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La croissance du soccer au Québec est liée à l’essor de l’Impact depuis 25 ans

Peter Mccabe / La Presse Canadienne

Alexis Bélanger-Champagne - La Presse Canadienne

MONTRÉAL — L’Impact de Montréal célèbre cette semaine le 25e anniversaire de ses débuts et si l’équipe a survécu à quelques tempêtes pendant ce quart de siècle, son enracinement dans la culture locale correspond aussi à une période d’essor pour le soccer au Québec.

Après les échecs pour diverses raisons de l’Olympique, du Manic et du Supra, l’Impact a vu le jour en décembre 1992 et a disputé un premier match dans l’American Professional Soccer League (APSL) le 14 mai 1993. Il a rencontré ses partisans pour la première fois le 21 mai 1993 lors d’une victoire de 4-2 face aux Rowdies de Tampa Bay.

Depuis cette époque, la Fédération de soccer du Québec a connu une croissance spectaculaire. Alors qu’on ne comptait que 33 128 joueurs et joueuses au sein de la fédération en 1980, ce chiffre gonflera à 59 136 en 1990 avant un boom pour passer à 128 388 en 2000. Si le nombre de membres a stagné depuis quelques années, il se situait quand même à 179 661 l’été dernier, soit environ trois fois plus que lors des débuts de l’Impact.

«On peut regarder ça comme l’oeuf et la poule, a noté Francis Millien, qui est associé au développement du soccer à Montréal depuis les années 1970 et qui est présentement président de l’Association régionale de Soccer Concordia. Le soccer a grossi et permis à l’Impact de se positionner. Et l’Impact, en se positionnant, a permis au soccer de continuer à progresser.

«Je pense qu’il faut reconnaître les bienfaits de l’un envers l’autre et vice-versa.»

De ses débuts modestes en APSL jusqu’à son arrivée en Major League Soccer (MLS) en 2012, le parcours de l’Impact n’a pas toujours été facile. Il y a eu un détour vers le soccer en salle à la fin des années 1990 et l’équipe s’est retrouvée sous la tutelle de la A-League en 2001 en raison du retrait des investisseurs. Le retour de Joey Saputo à la barre de l’équipe à l’automne 2001 amorcera la progression de l’Impact qui mènera éventuellement à son transfert dans la ligue la plus prestigieuse en Amérique du Nord.

«Il y a d’abord eu un noyau local, autant sur le terrain que dans l’encadrement technique, qui a permis à l’Impact de se développer, a noté Millien. Petit à petit, des ressources se sont ajoutées pour lui donner plus de qualité et de crédibilité. Comme toute nouvelle organisation, il y a eu des hauts et des bas, des difficultés financières ou autres, jusqu’au moment où la famille Saputo a décidé de vraiment s’investir totalement et de faire le pas vers la MLS. À ce moment-là, l’Impact s’est donné une assurance de vie à long terme.»

En mars 2010, l’Impact s’est doté d’une académie pour faire grandir une portion du talent local dans un environnement professionnel et dans l’espoir de former des joueurs pour la première équipe. La transformation de la Caserne Létourneux en centre d’entraînement ouvert officiellement en 2016 a aussi permis à l’Impact de regrouper l’ensemble de son organisation sous le même toit. On peut y voir des jeunes de tous les âges s’entraîner à quelques pas des Ignacio Piatti, Rod Fanni et Evan Bush.

Une dizaine de joueurs ayant fait partie de l’Académie de l’Impact ont depuis porté les couleurs de l’équipe. Cependant, c’est peut-être à ce niveau que la dynamique entre l’Impact et le développement du soccer touche une corde sensible du côté des associations locales.

«L’Impact s’est accaparé du développement qui était déjà fait, plus ou moins bien, par d’autres structures, qu’elles soient provinciales, régionales ou même municipales, a mentionné Millien, qui fait partie du conseil d’administration de la Fédération de soccer du Québec.

«Est-ce que ça aurait pu se faire en collaboration? Peut-être que oui, peut-être un peu plus. Si l’Impact veut faire les choses à sa façon, c’est certain que ça génère des petits conflits à ce niveau-là — sur la perspective que les gens ont du rôle de l’Impact, d’une équipe professionnelle, et le rôle que peuvent avoir les autres associations et le service au membre et le développement de la discipline dans leur ville, leur province et leur pays.»

Millien reconnaît toutefois qu’il est plus facile pour un jeune d’accéder à un niveau intéressant aujourd’hui qu’il y a 25 ans, et encore plus quand on remonte aux années 1960 et 1970. Après tout, il y a plus de 5800 terrains de soccer disponibles dans les parcs et les différents complexes du Québec.

«Je le dis un peu à la blague, mais si nous avions eu le même support de structures de développement, d’installations de soccer intérieur, et avec le coeur et l’engouement que nous avions, nous aurions été champions du monde», a raconté Millien en éclatant de rire.

Et c’est en partie grâce à l’Impact et au développement du soccer québécois que des jeunes d’ici peuvent rêver de jouer avec le Bleu-blanc-noir ou en Europe et qui sait, peut-être de participer un jour à la Coupe du monde.

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