DAMAS, Syrie — Des camions chargés d’aide humanitaire sont attendus au cours des prochaines heures dans cinq régions assiégées en Syrie.
Un dirigeant russe a indiqué que ces convois représentent une première concrétisation de l’accord intervenu entre les leaders de la planète la semaine dernière, à Munich.
L’émissaire onusien Staffan de Mistura tente d’obtenir la livraison d’aide humanitaire dans l’espoir de relancer les pourparlers de paix avant la fin du mois de février. Ses efforts sont toutefois assombris par la violence des combats dans la région d’Alep, dans le nord du pays, où différentes factions se disputent un corridor qui relie la plus grande ville de Syrie à la frontière avec la Turquie.
Les combats à Alep et l’absence de progrès sur le plan humanitaire ont entraîné l’effondrement de pourparlers indirects entre le régime syrien et ses adversaires à Genève, plus tôt ce mois-ci.
Les États-Unis, la Russie et d’autres puissances mondiales ont convenu la semaine dernière de mettre fin aux hostilités d’ici une semaine. Ils se sont aussi entendus sur le ravitaillement d’urgence des zones assiégées et sur une reprise des négociations à Genève.
Le ministre adjoint des Affaires étrangères de la Russie, Gennadi Gatilov, a déclaré mercredi que “la mise en place des accords de Munich sur un réglement en Syrie a débuté”. Il a ensuite ajouté qu’un groupe de travail sur l’accès humanitaire aux villes assiégées s’est rencontré une première fois et se réunira de nouveau jeudi. Il sera à ce moment question de la logistique entourant la livraison de l’aide.
“Il est important de rappeler que le gouvernement syrien a officiellement déclaré qu’il autorisera l’accès à sept villes assiégées”, a dit le ministre Gatilov, selon ce que rapporte l’agence Interfax.
En dépit des relations tendues entre le régime syrien et M. de Mistura, une centaine de camions sont partis mercredi de Damas, dans l’espoir de pouvoir rejoindre les villes assiégées de Madaya, Zabadani et Moadamiyeh, près de la capitale. De l’aide serait aussi destinée à deux villes assiégées par les rebelles dans la province d’Idlib, dans le nord du pays.
Une équipe de l’Associated Press a plus tard vu 24 camions s’approcher de Madaya et un convoi de 35 camions s’apprêtait à entrer dans le quartier de Moadamiyeh. Une clinique médicale mobile du Croissant-Rouge syrien est aussi arrivée à Madaya pour soigner les civils blessés.
Ce convoi représente une troisième mission humanitaire après deux opérations similaires le mois dernier.
Le ministre Gatilov a aussi balayé du revers de la main la zone d’exclusion aérienne que propose de créer au-dessus de la Syrie la chancelière allemande Angela Merkel depuis le début de la semaine, en déclarant que cette mesure nécessiterait l’accord de Damas et du Conseil de sécurité des Nations unies.
“Il serait utile que nous ayons en Syrie une zone que personne ne pourrait bombarder”, a dit Mme Merkel.
Washington s’oppose aussi à cette zone d’exclusion puisque cela pourrait entraîner les forces américaines encore plus profondément dans la crise syrienne. Sa mise en place est aussi devenue nettement plus complexe depuis que Moscou a lancé une campagne aérienne en Syrie.
L’idée d’une zone d’exclusion a fréquemment été proposée par la Turquie et d’autres acteurs dans ce conflit, puisqu’elle pourrait potentiellement assurer la sécurité de dizaines de milliers de personnes.
“(États-Unis), vous avez dit ’non’ à la zone d’exclusion aérienne, a reproché mercredi le président turc Recep Tayyip Erdogan. Et maintenant, les avions russes font la pluie et le beau temps dans la région, et des dizaines de milliers de civils meurent. N’étions-nous pourtant pas les forces de la coalition? Ne devions-nous pas agir ensemble?”
L’ONU estime que quelque 500 000 personnes sont coincées dans 18 villes assiégées en Syrie, mais certaines organisations humanitaires lui reprochent de sous-estimer la situation et évoquent plutôt quelque 4,5 millions de personnes prises aux piège.
