant physiquement derrière les groupes de leurs candidats. Ici, ils étaient assis sur les gradins de cette salle de sport aux murs décorés des fanions et photos anciennes des équipes du lycée.
Solitaire, au milieu de la salle, un plot orange était destiné à rassembler les «non-affiliés», sorte de vote blanc. Personne n’y est allé.
Les quelque 370 électeurs présents ont envoyé quatre candidats, sur la dizaine en lice, vers un deuxième tour: le sénateur indépendant Bernie Sanders, l’ancien vice-président Joe Biden, la sénatrice progressiste Elizabeth Warren et l’ex-jeune maire Pete Buttigieg.
Les partisans des autres candidats, qui n’avaient pas franchi le seuil de 15% au premier tour, se sont alors convertis en prises ultra-convoitées, les groupes de finalistes tentant de les convaincre de les rejoindre.
«Si vous voulez un type qui puisse battre Trump en 2020, venez nous rejoindre», a lancé un organisateur du groupe Sanders. Biden? «Un dirigeant qui peut arriver et tout prendre en charge dès le premier jour», a lancé un de ses soutiens, à travers le mégaphone, toujours défaillant.
Partisane de l’homme d’affaires Andrew Yang, novice en politique et encore grand inconnu il y a un an, Mandee Raichel est déçue que son candidat ait été éliminé. Après des hésitations, elle a choisi de rejoindre le groupe de Bernie Sanders, et note son choix sur un carton, grande nouveauté de cette édition.
J’hésitais entre «Bernie et Buttigieg. Mon coeur m’a dit de choisir Bernie», confie-t-elle à l’AFP.
Ce processus qui prend du temps. Mais pas assez pour effrayer Lane et Michelle Moser, un couple de trentenaires venus avec leurs trois filles de six mois, deux ans et quatre ans.
D’habitude, elles vont au lit à 19h30, mais à 21h00, deux heures après le début officiel des «caucus», ils attendaient toujours le résultat, armés de goûters et de cahiers de coloriage.
Ils tenaient à venir soutenir Bernie Sanders, le sénateur indépendant, à la gauche du parti, qui domine dans les sondages portant sur l’Iowa.
«Je pense que n’importe qui peut battre Donald Trump mais je crois que Bernie a le plus de possibilités» confie Lane.
Compte tenu du démarrage accidenté du vote dans certaines salles, comme celle-ci, les résultats mettent du temps à tomber dans la nuit glaciale de l’Iowa.
Mike Wieskamp organisait le coin des soutiens de Joe Biden. L’ancien vice-président de Barack Obama est en deuxième place dans les sondages derrière Bernie Sanders, mais devant lui à travers les États-Unis.
Portant un T-Shirt et un badge Biden, il trouve les relations «cordiales». Mais lorsqu’il s’agit d’attirer jusqu’à eux les partisans de candidats éliminés, «les choses peuvent devenir un peu tendues» dit-il en souriant.
Dansant sur la chanson 9 to 5 de Dolly Parton, emblème de la campagne de la sénatrice progressiste Elizabeth Warren, Megan Kee, 69 ans, ancienne de la Marine se dit «enthousiaste» pour sa candidate, qui arrive quatrième dans les sondages de l’Iowa.
L’atmosphère entre les équipes de candidats, est «plutôt amicale» répond elle en riant avant de désigner un partisan de la sénatrice plus au centre Amy Klobuchar: «C’est mon voisin de pallier et on se parle encore. Pas vrai Steve!».