Le tracé du Réseau express métropolitain (REM) de l’Est n’est pas celui qui convient le mieux à la croissance inclusive, selon deux professeurs de McGill. Ils jugent que le trajet du projet de la ligne rose, qui fut mis de côté pour favoriser le REM, contribue davantage à l’accessibilité dans les quartiers à faibles revenus.
Menée par Sébastien Breau et Kevin Manaugh, l’étude s’articule autour d’une carte de Montréal établie en fonction des revenus. Les différents tracés y sont dessinés avec une zone représentant le rayon d’accessibilité piétonne aux différentes stations des projets.
Les secteurs les plus importants à observer sont ceux en rouge et en bleu foncé, qui représentent respectivement les endroits avec des revenus élevés et faibles. Les couleurs pâles, explique M. Breau en entrevue avec Métro, sont en quelque sorte des anomalies statistiques.
Selon l’analyse des deux professeurs, 30% des quartiers à faibles revenus profiteraient de stations à proximité grâce au tracé de la ligne rose, contre 21% pour le REM. De plus, ils ont aussi conclu que 36% des zones d’accès à pied autour des stations de la ligne rose seraient dans des zones de faible revenu, contre 25% pour le REM. L’avantage de la ligne rose provient entre autres des arrondissements de Villeray–Saint-Michel–Parc-Extension et de Montréal-Nord.
À travers cette recherche, les professeurs voulaient rappeler «qu’il faut aussi penser à la question de l’accessibilité pour les quartiers qui sont à faibles revenus comme un outil de politique de développement social à plus long terme», explique M. Breau. Celui-ci considère que le débat porte trop souvent sur le genre de construction et l’esthétisme d’un projet, plutôt que sur les populations qu’il vient servir.
La proximité aux transports en commun, explique-t-il, est importante, car «la littérature montre qu’elle permet une meilleure accessibilité aux emplois dans certains secteurs de la ville, à un bon niveau de soins de santé et à une meilleure éducation».
Les enjeux d’accessibilité étant les seuls visés par cette étude, les questions liées aux coûts et à la conception des projets n’ont pas été prises en compte. L’impact que de nouvelles stations peuvent avoir sur l’embourgeoisement de certains secteurs n’a pas non plus été évalué.