L’auteur-compositeur-interprète Stromae réalise un autre grand coup d’éclat avec son dernier vidéoclip intitulé Carmen où il verse dans la critique acerbe de la relation qu’ont les humains avec les médias sociaux. Paroles illustrées par Sylvain Chomet (Les triplettes de Belleville, L’Illusioniste) on y voit un Stromae affublé d’un oiseau bleu comme « animal de compagnie », incarnation sans aucune subtilité de l’emblème de Twitter. Le clip débute avec un selfie en apparence innocent. Au fur et à mesure de sa lecture, les paroles et dessins expriment le rapport malsain que nous entretenons avec les médias sociaux, dont la recherche constante du « like » et du « love ».
Manger dans la main qui nous nourrit
Le plus ironique de la situation – ironie habilement orchestrée – c’est que les illustrations de ce videoclip ont d’abord été publiées sous forme de teaser pour lancer le nouveau compte Instagram de Stromae. C’est Buzzfeed US, site de divertissement fort populaire – aussi critiqué pour son contenu à calories vides – qui a eu l’exclusivité 24 heures avant sa diffusion officielle.
Mon entourage me demandait comment avais-je reçu cette nouvelle sortie de Stromae. À sa première vue, je vous avoue avoir ressenti un certain malaise. Étais-je aussi « fêlée » que ce que dénonce ses paroles? Je ne crois pas non, mais la ligne peut être mince. Je pense constamment à ma façon d’articuler ma présence sociale, essayant de doser entre le « branding personnel » et l’intérêt que pourraient porter mes amis-abonnés-lecteurs à mes propos. Est-ce que la société est réellement rendue à la selle de l’expression égocentrique nourrie par les médias sociaux, comme l’image du vidéoclip où l’oiseau devient plus gros que Stromae et finit par le porter?
Prends garde à toi et à tous ceux qui vous likent, les sourires en plastique sont souvent des coups de hashtags.
Je ne peux que saluer la vive intelligence et la vivacité d’esprit du grand Stromae qui encore une fois arrivent à se démarquer par des prestations hors de l’ordinaire, vibrantes, qui secouent comme un électro-choc.