Après 50 ans de recherche, William Dement, éminent chercheur spécialiste du sommeil à l’université de Stanford, aurait déclaré que la seule explication solide qu’il connaisse pour justifier pourquoi nous dormons est «parce que nous avons sommeil». Y a-t-il une «bonne» façon de dormir? Éléments de réponse avec Christian Moro et Charlotte Phelps de la Bond University.
ANALYSE – Même si le sommeil est, pour reprendre les termes d’un autre chercheur, « le seul comportement important dont on ignore la fonction », il est manifestement essentiel pour la santé et le bien-être.
Mais nous y prenons-nous bien ? Que dit la recherche sur les positions de sommeil ? Existe-t-il une meilleure position pour dormir ?
La majorité des gens préfèrent dormir sur le côté. C’est une bonne nouvelle, car les personnes qui se couchent sur le dos sont plus susceptibles de mal dormir ou d’avoir des difficultés respiratoires.
Nous bougeons généralement beaucoup pendant la nuit. Une étude menée auprès de 664 personnes a révélé qu’en moyenne, les participants passaient environ 54 % de leur temps au lit sur le côté, environ 37 % sur le dos et environ 7 % sur le ventre.
Les hommes (en particulier ceux qui ont moins de 35 ans) ont tendance à être plus agités, à changer plus souvent de position et à effectuer plus de mouvements des bras, des cuisses et du haut du dos pendant la nuit.
Ce n’est pas forcément mauvais, car on considère que c’est une bonne chose de bouger au cours de la nuit.
Quand on dort, le corps détecte toute douleur ou gêne et adapte sa position en conséquence. Cela nous permet d’éviter de contracter des escarres (ou plaies de pression) au quotidien.
Si vous constatez que vous ne pouvez pas vous mouvoir parce que votre conjoint (ou votre chien) prend trop de place, songez à changer de côté ou à vous procurer un plus grand lit.
Et ne serrez pas trop vos draps autour de vous, laissez-vous de l’espace pour bouger de chaque côté.
Le confort est primordial. Il n’existe pas de recherche fiable fournissant des réponses claires sur ce que serait « une position de sommeil optimale ». L’âge, le poids, l’environnement, les activités que l’on pratique et le fait qu’on soit ou non enceinte jouent un rôle dans le choix de la position de sommeil la mieux adaptée pour le corps.
Dans l’idéal, il faut s’installer de façon à passer une bonne nuit et à éviter de se réveiller endolori.
Quelle que soit notre position préférée, certaines versions sont meilleures que d’autres. Une étude a démontré que les personnes qui dormaient dans une position avec torsion de la colonne vertébrale (comme la position latérale sans soutien), se réveillaient avec plus de douleurs le matin.
Néanmoins, bien que certaines positions latérales puissent engendrer une certaine charge sur la colonne vertébrale, il semble que celles-ci constituent, en général, un meilleur choix que les autres options.
Choisir son oreiller
Un bon oreiller est essentiel pour une bonne nuit de sommeil.
On a constaté qu’un manque de soutien pour la tête et la nuque avait un impact important sur l’alignement de la colonne vertébrale et engendrait des problèmes musculaires tels que douleurs au niveau du cou et des épaules ainsi que raideurs musculaires.
Le matériau dont l’oreiller est fait ne semble pas avoir d’incidence sur la colonne vertébrale. Ce qui compte, c’est plutôt sa forme et sa hauteur. Un oreiller en forme de U peut contribuer à allonger les heures de sommeil, et un oreiller en forme de rouleau peut réduire les douleurs matinales et nocturnes chez les personnes souffrant de douleurs chroniques.
Malheureusement, la recherche n’a pas réussi à statuer sur ce que constituait un matelas optimal. Chaque personne ayant sa façon de dormir, il serait difficile de comparer les résultats à long terme.
Il existe toutefois de mauvais matelas. Si votre lit s’affaisse, a perdu sa fermeté, comporte des ressorts bruyants ou présente des signes évidents d’usure, envisagez de changer de matelas.
Retourner son matelas peut contribuer à sa longévité et améliorer son confort. Cette opération doit être effectuée au moins une à deux fois par an.
Autres conseils pour un sommeil réparateur
Réglez la température ambiante pour qu’elle soit plutôt fraîche. La température idéale pour le sommeil est de 18,3 °C (de 15 à 19 °C) ; des températures plus élevées peuvent affecter le sommeil.
Faites en sorte que l’air circule dans la pièce. En plus d’apporter de l’air neuf, cela permet d’évacuer la chaleur accumulée et de rester au frais pendant la nuit.
Certains médicaments, comme des antihistaminiques, peuvent faciliter l’endormissement. En revanche, les stimulants tels que la caféine peuvent affecter considérablement la qualité du sommeil.
Pour conclure, ne vous couchez pas avec la vessie pleine, car le fait de devoir vous lever la nuit pour aller aux toilettes peut affecter votre sommeil.