Si l’état des droits de la personne s’est amélioré depuis les dernières décennies dans les Amériques, la montée de la droite populiste et des affrontements violents de plus en plus généralisés mettent en péril ces accomplissements, selon ce que rapporte Amnistie internationale.
«Presque 70% des défenseurs des droits humains tués cette année dans le monde l’ont été dans les Amériques, particulièrement en Amérique du Sud», souligne France-Isabelle Langlois, directrice générale d’Amnistie internationale Canada.
L’organisme présente aujourd’hui son rapport annuel sur les droits humains dans les Amériques. Plusieurs faits inquiétants sont relayés dans le document.
Par exemple, plus de 200 morts ont été dénombrés lors de manifestations en Haïti, au Venezuela, en Bolivie, au Chili, en Équateur et au Honduras. Ce fut aussi une année extrêmement violente au Mexique, la pire de toute son histoire moderne, avec 35 558 homicides recensés en 2019.
«Avec la chute des gouvernements dictatoriaux, tels que celui du général Pinochet au Chili, on s’attendait à une montée de la démocratie dans années 2000. Mais force est de constater que, depuis les cinq dernières années, il y a une résurgence des partis de droite populistes qui remettent en question l’état de droit et qui font appel à la violence», affirme Mme Langlois.
Situation explosive au Venezuela
Un des pays les plus touchés par cette instabilité politique est sans doute le Venezuela, dont le gouvernement traverse une crise de légitimité depuis 2019.
«La situation est polarisée et explosive. Il y a des manifestations pro et anti gouvernement très violentes et les deux factions ne sont pas capables d’atteindre un consensus», insiste la directrice générale d’Amnistie internationale.
L’organisme rapporte que le pays est le plus violent d’Amérique latine et des Caraïbes, avec un taux d’homicides de 60,3 pour 100 000 habitants.
De plus, près de 4,8 millions de Vénézuéliens ont quitté le pays, principalement depuis 2015, dans ce qui est désormais la plus grande crise des réfugiés au monde après la Syrie.
«Le plus grand danger que les réfugiés connaissent, c’est le manque d’accès à des soins de santé», dit Gabi J. Garcia, présidente et fondatrice du Groupe de la fondation pour l’engagement vénézuélien, un organisme présent au Canada, aux États-Unis et en Europe.
Selon cette dernière, le tiers des personnes qui résident encore au Venezuela n’ont pas les moyens de se procurer une alimentation quotidienne.
Mme Garcia souhaite que le processus d’immigration au Canada soit facilité pour les réfugiés, puisque près de 80% de ceux-ci se verraient refuser le statut, selon elle.
«De façon générale, il est très difficile d’être réfugié au Canada. Si on est plus ouvert politiquement à leur présence, du point de vue administratif c’est encore un parcours du combattant», renchéri Mme Langlois.
En août 2019, le gouvernement canadien a décidé de reconnaître les passeports expirés depuis moins de cinq ans de détenteurs vénézuéliens afin de faciliter leur demande de visa au pays.
Depuis 2017, le Canada a fourni plus de 55 millions de dollars en aide humanitaire, en aide à la stabilisation et au développement, en vue de répondre aux effets de la crise au Venezuela.