De nouvelles mesures de confinement ont été prises mardi en Chine non loin de Shanghai, la capitale économique, signe de l’inquiétude des autorités face à la propagation du nouveau coronavirus, qui a fait un mort à Hong Kong.
Le directeur général de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), Tedros Adhanom Ghebreyesus, a appelé mardi à ne pas laisser passer la «fenêtre d’opportunité» qui existe, selon lui, pour empêcher la propagation de la maladie grâce aux «mesures fortes prises par la Chine».
À Hong Kong, la personne décédée est un homme de 39 ans déjà fragilisé par d’autres problèmes de santé et qui s’était rendu fin janvier à Wuhan, la métropole chinoise où est apparu en décembre le virus.
Le territoire semi-autonome chinois avait annoncé lundi la fermeture de l’ensemble des points de passage terrestres, à l’exception de deux ponts, avec le reste de la Chine.
Dans la seule Chine continentale (hors Hong Kong et Macao), 490 personnes sont mortes, la plupart à Wuhan et dans la province du Hubei (centre), dont elle est le chef-lieu, selon le dernier bilan des autorités locales. C’est largement plus qu’en 2002-2003 lors de la crise du Sras (349 morts).
Dans son point quotidien, la commission provinciale de la Santé dans le Hubei a aussi fait état d’une forte augmentation du nombre de personnes infectées, avec 3156 nouveaux cas confirmés.
Le nombre de porteurs du virus dépasse désormais les 24 300 au niveau de la Chine continentale, a indiqué mercredi la commission nationale pour la santé.
Avec pour l’instant un mort, Hong Kong reste loin du lourd bilan enregistré à l’époque du Sras (299 morts) dans ce territoire semi-autonome chinois.
Hors de Chine, la pneumonie a provoqué un seul décès jusqu’à présent, rendu public dimanche: un Chinois arrivé aux Philippines en provenance de Wuhan.
L’OMS a estimé mardi qu’il n’y avait pas pour le moment de «pandémie» – un terme qui s’applique à une situation de propagation mondiale d’une maladie.
Sorties limitées
La Chine continue à prendre des mesures très strictes pour tenter d’endiguer la propagation du virus.
Après notamment la mise en quarantaine de facto d’une grande partie du Hubei et de ses plus de 50 millions d’habitants, trois agglomérations de la province orientale du Zhejiang, à plusieurs centaines de kilomètres de Wuhan, ont rendu publiques de nouvelles dispositions en vue de limiter les déplacements.
Au premier rang de ces agglomérations figure Hangzhou (132 cas), située à environ 150 kilomètres de Shanghai (219 cas, 1 mort) et siège du géant chinois du commerce en ligne Alibaba. Dans trois de ses arrondissements peuplés de trois millions d’âmes, une seule personne par foyer est dorénavant autorisée à sortir tous les deux jours.
Des décisions similaires sont entrées en vigueur à Taizhou et dans trois quartiers de Ningbo, concernant neuf millions de personnes.
Dimanche, c’est Wenzhou qui avait imposé le confinement à ses plus de neuf millions d’habitants.
La province du Zhejiang compte 829 personnes ayant contracté cette pneumonie virale, le nombre le plus élevé derrière le Hubei, où le nouveau coronavirus aurait fait son apparition sur un marché de Wuhan qui vendait des animaux sauvages, avant de se répandre rapidement à l’occasion des longs congés du Nouvel An lunaire, fin janvier.
La Croix-Rouge critiquée
Les autorités japonaises ont bloqué mardi plus de 3700 personnes voyageant sur un bateau de croisière, en raison d’un cas avéré de pneumonie virale à son bord.
La chaîne japonaise NHK a affirmé mercredi, faisant référence au ministère japonais de la Santé, que dix personnes à bord étaient porteuses du virus.
Un premier malade a aussi été signalé à Bruxelles parmi les passagers de l’avion ayant rapatrié dimanche de Wuhan quelque 250 personnes majoritairement européennes.
Pour la première fois, le gouvernement chinois a admis en début de semaine des défaillances dans sa réaction à la crise sanitaire.
Le Comité permanent du Bureau politique du Parti communiste a en effet demandé une amélioration du dispositif de réaction aux situations d’urgence à la suite «d’insuffisances et de difficultés apparues dans la réponse apportée à l’épidémie».
Le vice-président de la Croix-Rouge du Hubei a d’ailleurs été limogé pour sa mauvaise gestion des dons d’argent et de fournitures médicales, a annoncé mardi la Commission provinciale de discipline.
Le ministère chinois des Affaires étrangères a reconnu lundi que le pays avait un besoin «urgent» de masques, combinaisons et lunettes de protection.
Face à un système de santé débordé, Wuhan a accueilli ses premiers malades dans un nouvel hôpital construit en dix jours et qui compte 1000 lits. Un second de ce type devrait ouvrir dans les prochains jours.
Casinos fermés
Macao a de son côté annoncé mardi la fermeture pour deux semaines de l’ensemble de ses célèbres casinos. Prisés des touristes de Chine continentale, ils constituent de véritables poumons économiques pour ce territoire autonome chinois situé non loin de Hong Kong.
Plus généralement, l’économie chinoise pourrait être durablement plombée. De nombreuses entreprises ont été contraintes de fermer, l’activité touristique est ralentie et la production de nombreuses firmes internationales a été affectée.
Le gouvernement avait octroyé trois jours de congés supplémentaires dans l’espoir de retarder le retour vers les villes des centaines de millions de travailleurs migrants rentrés dans leur province pendant le Nouvel An lunaire.
De nombreuses métropoles, parmi lesquelles Shanghai, ont appelé les entreprises à cesser leurs activités une semaine de plus, cependant que des écoles et des universités ont retardé la reprise des cours.
Les Bourses de Chine continentale ont toutefois nettement rebondi mardi, au lendemain d’un spectaculaire plongeon, rassurées par les mesures de la banque centrale pour contenir l’impact économique de l’épidémie. Les Bourses européennes se sont aussi reprises.
L’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) a cependant engagé des discussions avec la Russie sur de nouvelles baisses de production pour enrayer la chute des cours du brut, qui ont plongé de 20% en moins d’un mois en raison des inquiétudes provoquées par le coronavirus pour l’économie mondiale.