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Buttigieg en avance sur Sanders dans l’Iowa, Biden plonge

Buttigieg Iowa

Pete Buttigieg

Rédaction - Agence France-Presse

Le trentenaire Pete Buttigieg a créé la surprise dans les primaires présidentielles démocrates mardi, en prenant l’avantage d’une courte tête dans l’Iowa sur le sénateur Bernie Sanders, selon des résultats partiels, s’imposant quoiqu’il arrive comme un candidat incontournable dans la course à la Maison-Blanche.

L’autre surprise vient du mauvais score de Joe Biden, le vice-président de Barack Obama, qui arrive quatrième, derrière la sénatrice Elizabeth Warren, alors qu’il dominait les sondages au niveau national depuis des mois.

Les résultats finaux pourraient différer, et on ignore quand ils seront proclamés, en raison d’un bug informatique qui a transformé cette première échéance en fiasco. Le vote de l’Iowa, un petit État rural qui s’exprime toujours en premier, s’est fait lundi soir non par bulletins mais dans des assemblées où les électeurs se regroupent et se comptent par candidat, en deux tours, un système de «caucus» complexe et critiqué.

En campagne dans le New Hampshire, qui votera le 11 février, Pete Buttigieg, 38 ans, a célébré une «victoire stupéfiante», soulignant qu’il était parti de presque zéro l’an dernier, avec «quatre salariés, aucune notoriété, pas d’argent, seulement une belle idée».

Sur 62% des bureaux de vote, il a obtenu 26,9% des délégués, contre 25,1% pour Bernie Sanders. Elizabeth Warren, qui représente avec Bernie Sanders l’aile gauche, arrive troisième avec 18,3%, suivie de Joe Biden (15,6%) et de la sénatrice modérée Amy Klobuchar (12,6%).

Le président du parti démocrate de l’Iowa, Troy Price, a présenté ses excuses pour le retard «inacceptable» dans la publication des résultats, dû selon lui à un problème informatique avec l’application utilisée pour les remontées des bureaux de vote.

Il a refusé de donner aucune heure pour la publication du reste des résultats, mais assuré de la fiabilité des chiffres rapportés, qui ont été vérifiés par des versions papier.

«Nous savons que ces chiffres sont exacts», a dit Troy Price.

Depuis lundi soir, Bernie Sanders et Pete Buttigieg revendiquaient chacun la victoire.

Le président Donald Trump a jubilé face au chaos dans le parti qui espère l’expulser de la Maison-Blanche en novembre, tweetant que le spectacle illustrait l’«incompétence» de ses adversaires.

Mais la débâcle informatique dépasse le seul cadre politique, nombre d’élus et d’experts en élections et en cybersécurité s’inquiétant de voir une nouvelle fois la fiabilité du processus électoral américain ébranlée par un mélange de dysfonctionnements et d’amateurisme. Les explications au compte-gouttes des responsables locaux du parti ont suscité la colère des candidats.

Le camp Trump s’est engouffré dans la brèche en insinuant que le retard cachait une tricherie.

«Ce chaos a créé un environnement propice à la désinformation en ligne, ce qui sape encore plus la confiance dans le processus démocratique», a aussi vivement critiqué le sénateur démocrate Mark Warner, qui s’occupe d’espionnage et de renseignement au Sénat. «Des acteurs étrangers comme la Russie et la Chine n’hésiteront pas à faire prospérer ce type de contenus pour aggraver la discorde nationale et la défiance envers nos élections».

Le problème est effectivement technique et non une cyberattaque, selon le secrétaire américain à la Sécurité intérieure par intérim, Chad Wolf. Mais «cela affecte vraiment la confiance des gens dans nos élections», a-t-il dit.

Politiquement, l’absence de vainqueur officiel a gâché le coup d’envoi des primaires, dans lequel certains candidats ont investi un temps et des budgets considérables, depuis un an ou plus.

Le vainqueur de l’Iowa apparaît d’ordinaire triomphant en une des journaux le lendemain, et s’en sert comme d’un tremplin vers les scrutins suivants, à commencer par le New Hampshire, qui votera le 11 février lors d’une élection primaire, organisée cette fois par les autorités de l’État comme un scrutin normal.

Se fondant sur ses propres estimations, le sénateur Bernie Sanders, champion de l’aile gauche, avait revendiqué la victoire lundi. Il pourrait encore le faire sur la base du nombre de voix, qui est légèrement différent du nombre de délégués, en raison des règles d’attribution par comté et circonscription.

Pete Buttigieg est aussi le premier candidat ouvertement gay à se placer ainsi pour l’investiture d’un grand parti. Il entend reprendre à Joe Biden le flambeau de l’aile modérée, et tend la main aux électeurs de Donald Trump.

L’Iowa défend fièrement son système des «caucus», vanté comme un exercice de démocratie pure, mais où la participation est relativement faible. Tous les quatre ans, des critiques se lèvent aussi contre l’importance disproportionnée accordée à ce petit État agricole et ses quelques centaines de milliers d’électeurs, non représentatifs du pays.

L’édition 2020 sera peut-être «la dernière», a commenté l’ancien collaborateur de Barack Obama David Plouffe sur MSNBC.

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