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Le Hamas, entre le marteau et l’enclume

Elles se suivent et se ressemblent, les opérations militaires israéliennes pour en finir avec les tirs de roquettes palestiniennes. Elles éloignent toujours un peu plus le mirage d’une paix entre les deux «frères ennemis».

Cette fois cependant, la différence est de taille. Le Hamas, qui contrôle la bande de Gaza, est isolé. Totalement. L’Égypte, plongée dans ses crises internes, la Syrie, saignée à blanc par une guerre civile sans fin, et l’Iran, tracassée par le bourbier irakien, lui ont tourné le dos.

«L’actuel cycle de violences reflète le degré de désespoir de la direction du Hamas. Le mouvement est confronté à un double siège: celui d’Israël mais aussi celui de l’Égypte [qui lui a coupé les vivres]. Il doit choisir entre la mort en combattant ou une mort lente par la faim», estime Fawaz Gerges, professeur à la London School of Economics and Political Science (LSE), dans un échange de courriels.

Entre le marteau et l’enclume, le Hamas – proche des Frères musulmans égyptiens décapités par le général Fattah al-Sissi, le nouvel homme fort du Caire – a dû tendre la main à l’Autorité palestinienne, son adversaire de toujours qui «contrôle» la Cisjordanie occupée par Israël.

Mais la «réconciliation» entre les deux camps ne tient qu’à un fil. Elle fera long feu. Comme les précédentes. Surtout avec l’actuelle opération israélienne Bordure protectrice, précédée par Pluies d’été (2006), Plomb durci (2008-2009) et Pilier de défense (2012).

Sans compter ceci: l’Égypte du général Al-Sissi a jeté son dévolu sur l’Autorité palestinienne de Mahmoud Abbas avec l’espoir de la voir déloger le Hamas de Gaza.

Pour l’heure, le mouvement islamiste palestinien, né en 1987, est en train de «saigner à mort», explique le professeur Gerges, «surtout depuis que l’Égypte a détruit 90% des tunnels dans lesquels transitaient vivres, carburant et armes de ses frontières vers Gaza».

Bordure protectrice n’est sans doute pas une opération comme les autres devant se terminer par un autre cessez-le-feu et une autre «paix froide». Israël va-t-il chercher cette fois à se débarrasser pour de bon du Hamas?

C’est sans doute ce que souhaitent secrètement l’Égypte et même l’Autorité palestinienne, accusée de rester les bras croisés malgré ses hauts cris contre le «génocide» dans la bande de Gaza.

Néanmoins, conclut Fawaz Gerges, «une fois la poussière retombée sur le champ de bataille de Gaza, le défi majeur restera le même: conclure un accord politique entre Palestiniens et Israéliens pour que les deux vivent en paix et en sécurité.»

Le refrain est le même, mais c’est la seule solution pour mettre fin à un sujet toujours brûlant de l’actualité et qui, en dehors des deux camps, est suivi dans l’indifférence générale par une opinion publique internationale lassée, malgré quelques sursauts, par un interminable conflit.

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