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L’OMS ne veut pas «politiser le virus» après les critiques de Trump

L'OMS ne veut pas «politiser le virus» après les critiques de Trump

Donald Trump

Rédaction - Agence France-Presse

L’OMS, accusée par le président américain Donald Trump d’être trop proche de la Chine et de mal gérer la pandémie, a dénoncé une «politisation» de la crise, appelant Pékin et Washington à s’unir pour combattre le virus.

«Ne politisez pas le virus. Pas besoin d’utiliser le Covid pour marquer des points politiques», a lancé au cours d’une conférence de presse virtuelle Tedros Adhanom Ghebreyesus, interrogé par un journaliste sur les accusations portées mardi par Donald Trump.

«Vous avez beaucoup d’autres moyens de faire vos preuves», a ajouté ce fin diplomate, ancien ministre des Affaires étrangères de l’Ethiopie, appelant à ne pas «jouer avec le feu».

«S’il vous plaît, mettez en quarantaine la politisation du Covid», a-t-il dit. «Nous ne faisons pas de politique à l’OMS».

Le président Trump s’est emporté mardi contre l’OMS, jugée trop proche à ses yeux de Pékin, lors de son point de presse quotidien depuis la Maison-Blanche. «Tout semble très favorable à la Chine, ce n’est pas acceptable», a-t-il déclaré.

M. Trump a notamment critiqué la décision de l’OMS de se prononcer contre la fermeture des frontières aux personnes provenant de Chine au début de l’épidémie.

«L’OMS s’est vraiment plantée», a-t-il écrit dans un tweet.

Trump agacé par le gestion de l’OMS

Le 10 janvier, un jour avant le premier décès en Chine, l’OMS, indiquant qu’une enquête préliminaire suggérait qu’«il n’y a pas de transmission interhumaine significative», avait déconseillé d’appliquer à la Chine des restrictions aux voyages ou aux échanges commerciaux et ne recommandant «aucune mesure sanitaire particulière pour les voyageurs».

Ce n’est que fin janvier, lorsque les premières contaminations hors de Chine étaient signalées, que l’agence de l’ONU a parlé de dépistage dans les aéroports.

Dans ses dernières recommandations concernant le trafic international, publiées fin février, l’organisation déconseille toujours d’appliquer des restrictions mais reconnaît que «dans certaines circonstances», les mesures qui limitent la circulation des personnes peuvent s’avérer temporairement utiles.

Agacé par la gestion de l’OMS, le président Trump a menacé de suspendre le financement américain à l’agence onusienne, dont les États-Unis sont le principal contributeur.

Le directeur général de l’OMS a quant à lui remercié mercredi les Etats-Unis pour leur «généreux soutien» contre la pandémie, mais a appelé le monde à «rassembler son énergie».

«Les États-Unis et la Chine devraient s’unir pour combattre ce dangereux ennemi», a en particulier relevé M. Tedros, qui a reçu le soutien de nombreux dirigeants africains depuis les déclarations acrimonieuses de Donald Trump.

L’OMS se défend

«Battons-nous comme des diables pour supprimer et contrôler ce virus. Il est dangereux. Nous avons besoin d’unité», a affirmé Tedros Adhanom Ghebreyesus.

«Ne continuons pas à jouer avec le feu» face à un virus qui progresse «de façon exponentielle», a-t-il insisté, alors que le bilan de la pandémie approche la barre des 100 000 décès dans le monde.

L’OMS, critiquée dans le passé pour avoir surréagi ou été trop laxiste lors de grandes épidémies, a été accusé cette fois d’avoir tardé à alerter et d’avoir tergiversé avant de qualifier la situation de pandémie, afin de ne pas froisser Pékin.

Mercredi, le patron de l’OMS a accusé les journalistes qui lui reprochaient d’avoir été influencé par la Chine de «jeter de l’huile sur le feu», et assuré que son organisation était «proche de toutes les nations».

Il a également assuré que son équipe travaille «jour et nuit» pour combattre le virus et a défendu son bilan, détaillant toutes les mesures et recommandations prises par l’agence spécialisée de l’ONU depuis début janvier.

Plus de trois mois depuis le début de l’épidémie, Tedros Adhanom Ghebreyesus, qui s’adresse aux médias trois fois par semaines, a assuré par ailleurs avoir reçu des attaques racistes et des menaces de mort, provenant notamment de Taïwan.

Taïwan a été exclue des principales institutions internationales sous la pression de la Chine, qui considère l’île autonome comme faisant partie de son territoire et menace de recourir à la force en cas de proclamation formelle de son indépendance.

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