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Syrie: un demi-million de déplacés en deux mois en raison des violences

Un camp de déplacés en Syrie

Cet exode est l'un des plus importants depuis le début en 2011 du conflit syrien.

Rédaction - Agence France-Presse

Un demi-million de Syriens ont été déplacés en deux mois dans le nord-ouest du pays. C’est une des plus grandes vagues d’exode dans la Syrie en guerre causée par une offensive du régime et de son allié russe contre des djihadistes et rebelles.

Depuis décembre, la province d’Idleb et ses environs sont quasi-quotidiennement la cible de frappes aériennes du régime de Bachar al-Assad, qui a réussi avec le soutien de l’aviation russe à reprendre des dizaines de localités.

Et les violences dans l’ultime grand bastion des djihadistes et des rebelles ont poussé à la fuite quelque 520 000 personnes depuis début décembre, a annoncé mardi l’ONU.

Les civils abandonnent leurs foyers pour trouver refuge dans des zones relativement épargnées plus au nord, souvent près de la frontière turque.

Le président turc Recep Tayyip Erdogan, dont le pays soutient des rebelles et a déployé des troupes dans le nord-ouest syrien, a assuré qu’il ne permettrait pas au régime de «gagner du terrain» à Idleb.

Il n’a cependant pas précisé par quels moyens, au lendemain de combats d’une violence inédite entre soldats turcs et syriens dans le secteur.

À Hazano, dans le nord d’Idleb, un correspondant de l’AFP a vu mardi encore des camions, des tracteurs tirant des remorques, des minibus, avancer par-choc contre par-choc, transportant des déplacés qui fuient.

Ils emportent avec eux des matelas en mousse, des couvertures, des chaises en plastique, des bonbonnes de gaz, des moutons, même des portes démontées et des armoires.

«On sait pas où on va»

En une semaine, Mohamed Bahjat et sa famille ont été déplacés trois fois, fuyant les combats près de la ville de Saraqeb.

«Jusqu’à maintenant, on ne sait pas où on va», confie ce papa de trois enfants, âgé de 34 ans. « On est parti sous les bombardements », lâche-t-il, alors qu’il voyage avec ses parents et son frère.

Un autre correspondant de l’AFP a vu des déplacés démonter leurs tentes près de Binnich, emportant dans des camionnettes leurs maigres affaires et parfois leurs poules.

Cet exode est l’un des plus importants depuis le début en 2011 du conflit syrien qui a jeté sur la route de l’exil plus de la moitié de la population d’avant-guerre – plus de 20 millions d’habitants.

La majorité des déplacés fuient «les zones de front» dans le sud de la province d’Idleb, selon David Swanson, un porte-parole du Bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU (Ocha).

La «plupart» se rendent dans «des zones urbaines et des camps de déplacés» du nord-ouest d’Idleb, ou encore dans des territoires du nord de la région voisine d’Alep, a-t-il dit.

De nombreux déplacés sont souvent partis «avec rien d’autres que les vêtements sur leurs dos» et «ont un besoin urgent d’abris, de nourriture, d’eau et de soutien médical», a plaidé un autre responsable d’Ocha, Jens Laerke.

L’offensive du régime a coûté la vie à 294 civils dont 83 enfants depuis la mi-décembre, selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH), et provoqué des destructions énormes.

«Fardeau» pour la Turquie

Plus de la moitié de la province d’Idleb et certaines zones des régions voisines d’Alep, de Hama et de Lattaquié, sont toujours dominées par les djihadistes de Hayat Tahrir al-Cham (HTS, ex-branche syrienne d’Al-Qaïda). Des groupes rebelles y sont également présents.

L’offensive du régime inquiète Ankara, craignant un nouvel afflux de Syriens vers la Turquie qui accueille déjà plus de trois millions de réfugiés.

«Le régime essaie de gagner du terrain à Idleb en déplaçant des personnes innocentes qui se dirigent vers notre frontière», a mis en garde mardi le président Erdogan.

«Nous ne donnerons pas l’occasion au régime de gagner du terrain, car sinon cela alourdirait notre fardeau», a-t-il ajouté M. Erdogan.

Lundi déjà, la tension était montée d’un cran.

Des combats inédits dans le nord-ouest ont opposé soldats turcs et syriens, faisant plus de 20 morts, dont 13 côté syrien selon l’OSDH, même si l’agence officielle Sana a démenti.

Le front d’Idleb représente la dernière grande bataille stratégique pour le régime Assad, qui contrôle désormais plus de 70% du territoire après avoir multiplié les victoires, avec l’aide cruciale de la Russie, face aux djihadistes et rebelles.

Même si les forces prorégime sont revenues dans des régions kurdes du nord-est du pays, la minorité continue d’y exercer une large autonomie. Et des zones du nord syrien tenues par les forces turques et leurs supplétifs syriens continuent d’échapper à Damas.

Déclenché par la répression de manifestations prodémocratie avant de se complexifier avec les interventions étrangères, le conflit en Syrie a fait plus de 380 000 morts.

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